Il y a certaines personnes sur Twitter avec qui je ne suis quasiment jamais en désaccord. Par exemple @Kozlika. Sauf aujourd'hui. Du coup, pour fêter ça, je me suis dit que j'allais développer dans une note.
Le premier tweet de Koz disait cela:
Plus bas dans les réponses aux réactions que le tweet a provoqué, elle nuançait, et disait en gros avoir surtout du mal à comprendre pourquoi "notre" génération (je m'y reconnais en tout cas) accepte de se charger ainsi les barques "Charge mentale" "Douleur" "Temps" "Energie". Que ca lui semble un retour en arrière. Et que ça repose toujours sur les mêmes: les femmes.
J'entends assez bien tout ça, et je suis même d'accord avec elle sur certaines choses (notamment sur le déséquilibre entre hommes et femmes). Je crois que je ne mets pas tout dans le même panier (la question de la péridurale et l'allaitement, par exemple, sont des problématiques qui ont des points communs,mais pas tout en commun. Les petits pots et les couches lavables sont encore un truc différent pour moi.).
Pour dire d'où je parle: j'ai accouché sans péridurale, j'ai allaité ma fille jusqu'à 8 mois, et aimerais allaiter mon fils jusque vers 11 mois, 1 an (et oui, les nuits ne sont pas terribles). Ça nous est arrivé d'utiliser des couches lavables à certaines périodes bien spécifiques. J'ai préparé l'immense majorité des purées et compotes pour ma fille jusqu'à 1 an, et je fais pareil pour mon fils (il a un peu plus de compotes du commerce que sa sœur, je pense). Je précise aussi que j'ai un boulot qui me laisse relativement libre de mes horaires à plein de moments dans la semaine, normalement (c'est plus tendu d'habitude en ce moment, because la crise sanitaire).
Je crois que c'est pour ce qui concerne l'accouchement et la péridurale que je suis le moins en accord avec ce que disait Kozlika. D'abord parce qu'actuellement, y a environ 20% de femmes seulement qui accouchent sans péri, ce qui inclut toutes les femmes qui en voudraient mais ne peuvent pas en avoir, soit pour raisons médicales, soit parce qu'elles arrivent trop tard à la maternité (un deuxième ou troisième enfant qui arrive "trop vite", c'est courant). On est quand même loin de l'endoctrinement généralisé de la population sur la question.
Perso j'ai plutôt ressenti l'inverse. Il n'y a pas une personne à la maternité qui m'ait demandé SI je voulais une péri ou non. Tout le monde est toujours parti du principe que ce serait oui (c'était non, en fait, à la base, même si je ne m'interdisais pas de changer d'avis si l'accouchement durait trop longtemps, si je me sentais à bout, etc..).
Evidemment, il ne s'agit jamais entièrement d'un choix individuel, je sais pertinemment que je "coche" toutes les cases de la population type qui souhaite un accouchement "plus naturel". Ça n'en est pas moins pour autant un choix réfléchi. Je me vis comme une personne plutôt douillette, je n'aime pas la douleur, je fais en général ce que je peux pour l'éviter.
Et en l'occurrence, j'ai eu envie d'essayer de faire sans péri, quand même, pour tout un tas de raisons. Si ca intéresse des gens, je peux redire ici ce que j'avais expliqué une fois sur twitter sur le "pourquoi" j'ai choisi de faire sans péridurale. Je ne le fais pas ici, parce que ça ne tient pas en trois lignes.
Pour résumer: l'accouchement avec péridurale me paraissait, les deux fois, beaucoup plus "subi" que l'accouchement sans. Je considère qu'accoucher sans péridurale m'a permis d'avoir deux accouchements rapides, sans trop de séquelles, pendant lesquels je me suis sentie en contrôle. Je me doute bien que plein de nanas auront un ressenti inverse: séquelles psychologiques d'avoir accouché sans péri, perte de contrôle, etc..
Pour moi, c'était plus confortable sans.
Et la douleur n'était pas, pour moi, insupportable. Deux heures après mon premier accouchement, j'étais littéralement prête à recommencer. Et pour mon second, mis à part les trois jours de contractions non efficaces (mais pas de possibilité d'avoir une péridurale de toute façon à ce moment là...), je garde un souvenir plus douloureux de mes hémorroïdes que de l'accouchement en lui même (oui désolée, j'ai dit un gros mot :D).
Alors évidemment, choix ou pas choix, influence ou pas influence de la famille, de la société, des médias, du lobby des sage-femmes au couteau entre les dents, c'est super dur à mesurer. Ce que je pense, moi, c'est qu'on a tou.te.s des représentations, des images, des idées. Et que les femmes qui accouchent avec péridurale ne sont pas moins influencées par tout un tas de trucs que les femmes qui accouchent sans. La question au final, c'est: est-ce que vous avez eu l'accouchement que vous vouliez? Est-ce que vous avez pu y prendre du plaisir, même un peu? Est-ce que vous en êtes satisfaite? Si oui, quelle importance ça peut avoir, que vous ayez été influencée dans un sens ou un autre?
Personnellement, je m'estime très très heureuse et chanceuse d'avoir eu, deux fois, des chouettes accouchements. Ca m'a plu. Et oui, même la douleur, parce que je l'ai vécue comme "utile", qu'elle m'a aidée à changer de position quand il fallait, etc.. Et oui, j'ai crié pour le premier accouchement, et non c'était pas très grave (même si ça a fait peur à mon amoureux, un peu, il en était nettement plus traumatisé que moi).
Et ça m'empêche pas de trouver très bien que d'autres femmes accouchent avec péridurale, si c'est leur choix.
Ce qui me gave, par contre, c'est qu'on ne donne pas les clés aux femmes pour faire un choix éclairé. Et mon ressenti très subjectif et très partial, et très partiel, c'est que les femmes qui choisissent de faire "sans" sont en général mieux informées des conséquences (sur l'état de leur corps après l'accouchement, notamment) de leur choix que les femmes qui choisissent de faire "avec". C'est juste basé sur les femmes de mon entourage avec qui j'en ai parlé, c'est pas forcément représentatif, mais clairement j'ai des copines qui ont pas eu toutes les infos sur ce qui permet de préserver son périnée, par exemple.
Je pense que la seule option féministe est de dire que les femmes ont le droit de choisir comment elles accouchent, et de leur donner toutes les informations, les avantages et inconvénients de chaque méthode. Sans essayer de les effrayer ou de les endoctriner. Juste en les considérant comme des adultes qui peuvent décider de ce qui est le plus important, le moins douloureux pour elle, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Avec évidemment la dimension supplémentaire qu'un accouchement se passe souvent différemment de ce qu'on avait prévu, et que parfois, on est obligée de renoncer à certains de ses choix pour des raisons médicales.
Je pense que je parlerai dans une autre note de l'allaitement, des ptits pots, des couches, etc., d'une part parce que ça fait super long comme note, déjà, et d'autre part parce que la problématique est différente: Ce n'est pas une questions d'heures, mais de semaines, de mois, d'années. Et la question de l'implication des pères (et deuxièmes mamans, mais soyons honnête, ça va pas poser les mêmes problèmes de répartitions des tâches, dans la majorité des cas) est beaucoup plus importante.