dimanche 24 mai 2020

Possibilités

Aujourd'hui, Nawimba emmène les enfants chez ses parents. Pour la première fois depuis 10 jours avant le confinement, je vais être seule à la maison pendant plusieurs heures. Qu'est-ce que je vais choisir de faire? faire du ménage? du jardinage? ranger? travailler? dormir? Tant de possibilités, si peu de temps!

La môme est en mode super-grande depuis ce matin. Je suis allée coucher le bébé pour une petite sieste, et en redescendant, je l'ai trouvée au pied de l'escalier, elle avait "tout préparé pour aller chez Papy et Mamie":

Tout est prêt!, mai 2020

Elle est autant dans les starting blocks que moi!

jeudi 21 mai 2020

Rêves

Le Moineau a pris l'habitude de nous raconter ses rêves (en général peuplés par ses amis imaginaires et autres personnages de films et de livres) dès son lever. Je voudrais les enregistrer, y a vraiment des perles. Avant-hier, elle avait rêvé du Virus. Il était tout vert et tout petit "comme le cœur de Te Fiti" (dans Vaiana).

Le coeur de Te Fiti dans les mains de Vaiana, mai 2020

Le virus était une fille, et elle était copine avec le bureau du Moineau. Le virus n'avait (évidemment) pas de bouche pour parler, alors c'était le bureau qui lui avait révélé cette amitié. Le bureau n'a pas de bouche non plus, mais il a des poumons magiques qui faisaient comme des tatouages et qui racontent des trucs. Le virus avait également un papa, qui était mort, parce qu'il ne mangeait rien, se privait de tout pour tout donner à sa fille.

Ce matin, elle a de nouveau rêvé de personnages Disney. Ce coup-ci, c'était Anna (de la Reine des neiges) qui était devenue méchante, et faisait peur à Elsa. Elle était méchante parce qu'elle avait rencontré un canard. J'ai demandé des précisions: en fait, c'était plus spécifiquement à cause d'un os de canard magique (l'os, pas le canard). Et à la fin, elle remettait l'os dans la peau du canard, et elle redevenait gentille.. J'ai demandé ce qu'elle, le Moineau, faisait dans l'histoire, elle m'a dit "Ben non, moi je dormais, j'étais pas dans l'histoire". Logique.

Cette gamine est exactement comme son père: des histoires plein la tête, toujours renouvelées. Ils ont une capacité qui m'épate à remodeler les intrigues, à faire des liens entre les personnages, à rebrasser, remélanger les structures narratives. Pour les amis imaginaires, c'est pareil, ils sont exactement sur le même modèle. Là par exemple, il s'est éclaté à faire un tournoi des héroïnes et héros de l'antiquité greco-latine sur Twitter, et pendant plusieurs jours, on a vraiment vécu avec Hercule, et Cadmos, et Penthesilée (en plus de la tripotée de potes invisibles du Moineau)...

J'en suis à me demander si on devrait pas encore prévoir une ou deux pièces de plus que ce qu'on avait pensé, dans notre prochaine maison, pour loger tout ce beau monde.

samedi 16 mai 2020

Mensiversaire

L'Etourneau a 7 mois aujourd'hui. C'est toujours un bébé rigolu et de bonne composition, attentif et curieux. Il est très tonique, gigote beaucoup et donne de mémorables coups de pieds (aië) dans tout ce qu'il peut (si on le met devant un ballon, il shoote dedans de bon coeur, par exemple..). Il se retourne du dos vers le ventre, et du ventre vers le dos, et depuis quelques jours, il fait des abdominaux en soulevant la tête et les jambes pendant 4-5 secondes, avec l'air concentré d'un sportif de haut niveau (encouragé par sa sœur qui lui crie "Aaallez, les HHHabdominaux!")

Il a une bouille toute ronde, des grands yeux bleus-gris et des cils très longs ("un beau ramasse-miette", comme a dit ma frangine..). Et pas beaucoup de cheveux sur le caillou, mon petit crane chauve.

Il n'a qu'une dent, et mais s'en sert bien volontiers (re-aïe). Il est diversifié depuis trois mois et marque déjà bien ses préférences. Il aime le poireau, le pruneau, et la pomme qui sent le cramé (ai-je laissé brûler une casserole il y a dix jours en faisant de la compote? peut-être...), mais pas beaucoup le cœur d'artichaut et les champignons de Paris.

Il papote beaucoup, a toute une variété de bruits de bouches et de modulations de la voix. Il dit "Papa" à destination de son père (mais je me demande s'il essaye pas avec moi aussi, parfois, il a ptet pas encore bien compris que ça ne concernait qu'une personne..), et un truc qui pourrait être le surnom de sa sœur. Il a un super sens de l'humour, beaucoup moins basé sur la répétition que la plupart des bébés que j'ai connus. Il aime la surprise, et rigole des trucs nouveaux, mais faut pas essayer de lui faire la même grimace plus de 5 minutes. Ça nous oblige à être inventifs (oui, "oblige", parce que faire rire un bébé, c'est le plus grand plaisir du monde entier.).

Il fait des calins avec la main, et depuis longtemps, des bisous. Enfin.. il me choppe la tête par les oreilles et se précipite la bouche grande ouverte et la langue sortie pour se frotter sur ma joue, ou sur ce qui se trouve sur son chemin, disons (et la sensation est différente de quand il veut téter, où il lui arrive de faire la même chose et de téter ma joue, ce qui est très désagréable). Il aime jouer avec mes cheveux, sa petite main sur ma nuque, et il aime tirer les poils de barbe de son père. Il lui vole aussi ses lunettes, et proteste énergiquement si on a le culot de les lui reprendre. Il mange les pantoufles qu'il arrive à choper.

Il dort depuis quelques semaines dans sa chambre, avec sa sœur. La transition a été compliquée, et le confinement nous a permis de le faire sans être trop explosés par les mauvaises nuits. Il se réveille toujours au moins une fois dans la nuit, parfois plus. Je repense souvent à une formule d'une copine, qui disait de son fils qu'il était "la lumière de nos jours, et une sirène dans nos nuits".

Je suis un peu inquiète de comment se passera le retour à la normale dans quelques mois, vu qu'il ne va sans doute pas retourner chez la nounou avant septembre. Mais ces quelques mois entre nous sont l'occasion de profiter de sa toute petite enfance à fond, et je ne m'en lasse pas. Ses premiers mots seront pour nous, ses premiers déplacements aussi, peut-être même ses premiers pas s'il les fait un peu tôt (le Moineau s'est planquée de nous pendant un mois et demi. On avait des gens qui nous disaient "je l'ai vue marcher", mais elle voulait pas le faire devant nous... Petit chameau.). C'est, sauf changement de plan improbable, notre dernier bébé, et on emmagasine les souvenirs. J'aime les bébés et les enfants à tous les âges, mais ces premiers mois, ça fera, c'est sûr, de la nostalgie...

mardi 12 mai 2020

Mon jardin de printemps

Confinement oblige, j'ai passé beaucoup plus de temps que d'habitude en début de printemps dans mon jardin. Je n'ai pas pu faire tellement plus de choses (parce que, pour le meilleur et pour le pire, je ne suis pas confinée seule, voyez vous...) en termes de petits et grands travaux, mais j'ai eu le loisir de regarder pousser les plantes, éclore les fleurs, et tout le bazar :) Ca m'a consolée un peu de ne pas pouvoir profiter du printemps pour voir les glycines, les arbres de Judée, les chorètes du japon fleurir dans mon quartier..

Alors voilà, des ptits bouts de mon jardin, pris avec mon téléphone qui fait pas des très bonnes photos (ou alors c'est moi, c'est possible aussi). Je me rends compte que je n'ai pas pris de photos des roses, ni de la monstro-vigne, ni de belles photos de l'énorme coussin de campanule sous la belle sauge en fleurs.. On les aperçoit sur la photo avec une vue d'ensemble, mais on ne les voit pas très bien...Ce sera pour le coup d'après :)



Jacinthes sauvages, mai 2020


Sous le pommier, mai 2020

Pommier en fleurs.jpg, mai 2020

vue d'ensemble du jardin.jpg, mai 2020

Fleur de bourrache.jpg, mai 2020
Petit céanothe deviendra grand.jpg, mai 2020
Seringat.jpg, mai 2020

jeudi 7 mai 2020

Petits plaisirs, petits bonheurs

La nuit dernière: la respiration profonde, légèrement décalée, de mes deux enfants, à la fin de la tétée de l'Etourneau. La grande à gauche de mon oreille, le petit dans mes bras.

En fin de matinée: le message bienveillant de mon psy, en réponse au mien annonçant que je ne reprendrai pas les séances d'analyse avant septembre, parce que j'ai besoin de sérénité.

En milieu d'après-midi: le mail d'encouragements et de remerciements écrit à la vice-présidente Formation de ma fac. Ca fait un moment que je voulais lui dire combien je leur étais reconnaissante, à elle et à son équipe, du boulot qu'iels font depuis le début de la crise, de leur bienveillance, de leur écoute, et des décisions mesurées qu'ils prennent. Ca m'a fait plaisir de le lui écrire.

En fin d'après-midi: le don d'un gros carton de vêtements d'enfants et de grossesse au Laboratoire Ecologique Zéro déchet de Pantin. Ils font un énorme boulot de collecte pour des associations diverses, et en l'occurrence, ça devrait aller à Un petit bagage d'amour, qui aide les femmes enceintes et jeunes mères à la rue. C'est trop cool que toutes ces fringues servent au lieu de stagner ici, et ça fait de la place chez moi. Dans les vêtements de la naissance à 6 mois, il ne me reste plus que ce que je veux garder comme souvenir (et un petit sac à envoyer à mon frère d'ici quelques jours pour son bébé). Et toutes les fringues très-très fille pour les âges entre 6 mois et 3 ans sont partis aussi. De l'air, de l'air!

mardi 5 mai 2020

Ribambelle d'amis

Le Moineau a des amis imaginaires depuis un peu plus d'un an. La première est apparue pendant mon deuxième mois de grossesse, environ 3 semaines après qu'elle a compris (seule) qu'un deuxième bébé était en route. Et a presque magiquement réglé les crises que cette nouvelle avait fait naître. On se faisait juste un peu engueuler parce qu'on s'asseyait sur sa copine invisible. Cette première copine n'avait pas de nom, elle s'appelait "ma copine imaginaire". Un mois après, elle a été rejointe par un "copain imaginaire". Encore un mois après, il y a eu "David" (c'est le prénom d'un petit garçon qui avait été gardé avec elle quelques mois chez la nounou quand elle était toute bébé). Encore un mois après, Pikachu les a rejoints (je ne sais pas si Pikachu est un pokémon, ou un humain...).

Pendant un bon moment, elle est restée avec ces quatre là. David mourait régulièrement, et ressuscitait. La copine et le copain imaginaire avaient chacun un papa décédé (je me rappelle la première fois que le papa de la copine imaginaire est mort: le Moineau en sanglotait presque dans la rue. Top ambiance). La copine vivait avec nous, les autres rentraient chez eux le soir.

A l'entrée à l'école, les amis imaginaires se sont fait plus discrets. Moins besoin, sans doute, et puis les copains d'école fournissaient déjà bien suffisamment d'histoires et de questionnements. Après la naissance de l’Étourneau, un nouveau est apparu dans la bande: Mohamed (du nom d'un petit garçon qui dormait à côté d'elle au dortoir, mais qui n'était pas dans sa classe). David, lui, à ce moment, était définitivement mort. Mohamed est très vite devenu inséparable de Pikachu. Y avait d'ailleurs un truc marrant, dans cette paire, qui était reflétée par une paire de poupées: sa première poupée, qui s'appelait originellement "Poupée" s'est mise à s'appeler "Jeanne" (comme un personnage de Tchoupi), et une autre qui n'avait pas de nom s'est mise à s'appeler "Léa" (comme une petite fille de l'école qui souffle un peu le chaud et le froid, et change d'avis de minute en minute sur le degré d'amitié qu'elle entretient avec le Moineau). Donc y avait "Mohamed et Pikachu", et "Jeanne et Léa". A chaque fois, un personnage de fiction, et une personne réelle.

Au début du confinement, on en était là.

Et là, d'un coup... Elle s'est mise à intégrer à sa liste d'amis imaginaires TOUS les personnages féminins (et deux masculins) des films et dessins animés qu'elle voyait. Au rythme d'un film par semaine environ... Actuellement, si je ne me trompe, il y a:

  • Pikachu,
  • Mohammed,
  • Elsa,
  • Anna,
  • Vaiana,
  • Belle,
  • Chiita,
  • Satsuki,
  • Mei,
  • Kiki,
  • Heidi,
  • Peter,
  • Karl,
  • Teresa,
  • Clara.

Et puis Moriane et Mor-anne. Et la copine imaginaire, qui depuis quelque temps porte comme prénom le surnom du Moineau, au cas où on aurait pas pigé l'identification. (Plus de trace du copain anonyme, par contre). Comme elle éprouve le besoin d’égrener la liste toutes les trois phrases, je commence à bien les connaître. Ils sont princesses, sorcières, héros, enfants, adultes, morts ou vivants, mortels ou gentils.

Ils sont un peu multi-usages. Parfois, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une petite armée, qui la protège, et que c'est pour ça qu'elle éprouve le besoin de les lister et de les compter. Ça les consolide, peut-être. Elle m'a demandé si elle pouvait les emmener dans son lit à la sieste, tout à l'heure.

Parfois, ce sont des frères et sœurs. Elle m'a expliqué tout à l'heure, que c'était super, d'avoir plein de frères et sœurs imaginaires, qui ne sont pas petits comme l’Étourneau. Alors je me dis que ça lui sert à ne pas être seule entre nous (elle nous informe de temps en temps que nous sommes les parents de tout ce beau monde, je suis un peu submergée).

Parfois, ce sont des substituts de copains de classe. Pendant que j'écris, par exemple, elle est en train de faire un cours de gym avec toute la bande. Elle les fait passer groupe par groupe, elle leur fait faire des exercices de yoga ("et je veux voir personne baisser les jambes pendant 15 minutes! Et après on se redresse tran-quil-lement"). Tout à l'heure, ils faisaient tous l'étoile de mer sur le tapis, j'ai dû leur faire de la place en poussant tout ce qui gênait. Parfois ils sont plus ancrés dans leurs fictions spécifiques, et elle rejoue avec eux les scènes les plus périlleuses des films.

Ça m'attriste, parfois, parce que je vois bien qu'ils sont une réponse à quelque chose de souffrant, qu'on ne parvient pas à soulager de notre côté. Qu'on ne peut sans doute pas soulager, en fait. Et en même temps, je trouve ça malin, comme solution. Elle est résiliente, ma fille, comme beaucoup de gamins. Ptet qu'on devrait tous en prendre de la graine.

(Je viens de lui dire à l'oreille "je t'aime". Elle m'a demandé de le dire à tous les autres. J'ai dit qu'elle pouvait leur dire de ma part. Elle a murmuré "je t'aime de la part de maman", avant de m'annoncer: ils sont tous collés à ma bouche, ils ont entendu!).

dimanche 3 mai 2020

Du mauvais pied

Ce matin, réveil à 8h23, le bébé pleurait (première nuit entière passée dans la même chambre que sa soeur, moyennant deux interruptions-tétées, yay!).

A 10h04, j'ai pu prendre la première bouchée de mon petit déjeuner.

Entre temps, j'ai (ordre approximatif):

  • donné le sein à l'Etourneau
  • joué avec lui pendant que son père comatait à côté de nous,
  • levé le Moineau, dont la couche avait débordé
  • nettoyé la gamine
  • habillé la gamine
  • enlevé les draps de son lit
  • vidé la machine à laver d'hier, trié le linge qui va au sèche-linge et celui qui n'y va pas
  • lancé une lessive à 60° (non sans avoir remonté l'escalier parce que l'autre drap, dans lequel la couche avait débordé hier était dans le panier du haut).
  • étendu le linge
  • lancé le sèche-linge
  • lancé un lave-vaisselle (à tort, en fait, il était propre, juste pas vidé).
  • rapatrié près du lave-vaisselle toute la vaisselle qui restait encore dans la cuisine et dans la salle à manger
  • nettoyé un bout du plan de travail
  • préparer le chocolat du Moineau
  • préparé les boules à thé pour Nawimba et moi
  • essuyé les fesses de la gamine après son passage aux toilettes
  • nettoyé la table
  • vidé le lave-vaisselle avec Nawimba
  • rechargé le lave-vaisselle
  • mis la table du ptit déj
  • réussi à préparer mon demi pamplemousse (c'est pas que j'en avais super envie, mais on en a eu deux fois de suite dans les paniers de légumes commandés à Rungis, et personne d'autre n'aime ça dans la famille.
  • fait une première tartine au Moineau,
  • essayé de sauver un plant de tomate subclaquant en le ré-enterrant plus profondément dans son pot pour qu'il refasse des racines à partir de la tige
  • déplacé l'arche du bébé qui s'énervait pour voir si ça allait mieux avec un autre jouet
  • fait une deuxième tartine au Moineau.

Pendant ce temps, j'ai aussi:

  • réussi à aller pisser et m'habiller, quand même
  • lavé mes mains un nombre important de fois
  • shooté au moins trois fois dans les roues du caddie de courses qu'on ne peut pas ranger à cause du bordel qui s'entasse à sa place habituelle
  • rouspété et juré un nombre incalculable de fois
  • écouté, d'une oreille distraite mais légèrement envahie, le Moineau me raconter en boucle toutes les aventures nocturnes de l'ensemble de ses amis imaginaires, qu'elle éprouve le besoin de lister en entier à chaque phrase.

T'en foutrai, des "morning routines" épanouissantes qui te donne du peps et de la bonne humeur pour toute la journée.

Bon,c'est pas tout ça, je vais aller plier du linge, préparer des compotes pour le bébé, et mettre des boutons-pression aux bavoirs dont les scratchs sont fatigués.

samedi 2 mai 2020

Ira, ira pas?

Notre ville fait partie de celles concernées par cet article, qui indique que huit maires de Seine-Saint-Denis refusent de rouvrir les écoles maternelles et les crèches avant septembre. J'avoue qu'en l'apprenant, nous avons été plutôt soulagés, de ne pas avoir à décider si nous devions ou non renvoyer le Moineau à l'école dans quelques jours. Comme je l'écrivais sur Mastodon:

Spontanément j'aurais dit "non, c'est trop tôt". MAIS si je trouve qu'elle va trop mal à ce moment là, qu'elle a besoin de voir des gens, je pencherai sans doute plus vers le "oui". MAIS en même temps, j'estime qu'en Seine-Saint-Denis, on est vraiment pas prioritaires par rapport aux gens qui ont besoin de bosser pour pouvoir bouffer, ou aux gens qui virent dingues avec leurs mômes en appartement (on a un jardin, et je ne reprendrai pas les cours avant septembre). Donc ptet que je la garderai quand même au final. Je sais pas.

Pas de décision à prendre, donc. Et puis le soulagement aussi de pouvoir un peu plus se projeter dans la durée (je ne sais pas encore si Nawimba reprendra les cours, et si oui comment, et donc si je resterai à la maison seule avec les enfants ou non. Mais je sais au moins que les enfants sont chez nous, tous les deux, pour les 4 mois à venir (sauf renversement magistral de situation, pour la grande).

Cela dit, la maîtresse a demandé aujourd'hui sur le groupe whatsapp de la classe quels enfants reviendraient à l'école la semaine du 18. Apparemment, tant que la réponse du préfet n'est pas arrivée, ils font comme si les écoles allaient rouvrir. Sauf que bien sûr, ça va vouloir dire: masques pour la maîtresse et idéalement pour les petits (quand je dis "idéalement"... oui, bon, on se comprend, hein). Pas de contacts entre les enfants. Pas de temps de regroupement sur les bancs. Pas de jeux ensemble à la récré, pas de vélos, pas de toboggan. Des tables espacées dans la classe. Pas de coins "jeux" (sinon il faudrait tout pouvoir désinfecter tout le temps). Pas de cantine, je suppose. C'est au mieux irréalisable, et au pire, de la maltraitance psychologique. Ou l'inverse. (Je comprends bien qu'on ne puisse pas faire autrement et qu'il n'y a pas de bonnes solutions, hein. Juste, c'est nul.)

Donc voilà, même si l'école rouvre, elle n'ira pas. Pas dans ces conditions là. D'ailleurs le reste des parents est sur la même longueur d'onde. Très peu ont répondu que leurs enfants viendraient, pour l'instant. Je précise qu'évidemment, ce n'est pas toujours une question de choix: certaines personnes ne pourront pas faire autrement que de remettre leurs enfants à l'école. Mais pour nous, le seul avantage à l'y renvoyer était la sociabilisation. Si elle ne peut pas jouer, toucher, être proche de ses camarades... le jeu n'en vaut pas la chandelle.

Du coup on cherche des options. Peut-être va-t-on réessayer de proposer des appels en visio, même si les gamins de 4 ans ne sont pas très à l'aise avec cet outil... Peut-être, une fois que le confinement sera levé ou un peu adouci, pourra-t-on proposer à l'un ou l'autre des copains-copines du Moineau de venir faire des balades, dans la rue, en essayant que les gamins ne se touche pas trop trop, etc. Et puis une autre idée qui se fait jour depuis quelques jours, et qui a pris corps aujourd'hui. L'appartement à côté de notre rez-de-chaussée est occupé par une famille avec une petite fille, qui doit avoir un an de moins que le Moineau. On ne les connaît pas bien, notamment parce qu'ils ne parlent quasiment qu'espagnol (ils sont colombiens, il s'agit de la famille du frère d'un de nos voisins co-propriétaires, qu'on connait beaucoup mieux, pour le coup. Il les héberge chez lui depuis quelques mois, et loge chez sa copine, qui possède un autre studio dans la copropriété). On les entend, bien sûr, depuis qu'ils sont là, mais à part bonjour-bonsoir quand on se croisait dans la rue, on n'avait jamais vraiment entamé la discussion. Mais depuis quelques jours, la maman et la petite fille ont un rituel rigolo. Elles mettent un grand escabeau dans la cour pendant un quart d'heure en début de soirée, et se perchent ensemble sur la plus haute marche, pour regarder la rue. Et du coup, de chez nous, on voit leurs têtes dépasser au dessus de la barrière. Evidemment, ça a attiré l'attention du Moineau, qui s'est mise à avoir envie de les regarder sous différents angles (par les différentes fenêtres du rez de chaussée et du premier étage (la fenêtre de notre chambre surplombe leur cour..). J'ai essayé de freiner un peu en mode "c'est pas poli de regarder chez les gens", mais en fait, la curiosité du Moineau a fini par déclencher celle de l'autre petite fille, et ça a fait un peu boule de neige.

Du coup, quand j'ai croisé le regard de la dame tout à l'heure, j'ai fait coucou, et puis je suis sortie sur le pas de la porte avec ma fille, et on s'est toutes présentées. Et puis j'ai proposé que d'ici quelques jours, quand le déconfinement commencerait, la petite fille vienne jouer dans le jardin avec le Moineau. Ca me démangeait depuis quelques jours de leur proposer de profiter du jardin, mais je ne voyais pas trop comment garder ma fille dans la maison pendant que l'autre petite jouait. Le mieux est probablement qu'elles jouent quand même ensemble, et advienne que pourra. La maman m'a expliqué que sa petite avait repéré la maison en plastique du Moineau, et qu'elle avait très envie de venir dedans. J'ai aussi proposé de leur prêter une trottinette (mais elle en a déjà une). Donc d'ici dix jours, on devrait pouvoir mettre ça en route. Le truc marrant, c'est évidemment que C. ne parle qu'espagnol (et la maman ne parle pas bien français non plus). Ce soir, j'ai fait à peu près la traduction (je comprends à peu près, mais je ne suis pas du tout capable de parler plus que deux trois bribes, non plus), et le Moineau était un peu frustrée de ne pas comprendre.

Mais bon, on se refait pas, hein: j'ai proposé au Moineau de profiter des 10 jours qui viennent pour apprendre un peu d'espagnol. Je vais chercher une appli ou un site pour enfants, et hop. En plus, elle commençait à se plaindre un peu du "travail d'école". On va intégrer ça dans la palette des choses à faire "pour le travail", ça va passer comme une lettre à la poste. Tout à l'heure, pendant que je changeais le bébé, j'entendais Nawimba lui apprendre à dire en espagnol "tu veux aller aux toilettes?". Ce soir, elle était déjà en train d'imaginer: "Avec C., on pourra lire des livres! et on pourra faire des piques niques dans le jardin!" Ca va être marrant, je pense.

Et ça me rassure un peu, de me dire que ces deux petites filles auront au moins un peu de compagnie enfantine de temps en temps, plutôt que d'être toutes seules chacune dans son coin, à tourner en rond dans sa maison entre ses parents. C'est un bon compromis, je pense. Il faut que le virus circule, mais ce sera relativement limité, et moins stressant que l'ambiance "distanciation sociale de psychopathe" à l'école. Ca me réconforte beaucoup, cette perspective...

vendredi 1 mai 2020

Images d'un premier mai pluvieux

Nawimba, assis dans l'escalier devant le fenestron qui donne sur le jardin, essayant de distinguer pendant une grosse averse si le gazon pousse, en se servant des grosses jumelles vertes du Moineau (grossissement x2, quand même, attention!).

Nawimba et le Moineau reniflant, tour à tour, le bouquet de dahlias qui ne sentent désespérement rien. Je suis sortie sous la pluie cueillir trois roses. Maintenant, le bouquet sent bon :)

L'Etourneau, passionné par la pluie, tendu dans les bras de Nawimba au point de manquer de tomber. Pour aller voir, ce que c'est, cette eau qui se casse la gueule du ciel...

Le Moineau sortie avec son grand parapluie en forme de cloche et ses bottes de pluie, pour en profiter aussi.

Mes 15 plants de tomates rentrés il y a quelques jours à cause d'un refroidissement, qui s'inclinent peu à peu vers la fenêtre, pour chercher la lumière malgré la grisaille.

Et puis la tarte aux fraises pour l'anniversaire de Nawimba, et la peinture avec les enfants pour lui faire un cadeau (je sais pas si vous avez déjà essayé de faire une empreinte de la main d'un bébé de 6 mois, mais c'était pas le challenge le plus simple de la journée)!

mercredi 29 avril 2020

L'enfant et la mort

Ma fille a 3 ans et demi. Donc, déjà, la mort, c'est un truc qui la travaille, depuis un petit moment. Et alors là, avec le confinement, et les trucs angoissants dont Nawimba et moi n'arrivons pas à nous empêcher totalement de parler, le sujet est au cœur de la majeure partie des histoires qu'elle se raconte. Et elle se raconte BEAUCOUP d'histoires, dans une journée. Elle est bavarde, elle a beaucoup d'imagination, et en ce moment, le moindre bout de quoi que ce soit, livre qu'on lui lit, vidéo de conte qu'elle regarde sur conseil de la maîtresse, bribe de discussion qu'elle chope en passant à côté de nous, est recyclé immédiatement. Les amis imaginaires (qu'elle tue et ressuscite allègrement depuis déjà longtemps..) se sont encore multipliés (un jour je vous les présenterai, ça fera un post à soi tout seul).

Et donc ce matin, cette perle. Elle appelle (sur son téléphone imaginaire) ses nouvelles copines (imaginaires) Morane (qu'elle prononce Mor-Anne) et Moriane, leur raconte sa vie, tout ça tout ça. Tout à coup je l'entends dire "Eh, mais Mor, tu sais, tu sais, Mor, Mor..." (comme font les enfants quand ils semblent tester une formulation, presque en goûter la saveur). Elle fait une pause, puis se tourne vers moi, et m'explique qu'elle est au téléphone avec Morane, et qu'elle l'appelle "Mor", parce que c'est son surnom (c'est nouveau). Et que là, la pauvre Mor, ça va pas trop, elle doit aller à son travail, alors elle a besoin d'être réconfortée.

Donc sa nouvelle copine imaginaire s'appelle littéralement "mort", et son problème principal, c'est qu'elle doit aller à son travail. Bon, on dira pas que le Moineau a pas compris les enjeux du moment, hein....

(Bon, rassurez vous, elle parle aussi de princesses, de super-héros, de cochons, de chevreaux, de sorcières, tout y passe, hein..)

Courts

Or donc, il y a quelques jours, j'ai été prise d'une intense envie de couper mes cheveux. Ça me prend régulièrement, j'atteins d'un coup un seuil, et en général, j'agrippe les premiers ciseaux qui me tombent sous la main (souvent les ciseaux à ongles, parce que, oui, voilà, c'est comme ça), et je ratiboise. La dernière fois, j'ai réussi à attendre (alors que c'était pendant mon congé mat, ça a duré looongtemps, j'ai une volonté de fer) le moment fatidique où j'ai pu aller chez le coiffeur, j'étais trop fière de moi.

En ce moment, évidemment, je ne peux pas aller chez le coiffeur. Mais comme je ne sors pas non plus pour aller où que ce soit d'autre, je me suis dit que ce n'était pas dramatique de le faire seule, que si je me ratais, ça aurait peu de conséquences. Mais, comme nous sommes confinés, et qu'il y a une étrange pression sur les gens de ma classe sociale pour en profiter pour apprendre à faire des trucs chelou, genre, du levain, des masques en tissus, du gel hydroalcoolique, des pâtes maison, etc, je me suis dit que j'allais apprendre à me couper les cheveux à la tondeuse.

YOLO.

Pendant deux jours, j'ai regardé des tutos sur le net, en comptant sur mes boutons de gilet: j'le fais, j'le fais pas, j'le fais, j'le fais pas. Le sabot de la tondeuse de Nawimba permet de couper a maximum 23mm. Je trouvais que ça faisait court, j'avais peur de ne pas bien savoir manier la bête, etc.

J'ai fini par me lancer, et franchement, j'étais grave fière de moi. Je m'en suis carrément bien tirée. Nawimba m'a un peu aidée derrière, m'a rasé la nuque (détail qui a son importance dans la suite de l'histoire). J'ai pris plein d'autoportraits dans la journée, j'ai nargué mon fils qui avait moins de cheveux à empoigner, j'étais heu-reuse. Et puis à 22h, en passant devant le miroir, je me suis dit "mmh, il faudrait raccourcir un tout petit au dessus de l'oreille, pour que ça fasse un arrondi plus doux."

JE LE SAIS, POURTANT, QU'IL NE FAUT JAMAIS FAIRE DES RETOUCHES À QUOI QUE CE SOIT À 22H QUAND ON EST CONTENT DE CE QU'ON A PRODUIT DANS LA JOURNÉE! QUE CE SOIT UNE AQUARELLE, UN BRICOLAGE, UN POWERPOINT DE CONFÉRENCE OU UNE PUTAIN DE COUPE DE CHEVEUX!! JAMAIS!

Vous la voyez venir, là, la suite de l'histoire? Juste avant de relancer la tondeuse pour une mini-micro-pico-retouche au dessus de mon oreille droite, je vérifie le réglage, il est à 1 mm! Je me dis "ouhlala, je l'ai échappé belle, didonc, faut bien remettre à 23 mm, ahah, ça aurait été con de me raser le côté de la tête à blanc uhuh."

J'ai oublié de remettre le sabot.

Of course.

Y a au moins 5 personnes qui m'ont dit "Ah, c'est une erreur classique, tout le monde la fait!"

Ben voyez, j'aurais bien aimé être moins prévisible, moins comme tout le monde, sur ce coup là. Plus disruptive. Parce que là, le carré tout blanc juste au dessus de l'oreille, j'ai trouvé ça moyen glop (bon en vrai, j'ai pris un fou rire, parce que c'était tellement n'importe quoi).

Je vous passe les détails, mais en gros, pendant une heure, Nawimba et moi on a essayé de rattraper l'affaire, en se marrant comme des baleines. Clairement, il n'est pas plus doué que moi pour faire un dégradé à la tondeuse. On a appris qu'étrangement, coiffeur, c'est comme instit, nounou, cueilleur de fraise ou ministre de l'éducation nationale, ça s'improvise pas. Tous ces beaux enseignements de cette crise qu'on aura tirés ohlala, c'est magique.

Du coup, le soir même, j'avais un quart droit de la tête à 1 ou 2 mm, le reste du pourtour à environ 1 cm, et le dessus à 2 cm. Ça ressemble à rien. Ça me donne l'air vaguement guerrier, et ça fait ressortir mes cernes. J'ai l'air d'une skinhead zombie, c'est très seyant.

Conséquences immédiates: mon fils ne peut plus du tout me tirer les cheveux (c'est cool). Il est maintenant hors de question que je fasse des visio conférences avec mes étudiants (c'est ptet moins cool, encore que, j'en sais rien). Je suis pas très motivée pour sortir, et contente de ne pas être obligée de me déconfiner le 11 mai.

Cela dit, ça repousse super vite, et par ailleurs, on s'habitue assez vite. Et les sensations sous la main sont assez agréables, je dois dire. L'étourneau a l'air de penser la même chose. Il ne tire plus, mais il passe pas mal de temps à tripoter les différentes zones, j'ai l'impression d'être un tapis d'éveil avec des matières pour développer le sens du toucher. En moins coloré.

Bon, on aura bien rigolé sur cette histoire, qui restera dans les annales familiales, je pense. Et ça a fait rigoler aussi mon entourage, c'est toujours ça de pris, en ce moment :)

lundi 27 avril 2020

Peur(s)

  • J'ai peur que la colère ne déborde, et de taper sur ma fille.
  • J'ai peur de la renvoyer à l'école, et (un peu moins) peur de ne pas la renvoyer à l'école avant septembre.
  • J'ai peur de ne pas arriver à bosser suffisamment pour cette série de conférences que je suis censée faire en août. Et j'ai peur que ces conférences ne soient pas annulées.
  • J'ai peur d'être très angoissée par l'idée de sortir, même quand ce sera redevenu moins risqué
  • J'ai peur d'être reconfinée en été, qu'on soit coincés chez nous pendant les canicules, alors que la chambre des enfants est montée à 38 degrés l'an dernier.
  • J'ai peur de ne pas voir ma famille et mon neveu tout neuf (mon neuf-veu) avant des siècles.
  • J'ai peur que le Moineau ne puisse faire de fête d'anniversaire ni avec ses copains, ni avec ses grands-parents, alors qu'elle fantasme ces deux évènements depuis des mois.
  • J'ai peur d'être reconfinée à l'automne ou en hiver , dans la grisaille et la froidure, de ne pas pouvoir sortir de la maison trop sombre à cause du froid
  • J'ai peur pour mon père, agé, et pour ma sœur, qui sort d'une saleté de maladie qui l'a laissée épuisée.
  • J'ai peur pour mon département, très durement touché.
  • J'ai peur de tuer des gens si je sors.
  • J'ai peur de la crise économique qu'on va se taper dans les années qui viennent.
  • J'ai peur des répercussions politiques qui s'ensuivront.

Pas folichon, tout ça.

Edité le lendemain matin: les écoles ne rouvriront apparemment pas avant septembre dans ma ville, et ma série de conférences du mois d'août est reportée à l'an prochain. Déjà un peu moins d'incertitude, quelques heures après avoir posté cette note.

jeudi 23 avril 2020

Contorsions parentales

Au début de la période du confinement, on s'est dit que c'était sans doute le bon moment pour "travailler" à passer l'Etourneau dans la même chambre que sa sœur la nuit (comprendre: si on fait des nuits de merde, on pourra dormir plus tard le matin et ne pas être trop crevés. Ah-Ah.) Mais comme il se réveillait encore plusieurs fois par nuit, et qu'il braillait fort fort fort, ça s'est pas très bien passé, et le Moineau était crevée et ronchon. On ne voulait pas qu'elle le prenne en grippe, alors on s'est dit qu'on allait faire des étapes intermédiaires.
Ce qu'on a trouvé, c'est un compromis. On le couche dans notre chambre, dans son berceau de co-dodo dont on a remis la paroi amovible, à la même heure qu'elle va au lit. Et quand nous, on va se coucher, on le déplace avec précaution dans le bureau de Nawimba, et il finit sa nuit là. Ça marche pas mal, il a fait pas mal de nuits complètes, et le reste du temps, il ne se réveille en général plus qu'une fois, quelque part entre 1h30 et 3h du matin, entre son coucher et 6 ou 7 h du matin.

Il faut donc nous imaginer venir, dans le noir, le chercher vers minuit, se saisir chacun d'un côté du berceau, et manœuvrer le truc pour ne pas cogner le radiateur, les boites entreposées dans le couloir "PARCE QUE JE SAIS PAS OU LES FOUTRE CES PUTAINS DE BOITES, SI T'AS UNE IDÉE JE T'EN PRIE!" (je crie pas, dans ces cas là, évidemment, rapport au gamin qui pionce comme un bienheureux dans son berceau qui tangue. C'est un doux chuchocris, que je produis), la porte, le second radiateur, le bordel du bureau de Nawimba, la rampe de l'escalier. En plus cette saloperie de berceau est asymétrique, les pieds dépassent plus d'un côté de l'autre. Toi, tu crois que t'as super bien centré le biniou en passant la porte, et VLAN, tu te manges le chambranle. Donc on se guide en chuchotant. "A gauche, à gauche, penche un peu, non pas trop, attention la porte! à droite, nan ma droite!". C'est folklo.
Depuis deux jours, on est devenus super forts, on ne heurte plus rien. Ça le gênait pas, qu'on cogne des trucs, le môme. Il n'en avait rien à secouer (c'est le cas de le dire). Mais moi, j'ai l'impression d'avoir gagné une nouvelle compétence, pendant ce confinement. Un truc qui ne me servira plus jamais après, sans doute (enfin j'espère), mais qu'on a fait pour la gloire, quoi. On a les ptites victoires qu'on peut.

Bref. Du coup, je songeais en rigolant à toutes ces petites stratégies-bricolages que mettent en place les jeunes parents pour préserver le sommeil de leur progéniture (et un peu de santé mentale).
Je repense par exemple avec un peu d'émotion à cette époque où on dormait chacun par tranche de deux heures dans le lit, pendant que l'autre se calait dans un transat de jardin au milieu du salon avec le Moineau en écharpe, le plus possible sous l'escalier parce que c'était le seul endroit où on échappait à peu près à la lumière du lampadaire placé stratégiquement JUSTE en face du fenestron (depuis, on a mis un rideau occultant devant ce truc). J'y repense avec émotion, mais pas de regrets, hein. C'était très inconfortable.
Y a aussi la fois où Nawimba a monté et descendu 14 fois l'escalier (donc l'équivalent de 14 étages, hein), pour endormir le Moineau. Ou la fois où il courait en la tenant bien serrée dans ces bras (elle avait 3 semaines) dans l'enfilade des pièces pour lui faire du vent sur la tête pendant la canicule.
Sans compter bien sûr les kilomètres parcourus en berçant les ptites choses parfaitement réveillées. Les thés froid réchauffés 4 fois, et toujours pas bus. Les épaules à moitié luxées pour attraper un truc parce que la bestiole pionce ENFIN sur toi et que tu ne veux surtout pas la réveiller (alternative: le ramassage d'objets avec les orteils. Encore une compétence de folie acquise dans la période post-partum).

Ce qui me manquera un peu, je crois, quand notre deuxième enfant sera trop grand pour être bercé, ce sera la vision de Nawimba faisant le "Oompah Loompah", librement inspirée de cette vidéo). C'est assez indescriptible, mais en gros, il prend le bébé contre lui, et se dandine de gauche ("oompah") à droite ("loompah"), réitère ("oompah loompah") puis plie les genoux pour faire une descente un peu brusque ("oooouuuhm"). Et on recommence. C'est délicieusement ridicule, et ça marche très bien. Et je serai triste de ne plus le voir. J'essayerai ptet de le filmer, un de ces quatre, pendant qu'il est encore temps :)

dimanche 19 avril 2020

Violence

J'ai encore failli taper ma gamine. J'ai transformé le geste en cours de route, l'ai attrapée un peu fort par l'avant- bras au lieu de frapper franchement. Mais le geste était parti. Et elle l'a senti. Elle m'a dit après qu'elle avait eu peur que je lui fasse mal. Moi aussi.

Je suis assez désespérée de ce geste, et inquiète de cette impression de me rapprocher inexorablement de la violence physique. D'autant que, ce soir, je n'étais pas énervée à peine deux secondes avant. De colère, elle a envoyé valser un téléphone par terre, je n'avais pas anticipé son mouvement, et mon geste-réponse est parti sans que j'ai eu le temps de le voir venir non plus.

Désespérée parce que je me cramponnais un peu jusque là à l'idée que je n'ai qu'à passer le relais à Nawimba quand je sens monter la colère de façon incontrôlable. Comment je vais faire si ça fuse, comme ça?

Je discutais l'autre jour avec un contact Mastodon des cris. De comment ça le rendait malheureux, de crier sur sa gamine, de pas arriver à s'en empêcher. De la culpabilité. A un moment je lui ai dit qu'évidemment, moi aussi, et que c'était nul, mais que la colère rentrée, froide, c'était pas forcément mieux. J'avais en tête certaines colères de ma propre mère, très contenues. Et j'ai repensé à ce moment, il y a quelques années, où Nawimba m'avait dit "Ta mère, quand elle est colère, ça fait un peu peur quand même". J'avais commencé à répondre "Mais pas du t.." avant d'avoir une espèce d'illumination. Ah ben oui, tiens. C'est vrai en fait. Les colères de ma mère, c'est un peu flippant. Tu sens que ça bouillonne, et elle te criera pas dessus, mais tu sais que c'est un peu meurtrier à l'intérieur, quand même. Ça m'avait beaucoup soulagée, de pouvoir me dire ça. Que peut-être, la colère de ma mère avait été un truc angoissant, pour moi, petite. Que la colère, ça pourrait tuer. Et que c'est de là que j'avais tiré l'idée qu'il était inacceptable de se mettre en rogne, ou de le montrer.

Je sais qu'il y a eu des années, pendant mon enfance et ma pré-adolescence, où j'ai beaucoup mis ma mère en colère. J'ai pris quelques gifles, je ne saurais pas dire combien. 3 ou 4, peut-être? Je n'en garde pas un souvenir traumatisant (à vrai dire, j'en garde très peu de souvenir tout court), je sais, et j'ai toujours su, que ce n'était pas un principe d'éducation, mais des gestes qu'elle n'avait pas pu retenir. On en a toujours reparlé une fois la crise retombée.

Ce que je me demande maintenant, c'est: qu'est ce que je faisais, à l'époque, qui passait les bornes. Ses bornes. Je crois qu'un mot prononcé dans ces moments là était "insolence", mais ça ne correspond pas bien au fonctionnement de ma famille, où l'irrévérence est en général plutôt saluée, et où les enfants n'ont en tout cas pas spécialement à se taire et à baisser le nez devant les adultes. L'image, un peu floue, que j'ai de ces moments où la colère de ma mère la débordait, c'est un truc un peu hystérique, où je n'arrivais pas à m'arrêter de "remettre cent balles dans la machine". La gifle arrêtait net l'excitation folle.

Les moments où je me sens devenir violente avec le Moineau n'ont pas grand chose à voir avec le fait qu'elle me "réponde", ou qu'elle soit "insolente", ou quoi que ce soit du genre. En général (pas ce soir), ça vient au terme d'une accumulation de moments où j'envoie le signal qu'il faut arrêter de m'agresser, et où elle n'y arrive pas. Mon sentiment est que je déploie différentes stratégies d'évitement (je suis forte, à ça, moi aussi, les chiens font pas des chats), de messages d'alerte, j'essaye de prévenir que je suis en train de me mettre en ébullition, je tente des replis. Et elle m'accule, me pousse dans mes derniers retranchements.

Hier, par exemple, Nawimba et moi faisions une visio avec des copains à lui. Il n'avait pas le moral, et avait besoin de ce moment. Comme le Moineau avait envie de voir aussi un peu les gens, et qu'on était samedi, on l'avait (un peu lâchement, pour éviter la crise) autorisée à se coucher un peu plus tard. Mais on ne s'occupait pas assez d'elle, et assez rapidement, elle a commencé à être relou. Et notamment, alors que j'étais déjà assez énervée contre elle, à venir coller son visage très près du mien. Elle essayait de me regarder dans les yeux à 2-3 cm de mon visage. Ce qui dans un contexte d'agacement, est horriblement agressif pour moi. J'avais l'impression de ne plus pouvoir lui échapper, physiquement. Et je me suis sentie, là encore, à deux doigts de lui faire mal.

Je peux me contenir. Je me contiens longtemps. J'ai tout un arsenal de stratégies pour ne pas me fâcher et aller cuver ma colère entre moi et moi. Mais assez rarement, j'ai l'impression d'être privée de toutes ces ressources par la personne en face de moi. Qu'elle ne me laissera pas de répit, pas de possibilité de me reprendre. Malheureusement, ces derniers mois, ma fille fait partie de ces personnes. Et le vase-clos du confinement en rajoute une couche dans le sentiment de ne pas pouvoir échapper au truc.

Faut que je trouve quelque chose pour faire soupape (pour moi, et éventuellement pour elle), ça commence à urger...

vendredi 17 avril 2020

Foutebal

Pendant ses "récrés" dans le jardin, le Moineau aime jouer au "foutebal". Ca consiste essentiellement à taper dans le ballon, avec les pieds, avant l'adulte qui se trouve avec elle. Y a pas de but à marquer mais à part ça, jusque là, c'est plutôt conforme à notre football.

Là ou ça se corse, c'est que ça se joue en se tenant la main avec l'adversaire. Elle y tient beaucoup. On court donc ensemble, on s'emmêle les pieds, le plus grand emporté dans son amour du ballon rond traîne et fait tomber la plus petite assez régulièrement, c'est ... particulier.

L'autre jour, j'ai pris un fou-rire à essayer d'imaginer un match de foot réel qui appliquerait la même règle. Et à me demander lequel de ces deux scénarios serait le plus marrant à regarder:

  • Les membres de chaque équipe se tiennent la main en une longue ligne, et interdiction de se lâcher, on monte marquer des buts ensemble, et on redescend ensemble en défense

ou

  • Les membres des deux équipes sont appairés deux par deux et n'ont pas le droit de se lâcher la main pendant tout le match (mais on a le droit de traîner l'autre sur la longueur du terrain, voire de se laisser traîner pour ralentir la progression de l'adversaire. Une variante intéressante pourrait être que les deux joueurs doivent se tenir la main du même côté (par la main droite, ou par la main gauche)

Chuis à deux doigts d'écrire à la FIFA.

mercredi 15 avril 2020

Un peu coincé.e.s

J'évoquais hier soir avec Liz les difficultés qu'on a avec nos aînés ces jours-ci, et plus spécifiquement, la répartition du temps et de l'attention entre les "grands" et les bébés.

Chez nous, ça ne se passe globalement pas si mal. Ou disons, y a des grandes plages de bien, entrecoupés de petits moments (ou parfois de journées entières) de "Moineau relou-relou". Elle vit apparemment plutôt bien le fait de ne pas sortir, en soi. Elle passe parfois beaucoup de temps à jouer seule, sans crier, passionnée par les histoires qu'elle se raconte. Souvent elle est avec nous, et on fait plein d'activités ensemble, et c'est super cool. Par moments, elle joue avec son frère, le fait rigoler tout ce qu'il peut, et c'est super.

Mais à d'autres moments, elle cherche juste à nous obliger à jouer avec elle (mais ce qu'on doit faire est très strict et il ne faut pas dévier du scénario sous peine de provoquer des crises). Ou elle veut nous empêcher (ou plutôt "m'empêcher") de dormir, ce que je vis très très mal. Ou bien il faut être à sa disposition, là, tout de suite, dans l'instant, alors que la couche du bébé déborde, que le minuteur de la cuisinière sonne, et que l'un des deux adultes est au téléphone pour un truc de boulot.

Et régulièrement il y a des intermèdes un peu tendus où elle cherche à s'interposer entre l'un de nous et son frère (soit pour nous évincer, nous, soit pour l'évincer, lui).

Rien de bizarre, rien d'inquiétant, dans tout ça. Mais de l'agacement, quand même, pas mal. Je n'arrive pas toujours à m'empêcher de crier, ou de punir. Un peu mieux ces derniers jours, quand même, mais je ne suis pas sûre d'être moins violente, ou moins effrayante, quand je ne crie pas. Je sais bien que les enfants sont autant "coincés avec nous" qu'on est "coincés avec eux". Et c'est visiblement aussi ambivalent pour le Moineau que ça l'est pour nous. Beaucoup de plaisir dans cette cohabitation permanente, et pas mal de frustration aussi.

Bref. Ce que je me disais hier en parlant avec Liz, c'est qu'au delà du fait de ne plus voir les copains et la maîtresse, de ne pas pouvoir se défouler autant que d'habitude physiquement, au delà du chamboulement des rythmes, de l'inquiétude qu'on doit probablement exsuder par moments avec Nawimba, il y a quelque chose comme une injonction contradictoire, dans cette situation, pour les "petits-grands".

On demande au Moineau d'être grande, d'être indépendante, vu que son frère est petit, et que, tout super-zen qu'il soit, quand il fait ses dents ou qu'il a faim, il faut bien s'occuper de lui en priorité; vu que le boulot doit être fait, et qu'on a pas tant de temps que ça pour le faire dans la journée; vu qu'il faut bien faire à manger, faire des lessives, faire des courses, ranger, etc.

Mais elle se retrouve en même temps dans une situation de tout-petit. Coincée entre papa et maman (et l'Etourneau, bon), avec personne d'autre dans le paysage. Pas de réelle possibilité d'indépendance. Plus d'autre influence que la nôtre. Toutes les nouvelles informations viennent de nous, toutes les décisions sont de notre fait. Elle épie chacun de nos mots, et s'immisce en permanence dans nos conversations, ce qui est à la fois super énervant, et très révélateur.

Quand elle a épuisé la patience de l'une et de l'autre (et que le troisième n'est pas réceptif pour une raison ou une autre), il n'y a personne d'autre vers qui se tourner. Il n'y a que nous, que nous. Que nous quatre. C'est comme quand elle était bébé, sauf qu'elle a presque quatre ans, et que notre attention n'est plus entièrement centrée autour d'elle.

L'école (et l'activité gym du mercredi, dans une moindre mesure) ont été une très bonne soupape pour elle, quand le bébé est né. Ça "diluait" un peu les problématiques de rivalité, et ça faisait entrer le monde extérieur dans la maison, à un moment ou le bébé et moi (au moins) étions "dans une bulle", repliés sur l'intériorité du post-partum. Et maintenant, tout ça a disparu. C'est comme s'il fallait l'aider à "produire de l’extériorité". Un extérieur qui ne soit pas dangereux. Qui ne soit pas juste des histoires de nombre de décès, de virus dangereux qui sévit "dehors". Sortir dans le jardin. Faire les activités de la maîtresse. Fantasmer sur ce qu'elle fera avec les copains pour son anniversaire. L'écouter raconter toutes les histoires de ses multiples amis imaginaires, qui sont de retour en force, après quelques mois de silence relatif. Essayer d'organiser des séances en "visio" avec les grands-parents, avec sa cousine de deux ans, qu'elle réclame à corps et à cris mais avec qui elle n'arrive pas vraiment à dialoguer (et qui est un peu comme elle, je crois. Elles ont besoin de se voir, mais pas de la même façon, ça coince un peu aussi, cette histoire là.).

Mais tout ça demande, évidemment de l'énergie, du temps. Et comme souvent, mes ressources en la matière sont limitées. Et je n'ai pas encore trouvé comment bien le lui expliquer.

vendredi 10 avril 2020

Nouveaux voisins

Nos derniers jours ont été partiellement employés à observer nos nouveaux voisins: un couple de merles venus s’installer dans notre jardin. On les a baptisés Ploplo (le mâle) et Kipet (la femelle): ce sont parmi les premiers noms donnés par le Moineau à ses bonshommes playmobil quand elle était petite.

Ploplo passe l’essentiel de son temps dans les tilleuls plantés devant chez nous. Il fait beaucoup d’allers-retours, garde le territoire, vole dans les plumes des autres merles qui s’approchent. Et il chante beaucoup, c’est un régal. Nawimba est ravi, parce que ça lui rappelle les chants de merle sous ses fenêtres et ses petits-matins à l’adolescence. En plus, on a lu des trucs sur le comportement des merles, et apparemment, une fois qu’ils sont installés sur un territoire, ils y restent plusieurs années d’affilée. Ce qui veut dire que les merles de Nawimba n’étaient probablement qu’un seul merle (Nawimba a l’impression d’avoir gagné a posteriori un vieil ami fidèle :D), et que Ploplo et Kipet sont là pour un moment, potentiellement.

Where is Ploplo?, avr. 2020

Kipet, elle, est beaucoup moins farouche que Ploplo. Elle est tout le temps dans le jardin. Je l’avais vue il y a quelques jours dans le lilas en regardant par la fenêtre de la salle de bain, et Nawimba et le Moineau l’ont vue une fois perchée sur le portail, mais la grande majorité du temps elle reste dans la partie avant du jardin. Elle se pose sur les murets, derrières les iris, ou sur les morceaux de bois qu’on a mis pour caler la barrière. Jamais à plus d’un mètre de hauteur. Et elle nous laisse nous approcher très près, à moins de 40 cm d’elle. Ça m’inquiète, même, un peu, je me suis demandé si elle n’était pas blessée (y a un chat qui se balade régulièrement dans le jardin, quand même). Mais on l’a vue voleter un peu, pour des petites distances. On se demande si par hasard elle n’aurait pas fait son nid (sans œufs pour l’instant, ou avec seulement une partie des œufs) dans le coin, et si elle ne se prépare pas à couver.

Coucou!, avr. 2020

Le Moineau passe beaucoup de temps à regarder Kipet, à la chercher quand elle ne la voit pas, à l’appeler à tue-tête (encore une fois, je me demande ce que nos voisins pensent de nous, à l'entendre crier "Qui pèèète? Quiiii pèèèèète?"). Elle l’aime beaucoup.

Keskelfait?, avr. 2020

Ça nous occupe bien, cette histoire

mardi 7 avril 2020

Complicité

Une chose très chouette que nous aura apportée, quand même, cette crise et le confinement qui va avec, est l’opportunité de passer beaucoup de temps avec nos enfants. J'avais très peur, à l'annonce de la fermeture des écoles, collèges et universités, et quand on a vu le confinement arriver, de la perspective de passer des semaines les uns sur les autres. Je craignais vraiment l'enfermement avec le Moineau, j'avais peur de passer mon temps à lui crier dessus, d'être en conflit avec elle tout le temps. Finalement, pour l'instant, même s'il y a des moments plus compliqués que d'autres, dans l’ensemble, ça se passe bien. Ca nous offre beaucoup de moments de complicité, de câlins, à 2, à 3, à 4, avec toutes les combinaisons possibles. On gambade avec le Moineau dans le jardin, on rampe et roule avec l'Etourneau sur le tapis. On assiste à tous leurs progrès, en direct. Selon toute vraisemblance, on va voir les premiers le bébé ramper, s'asseoir. Pas impossible qu'il commence à parler avant la fin du confinement, vu comment c'est parti. La grande est partie pour apprendre à lire avec nous, aussi. C'est pas que j'y tenais plus qu'à autre chose (même si je garde des souvenirs assez nets et forts de l'apprentissage de la lecture avec mon propre père), mais ça se fait comme ça. Et c'est chouette à regarder.

Les enfants jouent, pour de vrai, ensemble. Rient au éclats ensemble. S’appelle l’un l’autre, chacun à sa manière. S'empoignent gentiment pour se faire des caresses-maladroites-mais-douces.

Ça aurait existé aussi sans le confinement, cette complicité, bien sûr. Mais peut-être pas avec la même densité, peut-être pas aussi tôt dans la vie de l'Etourneau. Peut-être pas aussi longtemps d’affilée (on n'aurait jamais eu plus d'un mois tous ensemble, et on aurait forcément vu d'autres gens dans la période, en temps normal).

Je suis un peu triste, parfois, que les enfants ne voient que nous. L'Etourneau devra « réapprendre » les quelques personnes qu’il connaissait avant le confinement: ses grands-parents, la nounou, le petit garçon qui est gardé avec lui. Mais ce côté « parenthèse hors du temps, hors du monde », peut-être unique, tous les quatre dans notre îlot, nous fabriquera, en contrepoint de la colère et de la tristesse et de la frustration, des beaux souvenirs, aussi. Peut-être le Moineau en gardera-t-elle même quelques-uns, qui sait?

Entre la naissance de mon fils, et ces quelques mois que nous vivons, l'année "universitaire" (qui n'en aura eu que le nom, vraiment, pour moi), sera dans mon histoire personnelle une respiration, sous le signe de la famille.

lundi 6 avril 2020

Jardinage

Hier il a fait exceptionnellement beau et chaud. Au moment d'aller faire la sieste, j'ai changé brusquement d'avis, et suis allée m'installer au soleil, les bras et les pieds nus, avec un thé et un bouquin. Le bonheur.

Et puis Nawimba et l'Etourneau m'ont rejointe. On a installé le bébé sur une natte par terre, et moi j'ai jardiné jusqu'au repas, avec l'aide intermittente de Nawimba, qui le reste du temps geekait sur son ordi. J'ai nettoyé le jardin, déplacé des branches d'arbres coupées l'an dernier et restées dans un coin pour les mettre sur le tas de branchages derrière le compost (je n'ai pas perdu espoir d'attirer un jour un hérisson, malgré les étendues bétonnées qui entourent mon jardin, et les chats qui y traînent..). J'ai ramassé tout un tas de saletés que le vent et les passants indélicats avaient envoyées chez nous. J'ai entrepris de réduire un petit peu le susmentionné tas de branchage, en coupant en petits tronçons les plus petites branches.

Comme tous les ans, j'ai préparé un compost "en lasagne" dans un grand pot, pour pouvoir y planter un plant de tomates ou de courgettes. Une couche de matière carbonées (zou, les ptits tronçons de branchettes), une couche de matière azotées, une couche de matière carbonées (zou les rouleaux de PQ que je garde pour ça), etc.. et à la fin de la terre (en fait ce qui restait du compost qui était dans ce pot l'an dernier, après distribution dans différentes jardinières). Je le laisse "chauffer" quelques temps (ça monte vite en température, un compost qui démarre bien), et il sera juste bien pour quand je repiquerai mes semis. J'essayerai d'en préparer quelques autres, mais j'ai pour l'instant un petit problème de matières azotées. D'habitude je fais ça plus tard dans l'année, à un moment où ma monstro-vigne est suffisamment repartie pour que je puisse en couper des mètres et des mètres sans problème. C'est d'ailleurs un de ses avantages principaux, et l'une des raisons pour lesquelles on la garde. Elle est tarée, elle cherche régulièrement à étouffer le reste des plantes du jardin et à monter sur le toit, chaque pousse progresse d'environ 1 mètre par semaine en pleine saison (et elle a BEAUCOUP de POUSSES), le raisin n'est pas excellent MAIS: ça fait beaucoup de verdure dont je peux me servir pour plein de trucs. Sauf que là, elle bourgeonne à peine. Et même si on épluche pas mal de légumes dans les jours qui viennent, ça risque de pas faire assez pour faire plus qu'un pot par semaine. Donc je ferai ça à mon rythme.

IMG_20200330_132709.jpg, avr. 2020

On a aussi raccourci deux branches du pommier parce qu'on s'est souvenu qu'elles finissent toujours par descendre au niveau de nos visages, alourdies par les pommes, et qu'à chaque fois on se les prend dans la figure quand on regarde pas devant nous en passant sous le pommier, et ça fait mal parce que c'est lourd et dense, une pomme, en vrai, et donc merdre. Du coup j'ai fait des boutures (c'est un peu tard, mais sur un malentendu, ça peut marcher). On prévoit de déménager ailleurs dans un ou deux ans, ça pourrait être cool d'avoir des bébés pommiers à embarquer avec nous.

A un moment la gaminette s'est réveillée et elle est venue jouer à côté de nous. Enfin, je dis jouer, je devrais dire "piailler", parce que manque de pot, y avait des ptites bêtes aussi contentes que nous de profiter de la chaleur, et le Moineau, les ptites bêtes elle aime pas ça. Du tout du tout. Elle appelle ça des "bizzz". Je me demande ce que les voisins pensent de nous, à l'entendre crier "AAAAH! Y a des bises! ya des bises!!" sur un ton horrifié. On l'a distraite en l'emmenant semer du gazon dans les coins où rien ne pousse (ne nous leurrons pas, le gazon ne poussera probablement pas très bien non plus).

Et puis, finalement, alors que les trois autres étaient déjà rentrés, Nawimba en train de préparer le repas, les pious-pious dans les pattes, moi je suis encore restée pour essayer de débarrasser le coin où j'entasse en vrac tout ce qui est pots, jardinières vides, godets de jardinerie, dans l'espoir probablement vain de limiter les pontes de moustiques tigres. La vérité, c'est que je n'arrivais surtout pas à décrocher, et à quitter mon jardin, dans lequel j'ai passé tellement peu de temps l'an dernier (la grossesse-baleine-mal-partout et les premiers mois d'un bébé, c'est pas le meilleur plan pour ça). Ca m'a fait beaucoup de bien, physiquement, et psychologiquement, de gratouiller et patouiller. Je remercie tellement la moi d'il y a 5 ans, qui avait mis "jardin" en haut de sa liste de critères pour l'achat d'une nouvelle maison.

C'était biiieeeeen....

dimanche 5 avril 2020

Mesdames, Messieurs

Il y a environ un an, on était allés à la FN*C pour je ne sais quelle raison, et on avait passé un moment au rayon des bouquins pour enfants à chercher, je crois, le Prince de Motordu, pour le Moineau. Une vendeuse, qui nous avait aidés à le localiser, avait trouvé le Moineau plutôt mignonne, et lui avait donné une grande affiche des "Monsieur Madame" (oui, encore eux), avec tous les personnages listés dessus. La petite ne connaissait pas encore, et je ne voyais pas où mettre cette affiche, alors je l'avais mise de côté (en pestant contre les cadeaux publicitaires, et mon incapacité à balancer les trucs qui viennent immanquablement encombrer ma maison).

Je l'ai ressortie il y a quelques jours, car le Moineau a entre temps découvert les Monsieur Madame, et adore se les faire lire, se les re-raconter ensuite, et gloser à l'infini sur ce qui y arrive. J'ai punaisé l'affiche dans sa chambre, et depuis, elle passe beaucoup de temps à les inventorier, à comparer les listes présentes au dos des livres et celle de l'affiche etc.. Ce qui est cool, c'est que c'est un super support pédagogique! Régulièrement dans la journée, je l'envoie compter les personnages de telle ou telle couleur, de telle ou telle forme. Ou bien identifier tel personnage en fonction de sa description. Ça marche super bien!

Hier, je lui ai dit qu'il y avait 100 messieurs et mesdames dessus. Elle a essayé de les compter, mais elle a eu du mal une fois arrivée vers les 27, 28.. Elle a compris le principe, mais pas encore mémorisé les noms des dizaines, et donc au bout d'un moment, elle bute et commence à compter en boucle. Donc là, elle faisait ça. Et puis elle est restée songeuse un moment devant son affiche, s'est tournée vers moi et m'a dit: Y a pas de liste pour les chiffres.. C'est nul, faudrait une liste pour les chiffres

Du coup, tout à l'heure, je lui ai fait une grande affiche, avec les nombres de 1 à 100. Et on l'accrochera demain à côté de celle des Monsieur Madame. J'ai parié il y a deux semaines qu'elle saurait lire à la fin du confinement. Mais finalement, ptet qu'elle saura compter, à la place :) (Et de fait, compter sans erreur au delà de 10, ça fait peu de temps, c'est lié au fait de devoir se laver les mains pendant au moins 15 secondes...).

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