dimanche 24 octobre 2021

Les gens

Dans le corpus d'idées moches ou pas fun, et en tout cas fausses, que je me suis longtemps trimballées à propos de moi-même, il y avait notamment "j'aime pas les gens".

Je disais il y a quelques jours à l'un d'entre vous que, la plupart de mes relations amicales étant entretenues par le biais d'internet, je n'avais pas tant souffert que ça, socialement, des deux dernières années. Certaines de mes connaissances ont failli crever de solitude, je le sais. Et ce n'était pas mon cas.

Cela dit, je dois bien reconnaître ces derniers temps, à plein d'indices, et notamment à mon avidité à l'idée de rencontrer IRL des gens connus sur les réseaux sociaux, que ça m'a manqué.

Les gens.

lundi 18 octobre 2021

Visage, corps et âme

Envie d'écrire un truc sur mon corps ce soir.

Dans le cadre d'un projet de vulgarisation scientifique avec des enfants, on m'a demandé une photo de profil à mettre sur la page web, pour faire la comm' du projet. J'avais rien de récent sous la main, donc j'ai tenté à quelques reprises de prendre des photos de ma tête, avec des résultats pas toujours ravissants (comprendre: j'étais pas ravie de les voir).

Parce que je constate à quel point mon visage est fatigué. Depuis deux ans, je crois. Ou cinq. Ou 10, je ne sais pas. Un truc pas simple est de constater le vieillissement de mes traits. Pas tant parce que ça signifie que je vieillis. Je suis assez à l'aise avec cette idée, et je ne me trouvais souvent pas très jolie jeune non plus, de toute façon, y a rien de perdu de ce côté là. J'ai le visage d'une femme de mon âge, rien de tragique là dedans.

Ce qui est dérangeant, en revanche, c'est qu'il a pas mal changé en peu de temps. Et que j'ai parfois du mal à le reconnaître. J'ai vécu longtemps avec l'idée que je n'avais pas changé de tête depuis l'enfance, que quelqu'un m'ayant vue à 4 ans pouvait encore me reconnaître à 30. Je ne suis pas sûre que c'est encore vrai.

J'ai eu un moment comme ça, il y a quelques années, lorsque j'ai perdu 10 kilos en quelques mois, sans le vouloir du tout. C'était désespérant, pour moi, de perdre ce poids, alors que la seule chose que je souhaitais, c'était en prendre. Mon corps ne parvenait pas à conserver une grossesse plus de quelques semaines, et moi je fondais. Et j'ai vraiment eu une période un peu compliquée. Moi qui m'étais toujours vécue trop ronde, je trouvais insupportables ces creux dans mes clavicules et au niveau de mes genoux. Ou.. peut-être pas insupportables, mais irrémédiablement étrangers. Séparée de mon corps par cette incapacité à rester enceinte.

Quelqu'un m'a proposé de poser nue pour des photos à ce moment là, et j'ai oscillé, entre l'idée que ça me permettrait peut-être de me recomposer une image de mon corps, et l'impression que je ne pourrais rien donner de "vrai", tellement j'étais en guerre avec lui.

Et puis j'ai fini par l'avoir, mon deuxième bébé. Une grossesse un peu rude, beaucoup moins confortable que la première menée à terme. Trois derniers jours de contractions, interminables et douloureux. Et un accouchement qui est arrivé pour moi comme une réconciliation, avec mon bébé bastonneur et frondeur, et avec mon corps aussi, qui pour le coup, a fait ce que j'attendais de lui à la perfection.

La crise sanitaire est arrivée très vite après, dure pour tout le monde, physiquement, et psychologiquement. Mon fils vient d'avoir deux ans, et ça me paraît surréaliste.

Et donc là, d'un coup, je regarde mon visage sur l'écran, et il est le témoin parfaitement fidèle de ces dernières années, je crois. Marqué à la mesure de ce que j'ai encaissé. Et en même temps, ça me demande quand même un réajustement, parce qu'il n'est plus conforme à l'image de moi que je trimballais dans ma tête. Je le vois tous les jours dans le miroir, mais j'ai d'un coup l'impression de le (re)découvrir.

Alors même que j'ai complètement réintégré mon corps, pourtant lui aussi assez différent de ce qu'il était avant mes grossesses. J'imagine qu'il y a encore un palier, et qu'une fois qu'il sera passé, je serai repartie pour quelques années à connaître ma tête.

Mais en attendant, c'est qui cette dame, sur l'écran?

vendredi 14 mai 2021

Une rencontre, enfin

Nawimba a deux frères, de deux et quatre ans plus jeunes que lui. Ils ont vécu très différemment la naissance du Moineau, première fille du frère aîné. Le plus âgé des deux était enthousiaste, l'a portée, y compris en écharpe, l'a bercée, nourrie à la cuillère, a joué et parlé avec elle, beaucoup. Il n'a pas d'enfants, et il en voudrait, très fort, je crois. On n'en parle pas beaucoup.

Quand il a su qu'on venait vivre à 10 minutes de son boulot, il a mis une option sur la sortie d'école du Moineau, une fois par semaine. J'ai sauté sur l'occasion!

Le frère cadet de Nawimba, pendant des années, était beaucoup plus sur la réserve. Il refusait de porter le Moineau petite, il avait très peur de lui faire mal. Une fois, je suis arrivée et l'ai trouvé, seul avec elle dans les bras, tétanisé. Nawimba la lui avait collé dans les bras le temps d'aller faire un truc dans la cuisine. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi immobile... Il n'a jamais tellement joué avec elle, ne l'a jamais beaucoup taquinée. Il lui disait gentiment bonjour, et au revoir, et puis voilà. On n'a pas forcé, on s'est dit qu'entre ses angoisses, et le fait qu'elle le délogeait un peu de la place du petit dernier de la famille, il ne fallait pas le brusquer.

L'Etourneau est arrivé trois ans plus tard, et les choses, déjà, étaient plus détendues. Un peu, mais pas beaucoup. J'ai un souvenir de ce tout petit garçon, assis entre ses deux oncles sur le canapé, après le confinement, l'an dernier, et de m'être dit "Tiens, une image qu'on n'aurait pas eue pour la première bébée...".

Depuis quelques semaines, le frère cadet de Nawimba vit dans notre nouvelle maison. Ça nous arrangeait qu'elle ne soit pas vide pendant des mois avant notre emménagement, et ça l'arrangeait d'avoir un point de chute, à ce moment là. On se voit le week-end, c'est sympa. Et je le regarde vivre avec les enfants. Les observer, très précisément, comme s'il les découvrait, d'un coup, avec beaucoup d'attention. Il s'est émerveillé l'autre jour que l’Étourneau (18 mois, quand même), sache toucher les différentes parties de son visage si on les lui annonce (Ce qui me fait rigoler, parce qu'à 18 mois, le Moineau avait quelque chose comme 200 mots de vocabulaire actif, dont un grand nombre de parties du corps. Et il la voyait tous les week-ends...)

Il garde un œil vigilant sur lui, le suit discrètement quand il part faire le tour du jardin tout seul, en vacillant sur ses deux petites jambes flageolantes (tandis que ses parents épuisés ne réalisent même pas, une fois sur deux, que leur rejeton se fait la malle).

Et puis l'autre jour, il a emmené le Moineau au grand parc d'à côté. Il se sont perdus, et sont revenus tranquillement 15 minutes après le couvre-feu. Il avait essayé de la porter pour aller plus vite, mais m'a dit qu'il n'avait pas très bien su comment la prendre (tu m'étonnes... elle déborde de partout, ma grande gigue de 4-ans-presque-5). Le lendemain, on la lui a laissée deux heures pendant qu'on allait faire une course avec le bébé. Ils sont allés à la boulangerie, se sont re-perdus, et ont fait le tour du quartier. Il la laisse de temps en temps toucher son piano. Il s'affole quand le bébé la tape, désemparé de ne pas savoir comment intervenir..

Il lui dit de finir son assiette quand elle parle trop, lui qui est toujours le dernier à terminer la sienne, parce qu'il ne peut pas manger tant qu'il n'aura pas épuisé les mille questions qui l'agitent (et d'un coup, d'un coup, je vois l'immense ressemblance entre ces deux là, qui ne m'avait jamais frappée).

Il s'étonne à voix haute qu'elle l'aime, alors qu'il n'a "vraiment rien fait pour" (sans se rendre compte que les hommes qui ne cherchent pas à forcer son affection sont justement ceux en qui le Moineau a le plus confiance...).

Il parle beaucoup d'eux à ses parents, qui sont au courant de tous les petits détails les concernant, par son entremise.

Il appelle l’Étourneau "mon grand" et le Moineau "ma puce".

C'est terriblement émouvant de regarder ce grand-ancien-petit-garçon s'installer tout à coup dans sa place d'adulte, au contact de mes deux piou-pious, qui eux, trouvent ça parfaitement naturel.

Hors de caractère

Hier, en arrivant dans la chambre du Moineau, je la vois quitter son lit avec une feuille toute gribouillée, et un stylo à billes. Je commence à lui dire "Je voudrais que tu n'ailles pas dans ton lit avec des stylos ou des feutres, si tu oublies de les reboucher, ça va faire des tâches sur les..MAIS MOINEAU T'AS GRIBOUILLÉ SUR LES MURS AU STYLO?" (faudrait des majuscules plus grandes).

Elle fait un petit sourire contrit.

"MAIS TU SAIS QUE C'EST UNE BÊTISE !?"

Elle acquiesce.

On était un peu fâchés (enfin surtout jusqu'à ce que j'arrive à faire partir les 4 ou 5 grands gribouillis noirs avec une éponge magique..), mais surtout éberlués. Cette gamine qui va sur ses 5 ans n'a jamais écrit sur les murs. Ça a dû lui arriver deux fois d'utiliser un crayon sur autre chose qu'un papier (dont une sur une ardoise magique, avant de comprendre qu'elle ne devait utiliser que le stylet approprié).

On parle de punition, mais surtout, on lui demande ce qui lui est passé par la tête. Y a trop de marques différentes pour que ce soit juste qu'elle a dépassé de sa feuille en s'appuyant sur le mur, elle l'a fait en connaissance de cause. Elle ne veux pas expliquer. On reste sur notre perplexité (et je vous parle pas de la mèreplexité).

On décide d'une petite punition ensemble: elle n'aura que son doudou dans son lit pour une sieste et pour une nuit, au lieu de la tripotée de peluches et poupées habituelle. Mais quand même, je veux comprendre, c'est tellement étrange de sa part... Alors je repose la question le soir, au moment de se coucher. Et là, elle m'explique.

Elle apprenait à ses amis imaginaires à écrire et comme ils n'avaient pas bien fait leur travail sur la feuille, elle a voulu leur remontrer comment on fait. En écrivant au tableau. Comme la maîtresse. Elle a oublié que c'était une bêtise d'écrire sur le mur. Ce qui est évidemment à mes yeux la seule raison valable d'écrire sur un mur, même repeint il y a moins de deux ans, même à deux mois de vendre la maison.



Je suis redescendue rassurée et un peu rigolarde: le monde était revenu à sa place, la bêtise était finalement parfaitement Moineau-compatible.

dimanche 2 mai 2021

Se cramponner aux petites satisfactions

Beaucoup de choses merdiques dans ces derniers jours. Célébrons donc les choses qui ont BIEN marché...

- On a fêté l'anniversaire de Nawimba, qui a eu l'air content de ses cadeaux...
- J'ai rebouché beaucoup de fissures sur les murs du salon. Chaque petite étape nous rapproche du moment où cette pièce sera repeinte et meublée (On ne peut faire que très peu de choses à chaque fois qu'on passe dans la maison, la pièce est grande, c'est long, mais on essaye de pas se désespérer).
- Nawimba a réussi à nous concocter un repas sympa hier soir alors qu'il n'y avait pas grand chose dans les placards et que 1er mai oblige, c'était difficile de faire des courses.
- Les enfants dorment très bien dans la nouvelle maison. Grosses nuits pour les deux, grosses siestes pour le bébé.
- Ils y jouent aussi très bien. Ils se disputent plutôt moins, et on peut les laisser tous les deux en autonomie dans la salle de jeu pendant un long moment, et ça soulage.
- Après des heures à chercher, Nawimba a réussi à localiser l'endroit où la ligne téléphonique arrive dans la maison. Il nous fallait impérativement l'info pour l'arrivée du technicien de la fibre ce jeudi.
- La première rose du jardin a éclos, elle est belle, et elle sent merveilleusement bon (le litchi). Il reste trois ou quatre rosiers dont j'ignore la couleur...

Première rose de mon jardin, mai 2021

- Les orangers du mexiques embaument aussi au fond du jardin.
- J'ai collé des petits patins sur différents placards que l'Etourneau aime claquer: ça fait moins de bruit.
- On a monté un petit meuble à l'étage, ça nous a permis de faire une table à langer correcte pour l'Etourneau, on en avait marre de se péter le dos à le changer par terre.
- Ma belle-mère m'a apporté une grande caisse en plastique où j'ai pu FOUTRE ENSEMBLE TOUS CES PUTAINS DE PLAYMOBILS REPARTIS PAR SES SOINS DANS TROUZE MILLE SACHETS ET MICRO-BOITES (les chapeaux ensembles, les armes ensembles, les chevaux ensemble, les ustensiles de cuisine ensemble, etc.. j'aime énormément ma belle-mère, mais on n'a pas les mêmes techniques de rangements de jouets).
- Le Moineau a pris un bain seule (on n'a pas de baignoire dans l'ancienne maison), s'est lavée et a shampooiné ses cheveux seule. Je n'ai eu qu'à rincer, et à m'occuper de la sortie. Même quand elle s'est mis du savon dans l’œil, elle a résolu le problème toute seule. LE. PIED. (Sérieusement, je chouine régulièrement sur ma nostalgie des tous petits bébés que je ne porterai plus dans mon ventre et contre moi gnagnagna, mais les enfants grands, quel bonheur aussi...).

Bon, et puis les petits mots gentils de plein de gens sur twitter, vendredi soir et samedi matin, pendant et après ma grosse déprime. Je repense à mon psy qui me disait il y a quelques mois que ce qui se passait en ligne ne relevait pas d'une vraie sociabilité. Je n'aurai jamais pu le convaincre du contraire, mais je m'en fous bien, parce que moi, je sais. Heureusement qu'il reste ça, et vous, dans cette période merdique, quand même...

jeudi 29 avril 2021

Virevoltante

En fin de repas, ce soir...

"- Vous savez parfois, j'ai des idées bizarres dans ma tête, mais je les dis pas.
- Ah bon? Quoi par exemple?
- Par exemple, je me demande comment les vendeurs de jouets ils fabriquent les jouets...
- Ah ben c'est une très bonne question, ça!
- Et aussi, si j'étais un fruit, est-ce qu'on me mangerait?? Moi je serais une orange. Non! Une clémentine. Si j'étais une clémentine, je me mangerais. Et alors les vendeurs de jouets, ils font comment?"

S'en sont suivies de longues explications sur les usines, les machines qui servent à faire les vélos, les machines qui servent à faire les machines qui font les vélos, les gens qui fabriquent des jouets en bois.

L'autre jour, je discutais avec elle des travaux qu'on voudrait peut-être faire pour créer une chambre à partir de ce qui devrait d'abord être une salle de jeu dans notre nouvelle maison. Il faudrait mettre une cloison qui réduirait la pièce, qui est actuellement presque deux fois plus grande que l'autre chambre. Ça ne nous plaît pas, qu'un de nos enfants ait deux fois plus d'espace que l'autre. Le Moineau est CONTRE. Elle ne veut pas de travaux, pas de cloison, rien. Je lui explique nos raisons, elle me dit "Mais elle est pas si grande que ça, la salle de jeu, hein!" Je dis "Beaucoup plus que l'autre pièce, quand même!" "Oui mais par rapport à toute la Terre, c'est tout petit quand même! C'est rien du tout! Alors tu vois!"

Ce qui est marrant avec les enfants de l'âge du Moineau, c'est que tu sais JAMAIS dans quelle direction la conversation va partir. C'est pas un Moineau, qu'on a, en fait. C'est un vol entier de petits piafs virevoltant au gré des idées, des sensations, des questions, des angoisses, des joies.

Faut être vif du neurone, pour suivre, et parfois, on se sent tous balourds, à côté. Mais des balourds un peu fiers, alors ça va.

samedi 13 février 2021

Kiri vert

Depuis 10 jours, l'Etourneau ne veut quasiment plus boire son biberon. On parle donc ce matin de remplacer par du fromage, on se demande ce qu'on peut lui donner le matin. Du camembert? du Kiri?

Le moineau intervient et dit qu'elle voudrait bien qu'on achète des Kiris verts, comme chez Papy et Mamie. Pas la première fois qu'elle en parle, mais on n'avait pas trop fait gaffe jusque là. On lui demande si elle parle des kiris à la chèvre (pas souvenir d'avoir vu ça chez mes beaux-parents, mais on sait jamais..). Je lui montre une photo sur le net.

- Non! Les kiris ronds!

- Mais y a pas de kiris ronds. Des Ptits Louis?

- Nooon, des kiris verts, là, ronds!

- Mais attends, il est comment l'emballage?

- Y a pas d'emballage!

- ?? mais c'est le fromage qui est vert?

- Nan mais y a pas de fromage!

- ? ? ? ?

- LES KIRIS RONDS! VERTS!

- Mais c'est quoi, si y a pas d'emballage, et qu'il y a pas de fromage, non plus?

- MAIS C'EST UN FRUIT!! (A ce stade là, elle était vraiment en mode "mais vous êtes complètement débiles ou quoi?").

Ah.

- Un kiwi?

- OUIIIIIIIIII!

On finit toujours par se comprendre. La question, c'est combien de temps (et d'énergie, et de patience) on met.

mercredi 2 décembre 2020

Un problème, une solution

J'ai craqué, l'autre jour. Ça faisait plusieurs fois que je disais au Moineau de ranger, que j'en avais marre d'éviter les jouets dans le chemin, que c'était dangereux, qu'on pouvait glisser et se faire mal (elle le sait, d'ailleurs, ça lui arrive bien plus souvent qu'à moi, vu qu'elle regarde pas du tout où elle met les pieds). Qu'on risquait de casser des jouets. Que l’Étourneau risquait de les mettre à la bouche, de déchirer des morceaux, ou d'en perdre. Que j'en pouvais plus de vivre dans le bordel. Que je voulais que l'espace commun soit dégagé avant le repas.

Et que ça n'avait aucune espèce d'effet.

Alors j'ai attrapé un sac poubelle, et j'ai commencé à enfourner tout ce qui traînait dedans. Crise mémorable de la gamine, évidemment. Du coup, au bout de quelques minutes de hurlement, quand tout a été ramassé, j'ai dit que je n'allais pas jeter le sac. Pas tout de suite en tout cas.

Mais que je voulais qu'on trouve une solution ensemble. Parce que les solutions concernant le bordel chez nous, je m'évertue depuis des années à en trouver, en pure perte. J'ai des idées, je les mets en place, j'organise tout très bien.... toute seule... et comme je suis la seule dans l'histoire, personne d'autre que moi n'en a rien à secouer.

Donc j'ai dit que je voulais que les idées viennent de quelqu'un d'autres, parce que je ne voyais pas comment les impliquer autrement. La môme a continuer à renifler et chouiner, sans trop moufter. Je suis sortie de la crise avec un sentiment de frustration un peu désespérée.

Le lendemain, sur le chemin de l'école, elle m'a dit "Tu sais, la maîtresse, elle nous met une musique! Pour ranger!"

Alors depuis quelques jours, on fait ça. Un peu avant l'heure du repas, on met de la musique qui bouge, et on range. Tous ensemble. Enfin tous ceux qui sont là. Le bébé fait même parfois sa part, même si ce n'est pas très efficace. Et on danse tous ensemble en même temps. En général il nous faut une chanson et demie pour tout ranger. Moins de 5 minutes. Alors que normalement, il faut un temps infini pour obtenir que trois cubes et deux fruits en plastiques rejoignent leurs caisses respectives.

Ça marche vraiment très bien. Pour l'instant. Je sais bien qu'il ne faut pas crier victoire trop vite. Mais tout répit est bon à prendre, je ne crache pas dans la soupe. Et je suis vraiment contente que la solution soit venue d'elle. Ca lui fait du bien, je pense, et ça la motive d'autant plus.

Prochaine étape: obtenir que Nawimba jette les couches sales au lieu de les laisser traîner là où elles ont quitté les fesses enfantines. On y croit.

vendredi 6 novembre 2020

Rêve(il)

La nuit avait mal commencé. Je me suis couchée pas bien, énervée, déprimée. En colère ensuite parce que la môme m'a fait relever en chouinant pour un truc pas du tout urgent. Insomnie de début de nuit, pas moyen d'arrêter de me tourner, pas moyen d'arrêter mon cerveau de ressasser.

Le sommeil a fini par venir, et la nuit est passée.

Ce matin, juste avant que le réveil sonne, un joli rêve. J'accouchais, de façon un peu inopinée, d'un troisième bébé. Il glissait sereinement de moi, sans me faire mal, je le récupérais, il était là. Tout rond et tout rose, ne ressemblant ni à Nawimba ni à moi, ni à aucun des deux bébés précédents. Mais je le reconnaissais quand même. Il avait l'air un peu étonné d'être là (et moi donc !). Je l'ai montré à Nawimba, et le rêve s'arrêtait quasiment là, je crois: nous, papouillant ce tout petit bébé dans l'ascenseur qui nous emmenait dans la chambre de la maternité. Que du bonheur et du paisible, dans ce rêve. C'était drôlement bien. Du coup, je suis restée 15 minutes de plus au lit, à le repasser dans ma tête pour en profiter encore un peu.

Et puis j'ai commencé la journée, j'ai réveillé les enfants, il y a eu 5 minutes de tranquillité.

Et ensuite ils se sont chargés manu militari de me rappeler pourquoi deux enfants seulement, c'est bien, en fait.

vendredi 16 octobre 2020

Etourneauversaire

L'Etourneau, alias Jean-Crado, alias Terminator, alias Attila, alias (en vrac) bibou, didou, lilou, pipou, L'Etourneau, donc, aura un an ce soir (à 21h26, soyons précis).

Il a toujours ses grands yeux et ses grands cils, toujours pas beaucoup de cheveux, toujours un sourire des plus canailles. Toujours tout mince et très tonique. Très grand et très petit, évidemment. Il aime bouffer, parler, sucer son pouce, jouer avec sa sœur, tirer les cheveux de sa sœur, escalader tout ce qu'il trouve, ouvrir les portes petites et grandes, vider les placards, les étagères, les boites, le bureau de sa mère. Parfois aussi il remet des trucs à leur place, mais c'est malheureusement beaucoup plus rare. Il aime aussi les roues, les lunettes, les guilis, les bisous-prouts, la musique en général, et les chansons en particulier (il commence à se dandiner en rythme, c'est excessivement choupi), les livres.

C'est un petit garçon sociable, très rigolu, en général de bonne humeur. Un peu plus rouspéteur que quand il était tout petit, quand même, mais comme il part de très loin, il a de la marge avant d'être taxé de "gamin relou".

Il ne marche pas encore, mais tient très bien debout et se déplace extrêmement rapidement.

Il dit quelques mots reconnaissables, et un certain nombre de trucs qui ont l'air d'être des mots (forme très répétitive), mais dont on identifie pas le sens. Dans ce qu'on comprend, "donne" est le plus saillant, ces derniers jours ("ça! donne!").

Ces dernières semaines, il a testé et kiffé: la raclette, les makis végétariens, la soupe, les fajitas, le fromage qui pue. On aura eu beaucoup de chance avec nos deux enfants, de ce point de vue là (par contre, entre lui et sa soeur, l'endroit où on mange est une zone sinistrée trois fois par jour.)

Cette première année aura été étrange, même s'il ne rend évidemment pas compte. Il fait partie de ses bébés qui n'auront vu les gens extérieurs à son cercle familial (+ nounou) que masqués. Contrairement à d'autres qui étaient un peu plus grands en mars, et qu'on sent encore inquiets quand débarque une personne masquée, l'Etourneau n'a aucun problème avec ça.

Les premiers mois d'un bébé, c'est toujours un peu étrange, du point de vue du temps, je pense. Il y a toujours une espèce de distorsion, entre le "ça fait tellement peu de temps qu'on est ensemble qu'on est obligé de se découvrir encore beaucoup", et le "il s'est passé tellement de choses depuis la naissance, ohlala on dirait que ça fait des siècles".

La crise sanitaire et le confinement ont encore accentué ce truc-là, pour moi. J'ai du mal à croire qu'il n'a qu'un an, et j'ai en même temps l'impression qu'il me manque un morceau d'année, qu'il ne peut pas avoir déjà un an. Et la tristesse toujours que mes proches ne le voient pas vraiment grandir, au quotidien.

J'alterne aussi entre la joie de le voir grandir et progresser (et le soulagement de pouvoir se débarrasser petit à petit des fringues de bébés et du matériel de puériculture encombrant) et un peu de nostalgie, à l'idée que voilà, la période de fusion avec un nourrisson, c'est bel et bien fini. Il est déjà bien parti sur le chemin de l'enfance, en route pour devenir un petit garçon. Je n'allaite quasiment plus, non plus (il fait en général 2 minutes de tétée le matin le temps que son père arrive avec le biberon, et n'hésite pas une seconde entre le sein et le biberon quand il a le choix :D). Ça aussi, c'est à peu près terminé, "pour toute la vie", comme dirait le Moineau. Ça marque la fin d'une période, un peu entrecoupée, mais finalement assez dense, qui dure depuis juillet 2015: le temps où mon corps a été mis à contribution très directement pour fabriquer et nourrir des bébés (ne nous leurrons pas, il va rester encore assez longtemps à disposition de mes enfants grandissants, il les portera, sera escaladé et un peu malmené pendant encore quelques années. Mais ce n'est pas tout à fait pareil).

Une année à 4, déjà. Ca me paraît surréaliste. Mais pas à lui, hein! Lui, il avance d'un pas décidé (bien qu'un peu vacillant, encore..), et il ne se laissera ralentir par rien. En route vers la suite, hop, hop, hop!

vendredi 25 septembre 2020

Petite roublarde

Cet après-midi, je récupère la gaminette à l'école. Au moment où on s'éloigne dans le couloir, la maîtresse me dit quelque chose comme "Ah oui, elle a fini en arc-en-ciel!". Comme j'avais à la main un dessin très coloré que venait de me donner ma progéniture, je pense que c'est de ça qu'elle parle, et réponds en rigolant "Oui oui, ça fait un an qu'elle est à fond sur les arcs-en-ciel!"

C'était pas ça du tout.

Le Moineau m'a expliqué sur le chemin. Elle avait été tellement sage toute la journée (semaine?) qu'elle a fini en haut du genre de tableau d'honneur qu'ils ont dans la classe, toute seule dans la case "Arc-en-ciel" qui va lui donner le droit de faire chais pas quoi la semaine prochaine (choisir l'activité qu'ils vont faire en sport ou un truc du genre, je crois). Consécration ultime. Bon, nous on est pas hyper enthousiastes sur l'idée de tableau de comportement surtout s'il sert à classer les élèves entre eux, mais passons. La gamine était contente. Très bien.

Plus tard, elle me raconte au détour d'un pliage de linge: "Tu sais, j'ai cassé le loup (en légo) de R. Et il l'a dit à la maîtresse, mais je lui ai dit que j'ai pas fait exprès." Sauf qu'en lui tirant les vers du nez, je finis par comprendre qu'elle a cassé le loup de R. parce que lui même essayait de lui casser sa propre construction en légo.

Hum. Donc une petite bêtise, et surtout un petit mensonge... mais la maîtresse l'a crue, ça ne lui a donc pas coûté son statut arc-en-ciel.

Encore plus tard, on raconte à Nawimba que sur l'un de ses dessins, le joli bonhomme, ce n'est pas elle qui l'a dessinée, mais sa copine E. "Mais j'ai dit à la maîtresse que c'était moi", dit-elle, assez contente d'elle.

Hum Donc, une petite bêtise, et (au moins) DEUX ptits mensonges dans la journée. La maîtresse est apparemment assez prompte à gueuler, punir, rouspéter, et mettre les enfants dans la case ROUGE du tableau de comportement ("Rouge c'est pas bien. M. et A., ils ont pleuré quand ils ont été en rouge!"). Mais là, elle n'a rien vu, rien entendu, rien dit. Pas remis en cause la version du Moineau. "Ah, s'ils étaient tous comme elle ...". Et pif-pouf, arc-en-ciel.

Rien de très grave, mais quand même, on voit assez bien comment ça se met en place, les privilèges.

mercredi 23 septembre 2020

Saturation

Il y a la rentrée à préparer. 40 mails en moyenne à envoyer par jour, avec à chaque fois, des informations à vérifier, des codes à entrer, des liens à retrouver, des noms à lister, des réunions en visio à programmer. Depuis 15 jours, ça n’arrête pas.

Il y a le suivi des étudiants, quasiment individuel, pour ne perdre personne avant même que les cours commencent. Réunions de pré-rentrée en présentiel, et une autre en visio. Tests individualisés du logiciel de visio avec tous ceux qui ne sont pas venus à celle en visio. Résolutions des problèmes d’inscription pédagogiques pour que tout le monde ait accès à la plateforme d’enseignement à distance. Envoi des liens et des documents par mail en attendant qu’ils y aient effectivement accès. Les étudiants des autres qui me posent des questions, aussi, parce que visiblement, y a des trucs basiques qui n'ont pas été assez clairement expliqués.

Il y a les cours à préparer, dont un complètement nouveau pour moi, sur un sujet que je ne maîtrise pas, avec un programme qui m’a été plus ou moins imposé, et avec lequel je ne suis pas vraiment en accord. Avec plus d’étudiants que d’habitude (3 à 10 fois plus, selon les cours), des étudiants que je ne connais pas. En distanciel. En essayant de ne pas faire de la merde. (ave le bébé ou la grande dans les pattes, donc).

Il y a le nouvel ordi, qui me facilite le travail (parce qu’il ne plante pas tout le temps, qu’il est plus léger, que je peux enfin ré-accéder au scanner), mais sur lequel je n’arrive pas à faire l’ensemble du transfert de mes données par manque de temps. Du coup j’ai toujours le cul entre deux chaises, et les mains entre deux claviers.

Il y a l’article en anglais que la copine non francophone (et non anglophone) doit rendre bientôt, et pour lequel elle a besoin de corrections intensives.

Il y a les enfants. Les deux à préparer le matin quand Nawimba commence tôt. Les deux à aller chercher le soir car il rentre toujours tard. Les enfants à garder à la maison quand il y a de la fièvre ou le nez qui coule. Ou quand la nounou est absente, ou malade (trois fois en deux semaines, et ce coup-ci, pour une semaine). Et si la grande a une certaine autonomie, le bébé doit être surveillé à peu près en permanence, car il explore très activement, démonte la maison, et se met parfois en danger.

Il y a les contrats et les fins de contrats des nounous à gérer, celui de la garde de la grande pendant le mois d’août, celui de la garde du petit par une nounou remplaçante pendant que l’habituelle était en vacances. Beaucoup de paperasses, des calculs relous, des formulaires pas clairs où rien ne rentre jamais dans les clous, des coups de téléphone à Pajemploi.

Il y a les sollicitations de l’école. Amener un goûter (des fruits) pour 26 enfants. Signer le cahier tous les soirs, ramener le cahier, ne pas oublier. Donner trois dates auxquelles on peut prendre la mascotte et faire des trucs sympas à l’extérieur avec elle pour servir de support à une activité en classe. La réunion de rentrée. Prendre la température tous les matins.

Il y a les rendez vous médicaux à prendre. Podologue et dentiste pour moi, vaccin des 11 mois pour le bébé, les allers-retours à la pharmacie, la reprise du psy.

Il y a les lessives, nombreuses, parce que l’Etourneau (alias Jean-Crado) apprend à manger seul et se traîne par terre, et que le Moineau (aka Mimi-Bouillie) continue à manger assez salement, se crayonne sur les vêtements, veut boire avec ses mains et s’innonde systématiquement, et marche dedans, et.. bref, des enfants. Le linge à trier, plier, ranger.

Il y a les pommes qui pourrissent à terre dans le jardin, parce que pas le temps, parce que les guêpes et les frelons asiatiques (et un rat ce matin). Ca pue jusque dans la rue, il faudrait s’en occuper, mais bordel, J AI PAS LE TEMPS. Et là, le raisin va commencer à tomber aussi par terre.

Il y a la maison dégueulasse qu’on arrive pas à nettoyer vraiment, qu’on fait par petits morceaux, toujours un peu les mêmes, pendant que le reste sombre. Les sacs de couches qu’on tarde à descendre et qui empuantissent le bureau (parce qu’on arrive quand même encore à les sortir de la chambre des enfants, pour qu’ils ne dorment pas dans l’odeur de caca). Les chiottes qui fuient toujours.

Il y a la fatigue accumulée depuis 18 mois. Le bébé fait ses nuits, enfin, depuis le mois d’août, mais la fatigue ne se résorbe pas. Le mal de dos. Le mal de pieds, avant les semelles, puis, différent, à cause des semelles (mais je sais que ça va s’arranger. Mais j’ai mal, quand même).

Il y a l’inquiétude liée au COVID. Pour le pays, pour le département. Pour nous : qu’est ce qu’on va faire en cas de reconfinement, comment on va bosser avec les enfants derrière nous ? Ou même si on n’est pas reconfinés : il suffirait que l’école soit fermée pour que ce soit hyper galère (pour moi).

Il y a la tristesse, parce que l’Etourneau va avoir un an dans quelques semaines, et qu’on ne pourra pas fêter son anniversaire avec mes parents, ni même probablement correctement avec mes beaux-parents (avec qui on essaye de limiter les contacts en intérieur au maximum).

Je sature, un peu.

jeudi 2 juillet 2020

Illumination parentale

J'ai compris. J'ai ENFIN compris.

Après 4 ans à vivre au milieu des jouets, je viens de piger pourquoi la majorité des jouets de premier âge produisent des bruits. Des grelots, du plastique crissant, que sais-je encore.

Toi, dans ta grande naïveté de jeune parent, tu penses que c'est pour le sacro-saint EVEIL de ton enfant, que ça va le stimuler, le rendre super intelligent d'avoir un truc qui lui fait dingdong dans les oreilles en continu. Éventuellement, au bout de quelques mois, tu percutes que ça t'offre aussi une aide inespérée dans les cas où tu as besoin que ton lardon se tienne tranquille, genre sur la table à langer. Parce qu'il faut le savoir, entre 6 et 8 mois, les bébés développent une capacité hors norme à se trouver à la fois dans 5 plans différents. Toi t'as besoin d'avoir les fesses et le dos approximativement à plat sur la table pour pouvoir fermer cette putain de couche rognntiiiiddddjuuu , et lui il défie les lois de la géométrie tranquillos 6 fois par jour. Alors tu lui colles un jouet pouic-pouic entre les pattes, et t'as vaguement une chance qu'il se tienne à plat dos 6 ou 7 secondes d'affilée le temps d'attacher la couche (et de ré-enfiler le pantalon, si tu as vraiment le cul bordé de nouilles.)

Mais en fait non. L'utilité ultime du jouet à grelot, c'est pas ça.

En vrai, le moment où ça te sauve la vie, c'est quand ton môme commence à ramper efficacement (comme l'Etourneau depuis quelques temps), et que tu dois le laisser quelques minutes (ou secondes) dans une pièce, seul. L'idée, c'est d'avoir plein de jouets qui font du boucan. Et de les parsemer stratégiquement tout autour de lui. Quand tu entends "bling bling" (ou pouet pouet, ou tut tut, t'as compris le principe), tu sais que l'armée ennemie s'est mise en marche, et qu'elle s'apprête à franchir les frontières de la zone autorisée. Au bout d'un moment, tu parviens même à identifier QUEL jouet est en train de couiner, et quel azimuth l'armée en question a choisi. Et du coup, tu peux passer pour un medium auprès de ton aînée en gueulant depuis la cuisine "Oh! C'est interdit de bouffer les roues de la poussette!" ou "Bibou, si tu lèches encore une fois la semelle d'une chaussure, je vais me fâcher!". Bon, il faudra quand même que tu te déplaces, parce que le bébé, lui, il s'en tape. Voire, s'il est comme le mien, ça a plutôt tendance à lui faire accélérer la cadence. Une fois qu'il se sait repéré, il se grouille encore plus pour arriver à faire sa connerie avant qu'on vienne l'arrêter. (Tout à l'heure, j'ai repéré à côté de la balle en tissu avec laquelle il jouait, un bout de carton par-fait pour être machouillé. J'ai dit "Ca c'est interdit, hein, tu le manges pas" en me levant. Le temps que j'arrive jusqu'à lui, il s'était jeté à plat ventre sur la balle et le carton, tout raidi, genre plaquage de rugby, pour m'empêcher de récupérer le truc et de le jeter.)

Voilà. Après on peut ptet envisager une solution à base de barbelés à grelot, pour les bébés les plus inarrêtables, je sais pas, faudrait réfléchir.

mercredi 1 juillet 2020

Petit Prince

Nawimba lit Le petit Prince avec le Moineau.

Du coup elle est venue me raconter où ils en étaient:

"C'est le petit prince, il trouve que sa fleur elle est toute bête et elle l'aime pas tout ça, alors il descend de sa planète. Mais au moment donné où il s'en va, elle lui dit "Mais non, je t'aime, je t'aime, je t'aime!" Alors il reste là, mais elle lui dit "Va t'en!" alors il s'en va.

C'est un peu triste quand même."

lundi 22 juin 2020

Retour en arrière?

Il y a certaines personnes sur Twitter avec qui je ne suis quasiment jamais en désaccord. Par exemple @Kozlika. Sauf aujourd'hui. Du coup, pour fêter ça, je me suis dit que j'allais développer dans une note.

Le premier tweet de Koz disait cela: périKozlika.png, juin 2020

Plus bas dans les réponses aux réactions que le tweet a provoqué, elle nuançait, et disait en gros avoir surtout du mal à comprendre pourquoi "notre" génération (je m'y reconnais en tout cas) accepte de se charger ainsi les barques "Charge mentale" "Douleur" "Temps" "Energie". Que ca lui semble un retour en arrière. Et que ça repose toujours sur les mêmes: les femmes.

J'entends assez bien tout ça, et je suis même d'accord avec elle sur certaines choses (notamment sur le déséquilibre entre hommes et femmes). Je crois que je ne mets pas tout dans le même panier (la question de la péridurale et l'allaitement, par exemple, sont des problématiques qui ont des points communs,mais pas tout en commun. Les petits pots et les couches lavables sont encore un truc différent pour moi.).

Pour dire d'où je parle: j'ai accouché sans péridurale, j'ai allaité ma fille jusqu'à 8 mois, et aimerais allaiter mon fils jusque vers 11 mois, 1 an (et oui, les nuits ne sont pas terribles). Ça nous est arrivé d'utiliser des couches lavables à certaines périodes bien spécifiques. J'ai préparé l'immense majorité des purées et compotes pour ma fille jusqu'à 1 an, et je fais pareil pour mon fils (il a un peu plus de compotes du commerce que sa sœur, je pense). Je précise aussi que j'ai un boulot qui me laisse relativement libre de mes horaires à plein de moments dans la semaine, normalement (c'est plus tendu d'habitude en ce moment, because la crise sanitaire).

Je crois que c'est pour ce qui concerne l'accouchement et la péridurale que je suis le moins en accord avec ce que disait Kozlika. D'abord parce qu'actuellement, y a environ 20% de femmes seulement qui accouchent sans péri, ce qui inclut toutes les femmes qui en voudraient mais ne peuvent pas en avoir, soit pour raisons médicales, soit parce qu'elles arrivent trop tard à la maternité (un deuxième ou troisième enfant qui arrive "trop vite", c'est courant). On est quand même loin de l'endoctrinement généralisé de la population sur la question.

Perso j'ai plutôt ressenti l'inverse. Il n'y a pas une personne à la maternité qui m'ait demandé SI je voulais une péri ou non. Tout le monde est toujours parti du principe que ce serait oui (c'était non, en fait, à la base, même si je ne m'interdisais pas de changer d'avis si l'accouchement durait trop longtemps, si je me sentais à bout, etc..).

Evidemment, il ne s'agit jamais entièrement d'un choix individuel, je sais pertinemment que je "coche" toutes les cases de la population type qui souhaite un accouchement "plus naturel". Ça n'en est pas moins pour autant un choix réfléchi. Je me vis comme une personne plutôt douillette, je n'aime pas la douleur, je fais en général ce que je peux pour l'éviter. Et en l'occurrence, j'ai eu envie d'essayer de faire sans péri, quand même, pour tout un tas de raisons. Si ca intéresse des gens, je peux redire ici ce que j'avais expliqué une fois sur twitter sur le "pourquoi" j'ai choisi de faire sans péridurale. Je ne le fais pas ici, parce que ça ne tient pas en trois lignes.

Pour résumer: l'accouchement avec péridurale me paraissait, les deux fois, beaucoup plus "subi" que l'accouchement sans. Je considère qu'accoucher sans péridurale m'a permis d'avoir deux accouchements rapides, sans trop de séquelles, pendant lesquels je me suis sentie en contrôle. Je me doute bien que plein de nanas auront un ressenti inverse: séquelles psychologiques d'avoir accouché sans péri, perte de contrôle, etc..

Pour moi, c'était plus confortable sans.

Et la douleur n'était pas, pour moi, insupportable. Deux heures après mon premier accouchement, j'étais littéralement prête à recommencer. Et pour mon second, mis à part les trois jours de contractions non efficaces (mais pas de possibilité d'avoir une péridurale de toute façon à ce moment là...), je garde un souvenir plus douloureux de mes hémorroïdes que de l'accouchement en lui même (oui désolée, j'ai dit un gros mot :D).

Alors évidemment, choix ou pas choix, influence ou pas influence de la famille, de la société, des médias, du lobby des sage-femmes au couteau entre les dents, c'est super dur à mesurer. Ce que je pense, moi, c'est qu'on a tou.te.s des représentations, des images, des idées. Et que les femmes qui accouchent avec péridurale ne sont pas moins influencées par tout un tas de trucs que les femmes qui accouchent sans. La question au final, c'est: est-ce que vous avez eu l'accouchement que vous vouliez? Est-ce que vous avez pu y prendre du plaisir, même un peu? Est-ce que vous en êtes satisfaite? Si oui, quelle importance ça peut avoir, que vous ayez été influencée dans un sens ou un autre?

Personnellement, je m'estime très très heureuse et chanceuse d'avoir eu, deux fois, des chouettes accouchements. Ca m'a plu. Et oui, même la douleur, parce que je l'ai vécue comme "utile", qu'elle m'a aidée à changer de position quand il fallait, etc.. Et oui, j'ai crié pour le premier accouchement, et non c'était pas très grave (même si ça a fait peur à mon amoureux, un peu, il en était nettement plus traumatisé que moi).

Et ça m'empêche pas de trouver très bien que d'autres femmes accouchent avec péridurale, si c'est leur choix. Ce qui me gave, par contre, c'est qu'on ne donne pas les clés aux femmes pour faire un choix éclairé. Et mon ressenti très subjectif et très partial, et très partiel, c'est que les femmes qui choisissent de faire "sans" sont en général mieux informées des conséquences (sur l'état de leur corps après l'accouchement, notamment) de leur choix que les femmes qui choisissent de faire "avec". C'est juste basé sur les femmes de mon entourage avec qui j'en ai parlé, c'est pas forcément représentatif, mais clairement j'ai des copines qui ont pas eu toutes les infos sur ce qui permet de préserver son périnée, par exemple.

Je pense que la seule option féministe est de dire que les femmes ont le droit de choisir comment elles accouchent, et de leur donner toutes les informations, les avantages et inconvénients de chaque méthode. Sans essayer de les effrayer ou de les endoctriner. Juste en les considérant comme des adultes qui peuvent décider de ce qui est le plus important, le moins douloureux pour elle, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Avec évidemment la dimension supplémentaire qu'un accouchement se passe souvent différemment de ce qu'on avait prévu, et que parfois, on est obligée de renoncer à certains de ses choix pour des raisons médicales.

Je pense que je parlerai dans une autre note de l'allaitement, des ptits pots, des couches, etc., d'une part parce que ça fait super long comme note, déjà, et d'autre part parce que la problématique est différente: Ce n'est pas une questions d'heures, mais de semaines, de mois, d'années. Et la question de l'implication des pères (et deuxièmes mamans, mais soyons honnête, ça va pas poser les mêmes problèmes de répartitions des tâches, dans la majorité des cas) est beaucoup plus importante.

dimanche 14 juin 2020

Grandes questions

Elle m'a vu prendre un doliprane, et la question a fusé "Tu veux pas de troisième bébé?". Et puis vite, les mains sur le nez et la bouche, comme prise en faute d'avoir dit un truc plus gros qu'elle.

Ça m'a prise un peu à froid, je dois reconnaître. Elle a passé les trois derniers mois à la maison, vu personne depuis mi-mars à part trois fois ses grands parents ce mois-ci.. Qui lui a parlé de pilule contraceptive?? Ca doit faire un moment que ça mijote dans sa tête.

Pas réussi à savoir d'où ça venait exactement ("J'y ai pensé toute seule"), mais j'ai quand même répondu que 1. Je prenais juste du doliprane parce que j'avais mal au dos, et que 2. Non, effectivement, on ne prévoyait pas d'avoir un troisième bébé (ce qu'elle sait, on en a déjà parlé..).

Et du coup, le soir, évidemment... avec l'air de parler à son reflet dans le miroir, derrière moi:

"Mais comment on fabrique les bébés?"

Alors j'ai demandé: "Ben toi, à ton avis, t'en penses quoi?"

Elle m'a répondu "On prend pas le médicament!"

"Alors effectivement, c'est un bon début, mais ça suffit pas. Comment on fait pour fabriquer les bébés? Et d'abord, est-ce que tu crois qu'on les fabrique vraiment?"

Elle a eu un air un peu perplexe,et elle a fait "Euh, pas avec la boite à outils, quand même?"

Je me suis retenue de commencer ma réponse par "En général", et j'ai juste dit "non". Et puis j'ai expliqué qu'en fait, pour ce qui est de la fabrication, ça se fait un peu tout seul ("il faut beaucoup manger, quand même!" m'a-t-elle interrompue), mais qu'il faut faire des choses pour que la fabrication commence. Et puis j'ai expliqué l'ovule et le spermatozoïde, et parce qu'elle est merveilleuse, et pour se laisser le temps, et pour nous laisser le temps, elle a changé de sujet avant que ne se pose concrètement la question de COMMENT ces deux-là peuvent bien arriver à se rencontrer :D

Plutôt contente de l'épisode, de mon côté :)

mercredi 10 juin 2020

Dur

Il y a encore une dizaine de jours, je me disais que je vivais nettement mieux la situation "COVID" que d'autres, que j'avais de la chance. Le confinement avait été un peu compliqué côté boulot, et y avait eu une période dure avec le Moineau, mais bon an mal an, on s'était arrangés pour faire tourner la baraque, avec une organisation un peu militaire de l'emploi du temps, heure par heure. J'y trouvais mon compte, repliée dans mon intimité familiale, avec mon amoureux et mes enfants, mes fleurs et mes plants de tomates.

Depuis dix jours, on souffre. On est débordés. La maison part en cacahuète. Deux chiottes qui fuient, deux points d'eau qui se bouchent. Le bordel qui s'accumule et que je n'arrive plus à résorber. Le bébé qui se déplace de mieux en mieux et porte tout à la bouche, qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu. La montagne de linge. La copro dont on est syndics et qu'on arrive pas à suivre (il faudrait organiser une AG, on arrive pas à s'y mettre, ni même à faire l'appel de fonds annuel.). La maison crade. Rester à peu près propres tous les 4. Je parle même pas du jardin. Mon beau-frère agent immobilier s'est ramené avec une super baraque trop chère pour nous qu'il voudrait qu'on achète, alors qu'on avait prévu de ne changer de maison que dans un an. Ça nous a fait rêver, un peu, mais outre la question de l'argent, juste l'énergie qu'il faudrait pour bousculer nos plans, pour rendre la maison présentable et vendable, ça me paraît insurmontable.

Les nuits sont mauvaises, aussi, ça n'aide pas.

J'arrive à bosser, à peu près. Mais il n'y a aucun répit possible avant, je pense, la fin juin, ou la première semaine de juillet. Il faut finir un article, reprendre les emplois du temps, s'occuper des rattrapages, faire une synthèse de ce qui a posé problème aux uns et aux autres pour préparer la rentrer. Préparer des cours en mode hybrides aussi. Et puis des réunions. Un colloque auquel je voudrais assister (en visio), ça me ferait vraiment plaisir, mais ça prend du temps, je ne sais pas si je vais pouvoir.

Il y a deux jours, on a appris que la maîtresse du Moineau venait d'être mise en arrêt maladie, jusqu'à la fin de l'année. Le message était très court, assez impersonnel, ne lui ressemblait pas. Ça pue le burn-out, bien plus que le covid. Je suis inquiète pour elle, et désolée pour nous, parce que ça fait un soutien psychologique de moins. Il va falloir trouver seuls de quoi faire bosser la gamine. J'avais plein d'idées, il y a quelques semaines, quand j'étais encore capable de faire fonctionner mon cerveau. Là: ça me paraît horriblement compliqué, d'un coup.

Nawimba est patraque depuis quelques jours. Très fatigué, plus que moi encore. Il a fini par consulter, et bien sûr, avec une sinusite, des céphalées, un léger essoufflement, des vertiges, il a été mis en quarantaine, et doit aller faire un test PCR. Ce qui veut dire, si jamais il ne parvient pas à faire le test, ou que le test est positif, qu'on repart pour une deuxième période de confinement strict (on a déjà eu le même truc en mars, 14 jours sans sortir du tout). Que ça va être compliqué pour moi d'aller chercher le bouquin dont j'ai besoin à mon labo (à 1h15 en transports en commun de chez moi). Que si j'y vais, je vais devoir le laisser seul avec les enfants, alors qu'il a la tête qui tourne la moitié du temps. Qu'il est impossible de demander de l'aide à mes beaux-parents, qui ne demanderaient pourtant pas mieux que de venir s'occuper des enfants.

J'aurais besoin d'une pause. De dormir. D'avoir un peu moins mes enfants cramponnés aux basques. Que quelqu'un d'autre que nous s'occupe de la bouffe, du ménage, de la lessive, du jardin, de nos boulots. Que le concours de Nawimba soit derrière lui, et pas dans 4 semaines. Et tout ça est inatteignable pour le moment.

Je vais répéter ce que je disais tout à l'heure à quelqu'une qui passera peut-être par ici: En plus des grandes tragédies personnelles et économiques, y a beaucoup, beaucoup, de "petites violences" qui s'accumulent, là (pas que chez moi, hein. Dans mon entourage, y en a des conversations pleines).

C'est dur.

samedi 6 juin 2020

Imitations

A quelques heures de distance, l'autre jour:

Le Moineau déclarant: "J'ai une fille elle s'appelle Niña. Avant, c'était "Nenaü", mais y a le "e" et le "u" qui se sont perdus, et y a un "i" qui s'est rajouté, et ça donne "Niña" ". Cette enfant n'a pas quatre ans, et elle fait de la pseudo-linguistique historique. Je me sentais un peu "coupable" parce que je lui avait expliqué l'avant-veille pourquoi "vingt" avait gardé un G et un T bizarre à la fin, et fait l'évolution historique du latin "viginti" au français "vingt". Deux minutes plus tard, Nawimba me confesse que de son côté, il lui a expliqué que "filius" avait donné "hijo" en espagnol. On est irrécupérables, et on va créer un monstre (un monstre mignon, quand même).

L'Etourneau se met maintenant facilement sur le ventre, et attrape de plus en plus tout ce qu'il trouve, notamment les jouets de sa sœur, évidemment. Depuis quelques jours, on lui donne d'ailleurs nous-mêmes des personnages Duplo quand on a pas ses jouets à lui sous la main. Et à un moment, je le vois donc, allongé sur le ventre, sur le tapis à côté du , quiMoineau, qui jouait tranquillement avec ses Duplo et ses playmobils. Il avait lui aussi un bonhomme Duplo dans chaque main, et au lieu de juste les mettre à la bouche, il les frotte l'un contre l'autre. Et puis il s'interrompt, tord la tête vers la gauche dans l'exact mouvement qu'a un collégien pour apercevoir ce que son camarade est en train d'écrire sur sa copie. Il observe sa sœur quelques secondes. Puis revient à ses bonshommes et les frotte de plus belle, en reproduisant ce qu'elle est en train de faire. Il est littéralement en train d'apprendre à jouer en la regardant. C'est évident, hein, que les cadets apprennent en regardant les aînés. Mais le voir comme ça pour la première fois (ou seconde, parce que j'avais déjà remarqué qu'il imite certaines de ses intonations parfois), c'est assez émouvant, je dois dire.

Ca pousse, ça pousse.

jeudi 4 juin 2020

Faire du lien

Tout à l'heure, j'ai eu longuement au téléphone un étudiant qui a planté son semestre (et un peu son année, en fait), pour plein de raisons, le confinement n'étant que la goutte d'eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli. Je ne peux évidemment pas changer grand chose à son cadre de vie, à sa situation financière, à son mal-être. Mais j'ai essayé de dénouer un peu l'écheveau du côté universitaire, tout en ayant l'impression de m'y prendre bien tard. J'ai l'impression que si j'avais pris le taureau par les cornes plus tôt, j'aurai peut-être pu lui éviter de se crasher cette année, le rattraper au vol avant que la démotivation et les difficultés le fichent par terre. Le congé maternité d'un semestre, et le confinement, et son absentéisme entre les deux n'ont pas aidé, c'est vrai, mais j'avais des échos par des collègues qui auraient dû m'alerter.

Un truc que j'ai discuté avec lui était le fruit d'une autre conversation, avec mon amoureux, il y a quelques semaines (à propos de ce même étudiant). Nawimba me racontait comment, venu comme mon étudiant de banlieue, et arrivé dans le petit monde universitaire parisien comme un chien dans un jeu de quille, il avait mis des années avant de comprendre qu'à l'université, et en particulier, dans cet établissement où je bosse, dans cette toute petite licence, les étudiants et les enseignants devaient travailler ensemble. Pas chacun dans sa direction. Pas les uns contre les autres. Que chacun ne fait pas sa vie de son côté, mais qu'on vit et progresse ensemble. Il me disait qu'il l'avait compris très tard, et que ça avait d'une certaine façon fondé sa façon d'être, à son tour, prof. Son rapport aux élèves, aujourd'hui. Ça m'a frappée, cette conversation, parce que ça n'a rien à voir avec ma propre expérience d'élève ou d'étudiante. J'aurais eu du mal à réaliser ça toute seule s'il ne me l'avait expliqué. Moi, à six ans, j'étais déjà plus douée pour créer du lien social avec les instits qu'avec mes camarades. J'étais la bonne élève type, avide justement de dissoudre la barrière entre enseignants et élèves. Avec beaucoup d'entre eux, et en particulier à l'université, j'ai eu un comportement cherchant à créer de la connivence (ce qui est sans doute aussi problématique, d'une autre façon, j'en sais rien). Et ça reste évidemment très prégnant dans mon habitus et mes pratiques d'enseignante.

Alors avec mon étudiant, tout à l'heure, je suis partie de ça. Je lui ai dit que malgré le côté un peu froid de certains collègues, trop "professionnels" pour laisser entendre qu'ils sont affectés par des comportements qu'ils perçoivent comme irrespectueux, ou par l'échec des étudiants; malgré le mécanisme de la notation qui fout parfois un peu le bordel et maintient une apparence de hiérarchie là où il ne devrait pas y en avoir: les enseignants sont là pour ( et uniquement pour, de mon point de vue,) faire progresser les étudiants.Qu'on pouvait s'adapter à ses besoins (un des avantages d'un très petit effectif). Et que personnellement, j'étais prête à beaucoup bosser avec lui pour l'aider à valider sa licence, et que mes collègues aussi, mais qu'on ne pouvait pas ramer seul(e)s. Et qu'il pouvait aussi choisir de ne pas continuer, que tout dépendait de ses envies et de ses possibilités.

Je ne sais pas s'il sera encore là l'an prochain, mais je crois qu'il m'a entendue.

Maintenant, faudrait que j'arrive à expliquer l'autre face du schmilblick, la sienne, à mes collègues. Pas facile-facile non plus. J'ai failli faire chialer une collègue l'autre jour en réunion, en disant qu'il allait falloir faire très attention à l'aspect "vie de promo" au semestre prochain, où nous serons encore essentiellement en distanciel. C'était pas juste ma remarque, en fait: elle bouillait déjà depuis un moment parce que l'organisation de la rentrée, les emplois du temps mixte, les enseignements à repenser, après un semestre déjà pas simple, ça faisait déjà beaucoup. L'idée de faire l'animation et trouzemille trucs en plus lui semblait insupportable, ce que je peux comprendre.

Mais je n'en démords pas, en particulier pour ma petite section (on est en général 20, enseignants et étudiants, à tout casser): il va falloir travailler à souder les étudiants et les enseignants, les étudiants entre eux, au sein d'un même niveau et entre les niveaux. Encore plus que d'habitude. Et que vogue la pirogue :)

jeudi 28 mai 2020

Adjectifs

Il y a peu ma mère nous as envoyé un paquet avec un kit de survie: des masques pour nous, et des livres pour le Moineau. Il y en avait des neufs, parce que ma mère a un rituel où elle envoie un petit bouquin par mois à ses deux petites filles (ses petits fils ayant respectivement deux et 7 mois, ils n'y ont pas encore droit, c'est trop injuste!). Et des vieux, à mon frère et moi, qu'elle a récupérés dans la bibliothèque "enfant" chez elle. J'aime bien lire mes livres d'enfance à ma fille, même ceux que je trouve, avec le recul, complètement cucul-la-praline. Dans le lot, il y avait ça:

LarousseToutPetits.jpeg, mai 2020

J'en gardais un très bon souvenir, et j'étais contente de le retrouver. Mais au delà de ça, on en fait lire quelques pages au Moineau le soir, et d'autres parfois dans la journée, et c'est un vrai vrai plaisir:

  • Premier dictionnaire! Dans une famille comme la sienne, ça compte.
  • Ca nous a permis de lui expliquer le principe de l'alphabet (elle commence à le connaître, mais là, elle a vu l'utilité de ranger les lettres dans un certain ordre. Que c'est pas juste une comptine, quoi..).
  • Les mots sont en majuscules (elle ne connaît pas encore toutes les minuscules).
  • Les majuscules sont accentuées (dans un bouquin qui a plus de 30 ans! C'est trop ouf.)
  • Y a des mots pas courants du tout, qui permettent à la fois que le Moineau soit obligée de les lire, et puisse difficilement les deviner, et qui viennent grossir son vocabulaire (qui est déjà pas minable, je vous prie de me croire.).
  • c'est l'illustratrice de Mimi Cracra, que j'aime beaucoup, et le Moineau aussi
  • C'est pas mal inclusif, y a beaucoup de filles, et plein de couleurs de peaux différentes
  • Les petites citations littéraires en dessous sont souvent très sibyllines, et un peu rien-à-voir. On pourrait croire que c'est un défaut, mais en fait, je me souviens avoir pas mal rêvassé et réfléchi sur ces petites phrases, et que ça nourrissait aussi mon imaginaire (celui du Moineau étant dopé aux amphétamines, je pense qu'elle y trouvera aussi son compte quand elle arrivera à les lire).

Là c'est celui des adjectifs (on n'avait que celui là à la maison), mais à la vitesse où elle l'avale, je vais ptet essayer de trouver les autres d'occas (je viens de voir qu'il y a les verbes, les noms propres, les adverbes, au moins)

(Voilà, et sinon, je m'étends pas pour pas vous saouler encore plus avec mon orgueil de mère, mais de jour en jour ma fille de 3 ans et 10 mois apprend goulûment à lire, et je suis tellement fière d'elle, et c'est tellement joli de la voir s'emparer de la lecture, et j'ai tellement hâte qu'elle puisse se plonger seule dans des histoires, et, et, et.. )

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