mercredi 31 janvier 2024

31 janvier - Aujourd'hui moment lumineux

Journée un peu vasouillarde aujourd'hui, parce que le Moineau et moi sommes malades, et que la nuit a vraiment été mauvaise. J'ai réussi à bosser, quand même, plutôt mieux que d'autres mercredi.

Quelques chouettes moments, quand même.
Des rires au milieu des quintes de toux avec ma fille à 2h du mat, puis en fin d'aprèm, en parlant de son frère mignon-couillon.
Une belle lumière sur le jardin ce matin, par la fenêtre de la cuisine, et par celle du bureau où je bossais.
La satisfaction d'obtenir ce que je veux de la part de collègues pas toujours simples, d'arriver à se mettre d'accord sans heurts, de ne pas avoir besoin de passer en force.
Le plaisir à voir les jolis, économiques et ingénieux "bateaux à voiles" que mon fils à fabriqué avec un jeu de construction reçu à Noël.
Une sieste sans interruption, et un petit moment de quiétude au réveil. L'explication que je lui ai donnée sur ce qu'était le fierté, en voyant son sourire quand il a réussi à finir un puzzle un peu compliqué. Il m'a dit que c'était de la joie, je lui ai dit qu'il y avait différents types de joie.. C'était joli.

vendredi 4 novembre 2022

1985-1986: Premiers souvenirs

Mon plus ancien souvenir date, je crois, de cette année-là.

Je suis chez mes grands-parents, dans une entrée assez sombre. Un escalier qui me semble très haut et très raide part sur ma gauche. Il y a peut-être une petite fenêtre en haut des marches. Et une porte en face de moi, je crois.

Je ne sais même pas si c’est mon souvenir que je raconte, ou le souvenir de mon souvenir. C’est en tout cas l’un des seuls souvenirs de ma très petite enfance qui ne soit pas imprégné d’une très forte émotion.

Dans un autre sans doute un peu plus tard, je cours pour rattraper mes grands-parents, qui m’ont un peu distancée sur une route. Je tombe, un caillou pointu m’entaille profondément le genou. J’ai sans doute pleuré, mais je ne m’en souviens pas. Juste de la course et de la chute.

J’ai toujours la cicatrice.

Dans un troisième, je cours, pleine d’allégresse, dans les coursives de l’Université Lyon II, où travaille mon père. Il m’y emmenait quelques fois, et je fréquentais de temps en temps la halte-garderie (oui, il y avait une garderie à Lyon II dans les années 80. Je ne sais pas si vous vous rendez-compte, je n’ai jamais revu ça dans aucune fac...)

J’ai eu quelques cours dans ces locaux, pendant mes premières années d’études. Mais le sentiment de familiarité que j’ai avec ces lieux, et l’affection que j’ai pour eux, date de l’époque où je n’avais aucune idée de ce qu’on y faisait. Il y avait juste de longues coursives vides, le soleil entre les barreaux des balustrades, les jardins.


Ma mère est enceinte de mon frère, cette année-là. Je n’en ai, pour le coup, aucun souvenir.

dimanche 30 octobre 2022

Sagesse

Dans les derniers jours, j'ai été anxieuse à propos de:

  • mon lieu de travail
  • mes cours
  • mes réunions
  • mon article qui n'avance pas
  • mes vacances
  • l'idée de lire mes mails
  • l'idée d'ouvrir mon ordinateur
  • des désaccords avec des gens sur les réseaux sociaux
  • des trucs que j'ai dit sur les réseaux sociaux avec un peu plus de visibilité que d'habitude

Et puis hier, une fois couchée, alors que je réfléchissais à ce qui me stressait sur le moment, m'est revenue une phrase de mon beau-père (qui ne m'était pas adressée, mais qui fait son chemin quand même.):

"Eh, à la grande fête foraine de l'angoisse, t'es pas obligé de faire tous les manèges!"

Et, bon, l'angoisse, c'est justement le truc que tu contrôles pas, mais hier, l'affirmation m'a fait rire, et l'angoisse est redescendue d'un cran.

Si on m'avait qu'un jour je m'appuierais sur la sagesse de Beau-Papa pour réguler mon humeur...

vendredi 3 décembre 2021

Complicité

Depuis deux-trois semaines, la complicité entre le Moineau et l'Etourneau s'est énormément développée. Ils jouent plus ensemble, ils rigolent énormément, ils font les andouilles, et du coup... se liguent contre nous. Dans le bain, par exemple, ça fait plusieurs fois qu'ils se mettent à fronder ensemble pour ne pas se laver, la grande encourageant le petit à se rebeller (j'adore..).

Et donc ce soir... j'avais pris soin d'annoncer 5 minutes avant que je venais les laver. J'entre dans la salle de bain, et le Moineau se place en travers de la baignoire, abritant le ptit corps de son frère derrière elle, les bras bien écartés, en me déclarant à plusieurs reprises d'un air très vindicatif "C'est MON frère! C'est MON frère". Je confirme que c'est son frère, et au bout d'un moment elle ajoute: "Je le sauve! Je le sauve, mon frère!"

"Eh, euh, du coup... toi? c'est qui qui te sauve?"

Elle a baissé les bras à toute vitesse, s'est décalée vers l'autre bout de la baignoire, et s'est mise à crier "Tu laves Étourneau d'abord! Étourneau d'abord!"

Ouais, parce que la solidarité avec les plus faibles, ça va bien 5 minutes, hein...

vendredi 5 novembre 2021

Texture

Hier après-midi, sieste avec Nawimba.

Il s'endort une main sur mon flanc, et je commence à sombrer lentement..

Je sens tout à coup sa main se resserrer convulsivement sur moi. Je fais un bond de cabri et gueule, indignée: "HÉ!"

Il me répond, penaud "Oh pardon, j'ai cru que c'était une éponge."


Ah ben oui, fatalement...

J'ai eu vaguement conscience que j'aurais dû m'offusquer, mais c'était tellement drôle...

Bon, au cas où certain·e·s d'entre vous se demandaient quelle était la texture exacte de mon gras sur les côtés.. Je pense que maintenant vous êtes fixé·e·s :)

samedi 13 février 2021

Kiri vert

Depuis 10 jours, l'Etourneau ne veut quasiment plus boire son biberon. On parle donc ce matin de remplacer par du fromage, on se demande ce qu'on peut lui donner le matin. Du camembert? du Kiri?

Le moineau intervient et dit qu'elle voudrait bien qu'on achète des Kiris verts, comme chez Papy et Mamie. Pas la première fois qu'elle en parle, mais on n'avait pas trop fait gaffe jusque là. On lui demande si elle parle des kiris à la chèvre (pas souvenir d'avoir vu ça chez mes beaux-parents, mais on sait jamais..). Je lui montre une photo sur le net.

- Non! Les kiris ronds!

- Mais y a pas de kiris ronds. Des Ptits Louis?

- Nooon, des kiris verts, là, ronds!

- Mais attends, il est comment l'emballage?

- Y a pas d'emballage!

- ?? mais c'est le fromage qui est vert?

- Nan mais y a pas de fromage!

- ? ? ? ?

- LES KIRIS RONDS! VERTS!

- Mais c'est quoi, si y a pas d'emballage, et qu'il y a pas de fromage, non plus?

- MAIS C'EST UN FRUIT!! (A ce stade là, elle était vraiment en mode "mais vous êtes complètement débiles ou quoi?").

Ah.

- Un kiwi?

- OUIIIIIIIIII!

On finit toujours par se comprendre. La question, c'est combien de temps (et d'énergie, et de patience) on met.

mercredi 29 avril 2020

Courts

Or donc, il y a quelques jours, j'ai été prise d'une intense envie de couper mes cheveux. Ça me prend régulièrement, j'atteins d'un coup un seuil, et en général, j'agrippe les premiers ciseaux qui me tombent sous la main (souvent les ciseaux à ongles, parce que, oui, voilà, c'est comme ça), et je ratiboise. La dernière fois, j'ai réussi à attendre (alors que c'était pendant mon congé mat, ça a duré looongtemps, j'ai une volonté de fer) le moment fatidique où j'ai pu aller chez le coiffeur, j'étais trop fière de moi.

En ce moment, évidemment, je ne peux pas aller chez le coiffeur. Mais comme je ne sors pas non plus pour aller où que ce soit d'autre, je me suis dit que ce n'était pas dramatique de le faire seule, que si je me ratais, ça aurait peu de conséquences. Mais, comme nous sommes confinés, et qu'il y a une étrange pression sur les gens de ma classe sociale pour en profiter pour apprendre à faire des trucs chelou, genre, du levain, des masques en tissus, du gel hydroalcoolique, des pâtes maison, etc, je me suis dit que j'allais apprendre à me couper les cheveux à la tondeuse.

YOLO.

Pendant deux jours, j'ai regardé des tutos sur le net, en comptant sur mes boutons de gilet: j'le fais, j'le fais pas, j'le fais, j'le fais pas. Le sabot de la tondeuse de Nawimba permet de couper a maximum 23mm. Je trouvais que ça faisait court, j'avais peur de ne pas bien savoir manier la bête, etc.

J'ai fini par me lancer, et franchement, j'étais grave fière de moi. Je m'en suis carrément bien tirée. Nawimba m'a un peu aidée derrière, m'a rasé la nuque (détail qui a son importance dans la suite de l'histoire). J'ai pris plein d'autoportraits dans la journée, j'ai nargué mon fils qui avait moins de cheveux à empoigner, j'étais heu-reuse. Et puis à 22h, en passant devant le miroir, je me suis dit "mmh, il faudrait raccourcir un tout petit au dessus de l'oreille, pour que ça fasse un arrondi plus doux."

JE LE SAIS, POURTANT, QU'IL NE FAUT JAMAIS FAIRE DES RETOUCHES À QUOI QUE CE SOIT À 22H QUAND ON EST CONTENT DE CE QU'ON A PRODUIT DANS LA JOURNÉE! QUE CE SOIT UNE AQUARELLE, UN BRICOLAGE, UN POWERPOINT DE CONFÉRENCE OU UNE PUTAIN DE COUPE DE CHEVEUX!! JAMAIS!

Vous la voyez venir, là, la suite de l'histoire? Juste avant de relancer la tondeuse pour une mini-micro-pico-retouche au dessus de mon oreille droite, je vérifie le réglage, il est à 1 mm! Je me dis "ouhlala, je l'ai échappé belle, didonc, faut bien remettre à 23 mm, ahah, ça aurait été con de me raser le côté de la tête à blanc uhuh."

J'ai oublié de remettre le sabot.

Of course.

Y a au moins 5 personnes qui m'ont dit "Ah, c'est une erreur classique, tout le monde la fait!"

Ben voyez, j'aurais bien aimé être moins prévisible, moins comme tout le monde, sur ce coup là. Plus disruptive. Parce que là, le carré tout blanc juste au dessus de l'oreille, j'ai trouvé ça moyen glop (bon en vrai, j'ai pris un fou rire, parce que c'était tellement n'importe quoi).

Je vous passe les détails, mais en gros, pendant une heure, Nawimba et moi on a essayé de rattraper l'affaire, en se marrant comme des baleines. Clairement, il n'est pas plus doué que moi pour faire un dégradé à la tondeuse. On a appris qu'étrangement, coiffeur, c'est comme instit, nounou, cueilleur de fraise ou ministre de l'éducation nationale, ça s'improvise pas. Tous ces beaux enseignements de cette crise qu'on aura tirés ohlala, c'est magique.

Du coup, le soir même, j'avais un quart droit de la tête à 1 ou 2 mm, le reste du pourtour à environ 1 cm, et le dessus à 2 cm. Ça ressemble à rien. Ça me donne l'air vaguement guerrier, et ça fait ressortir mes cernes. J'ai l'air d'une skinhead zombie, c'est très seyant.

Conséquences immédiates: mon fils ne peut plus du tout me tirer les cheveux (c'est cool). Il est maintenant hors de question que je fasse des visio conférences avec mes étudiants (c'est ptet moins cool, encore que, j'en sais rien). Je suis pas très motivée pour sortir, et contente de ne pas être obligée de me déconfiner le 11 mai.

Cela dit, ça repousse super vite, et par ailleurs, on s'habitue assez vite. Et les sensations sous la main sont assez agréables, je dois dire. L'étourneau a l'air de penser la même chose. Il ne tire plus, mais il passe pas mal de temps à tripoter les différentes zones, j'ai l'impression d'être un tapis d'éveil avec des matières pour développer le sens du toucher. En moins coloré.

Bon, on aura bien rigolé sur cette histoire, qui restera dans les annales familiales, je pense. Et ça a fait rigoler aussi mon entourage, c'est toujours ça de pris, en ce moment :)