vendredi 9 février 2024

9 février - Aujourd'hui véhicule

Ce soir j'ai essayé d'expliquer au Moineau pourquoi la maîtresse avait écrit sur son bulletin scolaire qu'elle était "un élément moteur dans la classe". J'ai évidemment utilisé une métaphore à base de voiture.
Elle m'a demandé de lui expliquer autrement, sans voiture. Du coup j'ai cherché autre chose qui avance avec un moteur, elle m'a dit, "MAIS NON, pas avec un véhicule!!"

(Et ben c'est pas si simple, figurez vous ...)

lundi 5 février 2024

5 février - Aujourd'hui vêtement

Les enfants ont reçu un certain nombre de nouveaux vêtements hier (des cadeaux de Noël des grands-parents, acheminés depuis Cannes par un de leurs oncles, qui a mis un moment à nous les apporter). Parmi eux: des nouveaux manteaux bien chauds, que les deux ptits piafs avaient très hâte de mettre ce matin. Ils sont donc partis à l'école tout fiérots, et le papa de T., une copine du Moineau avec qui on fait souvent le chemin de l'école, a remarqué le manteau de ladite Moineau, et lui a fait un compliment.
Et mon fils, d'aller à la pêche illico "Et mon manteau, à moi, il est joli?" (Le papa de T. a dit, "très, et surtout, tu as un magnifique bonnet").

C'est un truc pas simple à enrayer, le fait que les filles sont souvent complimentées sur leurs tenues (avec la pression sous-jacente qui peut aller avec) . Et c'est pas simple non plus pour les (petits) garçons de l'être beaucoup moins (bon, mon fils n'a pas de mal à aller réclamer les compliments alors ça va :) ).

vendredi 2 février 2024

2 février - Aujourd'hui toujours par deux

Les déguisements, les compotes à boire, les livres, les bonbons, les brosses à dents, les écharpes faites par Mina, les bols décorés, les gourdes, les casques de vélo, les baumes à lèvres décorés de héros de dessins animés achetés à prix d'or à la pharmacie, et j'en passe...

C'est toujours par deux.
Pas de jaloux.

Aujourd'hui, la complicité, les photos avec Toko la mascotte de l'école, les dessins, les disputes, la course nocturne dans la cour sombre de l'école entre les œuvres éclairées qu'on venait admirer, les andouilleries pendant que Papa essaye de se concentrer, c'était à deux, aussi.

Beaucoup de réminiscences de ma propre fratrie, en regardant ces deux-là cheminer ensemble.

mercredi 31 janvier 2024

31 janvier - Aujourd'hui moment lumineux

Journée un peu vasouillarde aujourd'hui, parce que le Moineau et moi sommes malades, et que la nuit a vraiment été mauvaise. J'ai réussi à bosser, quand même, plutôt mieux que d'autres mercredi.

Quelques chouettes moments, quand même.
Des rires au milieu des quintes de toux avec ma fille à 2h du mat, puis en fin d'aprèm, en parlant de son frère mignon-couillon.
Une belle lumière sur le jardin ce matin, par la fenêtre de la cuisine, et par celle du bureau où je bossais.
La satisfaction d'obtenir ce que je veux de la part de collègues pas toujours simples, d'arriver à se mettre d'accord sans heurts, de ne pas avoir besoin de passer en force.
Le plaisir à voir les jolis, économiques et ingénieux "bateaux à voiles" que mon fils à fabriqué avec un jeu de construction reçu à Noël.
Une sieste sans interruption, et un petit moment de quiétude au réveil. L'explication que je lui ai donnée sur ce qu'était le fierté, en voyant son sourire quand il a réussi à finir un puzzle un peu compliqué. Il m'a dit que c'était de la joie, je lui ai dit qu'il y avait différents types de joie.. C'était joli.

lundi 29 janvier 2024

29 janvier - Aujourd'hui une princesse

Mes gamins ont évidemment choisi le soir où j'étais seule avec eux, pour se lancer dans une grande série de questions sur "comment on fait les bébés?". Et ce, évidemment, 5 minutes avant l'heure du coucher.
Le petit s'interrogeait juste sur : comment la graine du papa se retrouve dans le ventre de la maman?
Bon, ça, ça va, je gère, j'avais déjà eu cette conversation avec la grande.

Sauf que du coup, elle, elle en a profité pour choper la balle au bond, et pour poser des questions techniques très (TRÈS) précises. Et elle était à deux doigts de faire se déculotter son frère pour comprendre comment ça marche ce bouzin là.

J'ai fini par éluder les questions les plus gênantes/compliquées, et par faire obliquer la question sur le consentement. Pas envie que le gamin tente de mettre en application son tout nouveau savoir sur ses copines d'écoles. Globalement ça avait pas l'air de lui sembler très ragoûtant, cette affaire là, donc je suppose qu'on est tranquille pendant quelques années. On a conclu que son zizi servirait surtout à faire pipi pendant encore un petit moment. J'ai pas insisté sur les usages récréatifs, je pense qu'il les connaît déjà un peu, on en parlera s'il veut, mais là ça faisait déjà beaucoup pour une soirée.

C'est d'ailleurs lui qui m'a sauvée, in fine, en me demandant comment la petite Sirène faisait pipi. On a donc fini la conversation par quelques envolées sur les modalités excrétatoires de la pauvre Ariel, et on s'est demandé aussi si pour les bébés, elle faisait plutôt comme les mammifères ou comme les poissons.

Et ensuite tout le monde au dodo.

Pfiou.

samedi 27 janvier 2024

27 janvier - Aujourd'hui journée des pieds

Une notification parfaitement incongrue tôt ce matin sur mon téléphone: elle m'informait que j'avais fait zéro pas dans la journée. Je n'avais pas encore mis le pied par terre, évidemment.

Une fois levée, j'en ai fait quelques uns, quand même, de pas. Deux allers-retours à la pharmacie, un chez le médecin. Juste ce qu'il faut pour s'occuper un peu de moi (et ça a suffi à me fatiguer. Le semestre avec 4 ou 5 aller-retours à Paris par semaine va être rude, je le sens). Mes pieds, au moins, n'ont pas mal ces jours-ci, et j'avoue que c'est un soulagement.

Ma fille a passé une partie du dîner à se demander si ses mains ressemblaient à des pieds, ou si c'était plutôt ses pieds qui ressemblaient à des mains. L'air dégoûté de son père (qui déteste les pieds, allez savoir pourquoi) ne l'a pas beaucoup dérangée dans sa réflexion, et l'ensemble de la scène était assez comique, je dois dire :)

dimanche 7 janvier 2024

7 janvier - Aujourd'hui surprise

On a réalisé jeudi que parmi les devoirs qu'elle avait à faire pour les vacances, le Moineau devait lire un livre et en préparer une petite présentation.

Elle a choisi un bouquin parmi la myriades de BD et les divers romans qu'elle avait commencés ces dernières semaines, l'a terminé hier, et elle a finalisé sa préparation tout à l'heure. En la relisant, j'ai percuté d'un coup que le bouquin choisi (catégorisé comme 8-12 ans) faisait plus de deux cent pages. Et il est écrit plutôt petit..

J'ai beau l'avoir vue bouquiner pendant toutes les vacances, j'ai été surprise par le chiffre. Ça fait tout juste un an qu'elle est vraiment tombée dans la lecture!

samedi 6 janvier 2024

6 janvier - Aujourd’hui que deviendra cet enfant plus tard ?

Parfois, comme tous les parents, je me demande ce que seront, ce que feront mes enfants plus tard. J'essaye (parfois en vain, on va pas se mentir) d'éviter de trop jouer au jeu des prédictions. D'abord parce que c'est un coup à se planter, et j'aime pas avoir tort :) Et d'autre part parce que c'est aussi un coup à les influencer, et ce serait vraiment nul. Quand je me risque à faire des prédictions (pas devant eux), je vais, cependant, rarement au delà de l'adolescence. J'ai pensé hier, par exemple, qu'entre sa petite tête de bois, son sourire coquinou et sa fréquente flemme aiguë, il allait falloir garder un œil sur l'Étourneau au sortir de l'enfance, et qu'on risquait d'en baver un peu.

Parfois, aussi, je pense à leur avenir sous un angle plus angoissé. Je ne manque pas de raisons, ces temps-ci, de me demander dans quel monde grandiront mes enfants. Comment ils y grandiront, la place qu'on leur y laissera. Ce qu'ils pourront se permettre de devenir.

Peut-être qu'au fond, une bonne petite tête de bois bien solide, une volonté à toute épreuve, pour résister, surmonter tout ce qui va se trouver sur leur chemin, c'est le mieux à leur souhaiter, même si pour l'instant, ça m'agace parfois en tant que mère au bout de sa vie...

D'ici là, il faut travailler à les équiper pour pleins de futurs possibles (quelle responsabilité!) sans perdre de vue que ce n'est pas de moi que dépend l'intégralité de leur bien-être futur (quelle anxiété!).

Bon. Va te coucher, on verra bien demain où on sera.

mardi 24 octobre 2023

Petit à petit, les petits piafs font leurs nids

Cette nuit, l'Étourneau dort pour la première fois dans sa nouvelle chambre (l'ancienne salle de jeu).

Depuis hier, on bouge des meubles, on trie des jouets. Hier, les enfants se sont partagés, sans conflits, les jeux de société. Aujourd'hui, ils ont attaqué le contenu de plusieurs caisses de jouets. Ça se passe beaucoup mieux que ce que j'anticipais (bon, enfin c'est le bordel, quand même).

Si on excepte ses premiers mois où l'Étourneau dormait dans notre chambre, et les très rares fois où on a dû exfiltrer l'un des deux, malade, de la chambre pour aller dormir ailleurs avec lui ou elle), mes enfants n'ont quasiment jamais dormi séparément. Bizarrement, c'est le Moineau qui avait le plus besoin de cette chambre commune, qui disait le plus avoir peur de dormir seule. Ces temps-ci, c'est elle qui a été à l'origine de la migration du petit vers l'autre pièce. Depuis des semaines, elle manifeste son impatience quand il la suit partout, revendique qu'elle veut jouer seule dans sa chambre, sans lui. Mais ce soir encore, au moment de se coucher, elle avait peur de dormir seule. Elle veut être seule le jour, mais pas la nuit (et en fait, même le jour, elle n'aime pas beaucoup être seule à l'étage, et préfère que son frère soit quand même juste à l'autre bout du couloir, pas trop loin.)

J'ai suggéré qu'ils fassent un pacte de courage avant d'aller au lit. À vrai dire, le petit avait l'air très content de rejoindre son lit dans sa nouvelle chambre. Quand je lui ai souhaité bonne nuit à travers la porte avant de descendre, il ne m'a même pas répondu. Et peut-être que je me fais des idées, mais il me semble qu'il a fait beaucoup d'efforts toute la journée pour être particulièrement autonome et grand sur plein de trucs.

Je m'attendais à être rappelée par l'une ou l'autre (surtout l'une), mais au bout de trois heures, rien. On verra si ça tient la nuit...

Mes petits oiseaux dans deux nids séparés. Encore une étape franchie.

samedi 21 janvier 2023

Lectrice

Le Moineau a commencé à apprendre à lire vers 3 ans. Un pied sur l'accélérateur et un pied sur le frein pendant des années, sans doute parce qu'il était trop évident qu'on la guettait. Lire, c'est IMPORTANT. Un peu trop, quoi.

Mais l'entrée en CP a débloqué ça. La lecture, ce n'est plus "faire plaisir à Papa-Maman, mais pas trop, mais un peu quand même.". Ce n'est plus juste : lire les lettre et les syllabes et les mots. D'un coup, vers la fin novembre, elle a basculé dedans. Ça a fait un grand PLOUF. Dans la mer des histoires, des informations à chercher toute seule, du lien qui se fait entre les choses. Sans nous. T'as déjà vu un moineau qui prend son bain avec délectation? Ben mon Moineau, qui s'ébat dans le grand bain des livres, pareil.

Dans tous les canapés et fauteuils de la maison, dans son lit enfouie sous la couette, allongée sur le tapis dans la salle de jeu, ou dans le petit coin lecture avec les pieds posés sur la bibliothèque. Un bouquin rapporté de l'école chaque jour. Plusieurs dévorés chaque jour passé à la maison. Elle commence même à préférer lire seule le soir plutôt que de nous écouter lui lire une histoire. Et elle fait maintenant seule la partie "lecture" de ses devoirs.

"Maman, apparemment, le soleil n'en est même pas à la moitié de sa vie!"

"Maman tu sais, j'ai lu mon livre dans mon lit, et je me suis endormie, et après je me suis réveillée, et j'ai fini de lire le livre."

"Maman, je peux avoir un livre sur les champignons?"

La joie de la voir découvrir chaque micro-plaisir associé à la lecture. Le bonheur de se dire que ça ne fait que commencer pour elle. Ça fait partie des choses qui éclairent cette période tristoune.

mardi 29 novembre 2022

Muzoo

Il y a longtemps, le Moineau a commencé à inventer une langue à elle, le muzoo. Elle m'a confirmé l'orthographe depuis, mais ça se prononce comme "museau". Elle inventait et réinventait le lexique au fur et à mesure. Nous donnait parfois des longues explications sur l'évolution phonétique ("Avant, tel mot se prononçait comme ci comme ça mais maintenant ça a changé, c'est devenu comme ça."). Bon, une fille de linguistes, standard, quoi.

Pour autant que je puisse en juger, le muzoo est une langue à tons, avec un système phonologique pas trop complexe, et des mots plutôt longs. Et beaucoup beaucoup de synonymes, vu qu'elle ne se souvient pas d'une fois sur l'autre des mots qu'elle invente...

Et puis au bout d'un moment, elle a commencé à créer un pays imaginaire autour de la langue muzoo. Le Muzoo. Elle donne régulièrement un ou ou deux détails sur la géographie, la vie au Muzoo. Elle semble vraiment le vivre au quotidien. Le Muzoo se balade autour d'elle quand elle bouge, sous nos yeux. Merveilleux (merveille-yeux?) Il y a un an à peu près, elle a commencé parler de l'Hexamone (c'est moi qui orthographie, elle ne m'a pas dit comment ça s'écrit). Un énorme rocher, qui surplombe un grand lac, avec une cascade. L'Hexamone est creux, on peut vivre dedans.

Au Muzoo, depuis quelques mois, il y a aussi des villes, qui ont des noms de fêtes. Noël, Halloween, Pessah. Elle a embarqué son frère dans son délire. Leur ville préférée c'est Halloween. Et samedi dernier, elle a décidé qu'à Halloween, ce jour-là était l'anniversaire de l'Etourneau (oui, y a des anniversaires différents, au Muzoo. Ptet dans chaque ville. Je suis pas sûre.). Elle lui a préparé un cadeau, et on a fait un gâteau. Et on a chanté "Joy'Halloween-versaire".

Il y a quelques jours, j'ai appris que les habitants du Muzoo était les muses. Et ce matin, elle m'a annoncé qu'elle ne vivait plus à l'Hexamaune, mais sur une île merveilleuse (mer-veilleuse?). Et que le Muzoo n'était pas juste à côté de la France, mais avait même un bout en commun avec.

Souvent, je reconnais des choses à moi, chez ma fille. Souvent des choses que j'aurais préféré ne pas lui refiler. Mais l'imagination débridée, c'est son père. Et c'est une source d'admiration sans fin pour moi.

Je la regarde du coin de l’œil, ma fille. Je ne peux pas m'empêcher de noter tout ça dans un coin de ma tête, d'arpenter derrière elle les espaces qu'elle crée, en essayant de ne pas être trop intrusive.

Ma merveille. (Mère-veille?)

vendredi 3 décembre 2021

Complicité

Depuis deux-trois semaines, la complicité entre le Moineau et l'Etourneau s'est énormément développée. Ils jouent plus ensemble, ils rigolent énormément, ils font les andouilles, et du coup... se liguent contre nous. Dans le bain, par exemple, ça fait plusieurs fois qu'ils se mettent à fronder ensemble pour ne pas se laver, la grande encourageant le petit à se rebeller (j'adore..).

Et donc ce soir... j'avais pris soin d'annoncer 5 minutes avant que je venais les laver. J'entre dans la salle de bain, et le Moineau se place en travers de la baignoire, abritant le ptit corps de son frère derrière elle, les bras bien écartés, en me déclarant à plusieurs reprises d'un air très vindicatif "C'est MON frère! C'est MON frère". Je confirme que c'est son frère, et au bout d'un moment elle ajoute: "Je le sauve! Je le sauve, mon frère!"

"Eh, euh, du coup... toi? c'est qui qui te sauve?"

Elle a baissé les bras à toute vitesse, s'est décalée vers l'autre bout de la baignoire, et s'est mise à crier "Tu laves Étourneau d'abord! Étourneau d'abord!"

Ouais, parce que la solidarité avec les plus faibles, ça va bien 5 minutes, hein...

mercredi 10 novembre 2021

Dessin

J'ai grandi avec une maman artiste. Quand j'étais petite, elle peignait, sculptait, modelait. Plus tard, elle a fait de la broderie, de la photo, des bijoux, a travaillé le cuir, et des dizaines d'autres trucs. Touche à tout. Avec la peinture, toujours, en toile de fond. Ça a eu quelque chose d'inhibant pour moi, mais en même temps, au passage, elle m'a appris plein de petits trucs. Et si je ne me suis pas toujours autorisée à me sentir douée, elle m'a donné quand même envie de tenter plein de trucs. Quand j'étais ado, elle organisait tous les deux-trois ans "la semaine de la création", une semaine pendant laquelle des gens de la famille et des amis étaient invités à venir tester plein de techniques tous ensemble. Elle mettait son matériel à disposition de tous, et des conseils aussi... Linogravure, argile, sculpture sur béton cellulaire, pastel, fusain, sanguines, crayon, acrylique, aquarelle. Une fois ma cousine est venue avec son tour de potier. Une autre mon frère a fait une initiation au logiciel Blender. Une année, ça a été orienté plutôt vers les arts de la scène (je l'ai ratée, j'étais au Vanuatu..).

Bref. Ma mère m'a permis de toucher à plein de choses, l'air de rien. Et en ayant l'impression de ne rien savoir faire,.. ben j'ai fait des trucs. J'ai peint un peu. Dessiné beaucoup. Eu une grosse période "pastels à l'huile", et une plus brève "pastels secs". Et puis, plus rien pendant longtemps. Il peut se passer des années sans que je prenne un pinceau ou un crayon, réellement.

Il y a quelques mois, j'ai bloqué sur une photo de mon fils, et gribouillé un portrait sur un bout de feuille de brouillon. Et la bouille du gosse est sortie vraiment bien, et j'ai eu un petit moment de satisfaction intense. Mais je n'ai pas repris.

Etourneau, avr. 2021

Et puis, depuis la rentrée, ma fille s'est mise à dessiner beaucoup. Parfois une quinzaine de dessins par jour. Et à se plaindre de ce qu'elle faisait. Alors je lui ai donné un ou deux conseils. Son oncle est passé un soir et a passé un moment avec elle aussi à lui montrer comment rectifier certains trucs. J'ai trouvé ça trop chouette de la voir d'un coup progresser.

La semaine dernière, j'ai fait un saut chez mes parents, et j'ai feuilleté mes vieux cartons à dessins. Y avait des trucs pas mal. J'ai pris quelques photos à l'arrache. Mais surtout, ça m'a donné envie de reprendre pour de vrai.

Alors à notre retour, le Moineau et moi, on s'est installées ensemble pour dessiner. On a décidé de dessiner les mêmes choses. Un petit moulin en faïence que j'ai dans mon bureau. Et une façade d'immeuble inventée. Les siens étaient tous dynamiques, avec plein de détails. Et aujourd'hui, elle a dessiné des super-héroïnes avec son père. J'ai regardé ses dessins, et d'un coup je me suis dit: "Mais là, en fait, on sort de cette période où on la regardait passer tranquillement les différentes étapes du développement enfantin, les types de bonshommes, tout ça. On arrive au moment où ma fille développe un truc à elle. Où elle se fait la main et l’œil. Où ses dessins me rendent heureuse, pas parce que c'est des dessins de grande, mais parce qu'elle prend sa façon à elle de dessiner."

Supergirl, par le Moineau, nov. 2021

Et en arrière-plan, cette émotion un peu floue, mais assez intense en fait, en pensant que je pourrais, peut-être, si elle a envie, lui transmettre des choses dans ce domaine. Ça a l'air de rien, ça, hein. Mais en fait, c'est énorme. Et ça me prend complètement par surprise. Et c'est trop bien.

vendredi 14 mai 2021

Une rencontre, enfin

Nawimba a deux frères, de deux et quatre ans plus jeunes que lui. Ils ont vécu très différemment la naissance du Moineau, première fille du frère aîné. Le plus âgé des deux était enthousiaste, l'a portée, y compris en écharpe, l'a bercée, nourrie à la cuillère, a joué et parlé avec elle, beaucoup. Il n'a pas d'enfants, et il en voudrait, très fort, je crois. On n'en parle pas beaucoup.

Quand il a su qu'on venait vivre à 10 minutes de son boulot, il a mis une option sur la sortie d'école du Moineau, une fois par semaine. J'ai sauté sur l'occasion!

Le frère cadet de Nawimba, pendant des années, était beaucoup plus sur la réserve. Il refusait de porter le Moineau petite, il avait très peur de lui faire mal. Une fois, je suis arrivée et l'ai trouvé, seul avec elle dans les bras, tétanisé. Nawimba la lui avait collé dans les bras le temps d'aller faire un truc dans la cuisine. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi immobile... Il n'a jamais tellement joué avec elle, ne l'a jamais beaucoup taquinée. Il lui disait gentiment bonjour, et au revoir, et puis voilà. On n'a pas forcé, on s'est dit qu'entre ses angoisses, et le fait qu'elle le délogeait un peu de la place du petit dernier de la famille, il ne fallait pas le brusquer.

L'Etourneau est arrivé trois ans plus tard, et les choses, déjà, étaient plus détendues. Un peu, mais pas beaucoup. J'ai un souvenir de ce tout petit garçon, assis entre ses deux oncles sur le canapé, après le confinement, l'an dernier, et de m'être dit "Tiens, une image qu'on n'aurait pas eue pour la première bébée...".

Depuis quelques semaines, le frère cadet de Nawimba vit dans notre nouvelle maison. Ça nous arrangeait qu'elle ne soit pas vide pendant des mois avant notre emménagement, et ça l'arrangeait d'avoir un point de chute, à ce moment là. On se voit le week-end, c'est sympa. Et je le regarde vivre avec les enfants. Les observer, très précisément, comme s'il les découvrait, d'un coup, avec beaucoup d'attention. Il s'est émerveillé l'autre jour que l’Étourneau (18 mois, quand même), sache toucher les différentes parties de son visage si on les lui annonce (Ce qui me fait rigoler, parce qu'à 18 mois, le Moineau avait quelque chose comme 200 mots de vocabulaire actif, dont un grand nombre de parties du corps. Et il la voyait tous les week-ends...)

Il garde un œil vigilant sur lui, le suit discrètement quand il part faire le tour du jardin tout seul, en vacillant sur ses deux petites jambes flageolantes (tandis que ses parents épuisés ne réalisent même pas, une fois sur deux, que leur rejeton se fait la malle).

Et puis l'autre jour, il a emmené le Moineau au grand parc d'à côté. Il se sont perdus, et sont revenus tranquillement 15 minutes après le couvre-feu. Il avait essayé de la porter pour aller plus vite, mais m'a dit qu'il n'avait pas très bien su comment la prendre (tu m'étonnes... elle déborde de partout, ma grande gigue de 4-ans-presque-5). Le lendemain, on la lui a laissée deux heures pendant qu'on allait faire une course avec le bébé. Ils sont allés à la boulangerie, se sont re-perdus, et ont fait le tour du quartier. Il la laisse de temps en temps toucher son piano. Il s'affole quand le bébé la tape, désemparé de ne pas savoir comment intervenir..

Il lui dit de finir son assiette quand elle parle trop, lui qui est toujours le dernier à terminer la sienne, parce qu'il ne peut pas manger tant qu'il n'aura pas épuisé les mille questions qui l'agitent (et d'un coup, d'un coup, je vois l'immense ressemblance entre ces deux là, qui ne m'avait jamais frappée).

Il s'étonne à voix haute qu'elle l'aime, alors qu'il n'a "vraiment rien fait pour" (sans se rendre compte que les hommes qui ne cherchent pas à forcer son affection sont justement ceux en qui le Moineau a le plus confiance...).

Il parle beaucoup d'eux à ses parents, qui sont au courant de tous les petits détails les concernant, par son entremise.

Il appelle l’Étourneau "mon grand" et le Moineau "ma puce".

C'est terriblement émouvant de regarder ce grand-ancien-petit-garçon s'installer tout à coup dans sa place d'adulte, au contact de mes deux piou-pious, qui eux, trouvent ça parfaitement naturel.

Hors de caractère

Hier, en arrivant dans la chambre du Moineau, je la vois quitter son lit avec une feuille toute gribouillée, et un stylo à billes. Je commence à lui dire "Je voudrais que tu n'ailles pas dans ton lit avec des stylos ou des feutres, si tu oublies de les reboucher, ça va faire des tâches sur les..MAIS MOINEAU T'AS GRIBOUILLÉ SUR LES MURS AU STYLO?" (faudrait des majuscules plus grandes).

Elle fait un petit sourire contrit.

"MAIS TU SAIS QUE C'EST UNE BÊTISE !?"

Elle acquiesce.

On était un peu fâchés (enfin surtout jusqu'à ce que j'arrive à faire partir les 4 ou 5 grands gribouillis noirs avec une éponge magique..), mais surtout éberlués. Cette gamine qui va sur ses 5 ans n'a jamais écrit sur les murs. Ça a dû lui arriver deux fois d'utiliser un crayon sur autre chose qu'un papier (dont une sur une ardoise magique, avant de comprendre qu'elle ne devait utiliser que le stylet approprié).

On parle de punition, mais surtout, on lui demande ce qui lui est passé par la tête. Y a trop de marques différentes pour que ce soit juste qu'elle a dépassé de sa feuille en s'appuyant sur le mur, elle l'a fait en connaissance de cause. Elle ne veux pas expliquer. On reste sur notre perplexité (et je vous parle pas de la mèreplexité).

On décide d'une petite punition ensemble: elle n'aura que son doudou dans son lit pour une sieste et pour une nuit, au lieu de la tripotée de peluches et poupées habituelle. Mais quand même, je veux comprendre, c'est tellement étrange de sa part... Alors je repose la question le soir, au moment de se coucher. Et là, elle m'explique.

Elle apprenait à ses amis imaginaires à écrire et comme ils n'avaient pas bien fait leur travail sur la feuille, elle a voulu leur remontrer comment on fait. En écrivant au tableau. Comme la maîtresse. Elle a oublié que c'était une bêtise d'écrire sur le mur. Ce qui est évidemment à mes yeux la seule raison valable d'écrire sur un mur, même repeint il y a moins de deux ans, même à deux mois de vendre la maison.



Je suis redescendue rassurée et un peu rigolarde: le monde était revenu à sa place, la bêtise était finalement parfaitement Moineau-compatible.

dimanche 2 mai 2021

Se cramponner aux petites satisfactions

Beaucoup de choses merdiques dans ces derniers jours. Célébrons donc les choses qui ont BIEN marché...

- On a fêté l'anniversaire de Nawimba, qui a eu l'air content de ses cadeaux...
- J'ai rebouché beaucoup de fissures sur les murs du salon. Chaque petite étape nous rapproche du moment où cette pièce sera repeinte et meublée (On ne peut faire que très peu de choses à chaque fois qu'on passe dans la maison, la pièce est grande, c'est long, mais on essaye de pas se désespérer).
- Nawimba a réussi à nous concocter un repas sympa hier soir alors qu'il n'y avait pas grand chose dans les placards et que 1er mai oblige, c'était difficile de faire des courses.
- Les enfants dorment très bien dans la nouvelle maison. Grosses nuits pour les deux, grosses siestes pour le bébé.
- Ils y jouent aussi très bien. Ils se disputent plutôt moins, et on peut les laisser tous les deux en autonomie dans la salle de jeu pendant un long moment, et ça soulage.
- Après des heures à chercher, Nawimba a réussi à localiser l'endroit où la ligne téléphonique arrive dans la maison. Il nous fallait impérativement l'info pour l'arrivée du technicien de la fibre ce jeudi.
- La première rose du jardin a éclos, elle est belle, et elle sent merveilleusement bon (le litchi). Il reste trois ou quatre rosiers dont j'ignore la couleur...

Première rose de mon jardin, mai 2021

- Les orangers du mexiques embaument aussi au fond du jardin.
- J'ai collé des petits patins sur différents placards que l'Etourneau aime claquer: ça fait moins de bruit.
- On a monté un petit meuble à l'étage, ça nous a permis de faire une table à langer correcte pour l'Etourneau, on en avait marre de se péter le dos à le changer par terre.
- Ma belle-mère m'a apporté une grande caisse en plastique où j'ai pu FOUTRE ENSEMBLE TOUS CES PUTAINS DE PLAYMOBILS REPARTIS PAR SES SOINS DANS TROUZE MILLE SACHETS ET MICRO-BOITES (les chapeaux ensembles, les armes ensembles, les chevaux ensemble, les ustensiles de cuisine ensemble, etc.. j'aime énormément ma belle-mère, mais on n'a pas les mêmes techniques de rangements de jouets).
- Le Moineau a pris un bain seule (on n'a pas de baignoire dans l'ancienne maison), s'est lavée et a shampooiné ses cheveux seule. Je n'ai eu qu'à rincer, et à m'occuper de la sortie. Même quand elle s'est mis du savon dans l’œil, elle a résolu le problème toute seule. LE. PIED. (Sérieusement, je chouine régulièrement sur ma nostalgie des tous petits bébés que je ne porterai plus dans mon ventre et contre moi gnagnagna, mais les enfants grands, quel bonheur aussi...).

Bon, et puis les petits mots gentils de plein de gens sur twitter, vendredi soir et samedi matin, pendant et après ma grosse déprime. Je repense à mon psy qui me disait il y a quelques mois que ce qui se passait en ligne ne relevait pas d'une vraie sociabilité. Je n'aurai jamais pu le convaincre du contraire, mais je m'en fous bien, parce que moi, je sais. Heureusement qu'il reste ça, et vous, dans cette période merdique, quand même...

jeudi 29 avril 2021

Virevoltante

En fin de repas, ce soir...

"- Vous savez parfois, j'ai des idées bizarres dans ma tête, mais je les dis pas.
- Ah bon? Quoi par exemple?
- Par exemple, je me demande comment les vendeurs de jouets ils fabriquent les jouets...
- Ah ben c'est une très bonne question, ça!
- Et aussi, si j'étais un fruit, est-ce qu'on me mangerait?? Moi je serais une orange. Non! Une clémentine. Si j'étais une clémentine, je me mangerais. Et alors les vendeurs de jouets, ils font comment?"

S'en sont suivies de longues explications sur les usines, les machines qui servent à faire les vélos, les machines qui servent à faire les machines qui font les vélos, les gens qui fabriquent des jouets en bois.

L'autre jour, je discutais avec elle des travaux qu'on voudrait peut-être faire pour créer une chambre à partir de ce qui devrait d'abord être une salle de jeu dans notre nouvelle maison. Il faudrait mettre une cloison qui réduirait la pièce, qui est actuellement presque deux fois plus grande que l'autre chambre. Ça ne nous plaît pas, qu'un de nos enfants ait deux fois plus d'espace que l'autre. Le Moineau est CONTRE. Elle ne veut pas de travaux, pas de cloison, rien. Je lui explique nos raisons, elle me dit "Mais elle est pas si grande que ça, la salle de jeu, hein!" Je dis "Beaucoup plus que l'autre pièce, quand même!" "Oui mais par rapport à toute la Terre, c'est tout petit quand même! C'est rien du tout! Alors tu vois!"

Ce qui est marrant avec les enfants de l'âge du Moineau, c'est que tu sais JAMAIS dans quelle direction la conversation va partir. C'est pas un Moineau, qu'on a, en fait. C'est un vol entier de petits piafs virevoltant au gré des idées, des sensations, des questions, des angoisses, des joies.

Faut être vif du neurone, pour suivre, et parfois, on se sent tous balourds, à côté. Mais des balourds un peu fiers, alors ça va.

samedi 13 février 2021

Kiri vert

Depuis 10 jours, l'Etourneau ne veut quasiment plus boire son biberon. On parle donc ce matin de remplacer par du fromage, on se demande ce qu'on peut lui donner le matin. Du camembert? du Kiri?

Le moineau intervient et dit qu'elle voudrait bien qu'on achète des Kiris verts, comme chez Papy et Mamie. Pas la première fois qu'elle en parle, mais on n'avait pas trop fait gaffe jusque là. On lui demande si elle parle des kiris à la chèvre (pas souvenir d'avoir vu ça chez mes beaux-parents, mais on sait jamais..). Je lui montre une photo sur le net.

- Non! Les kiris ronds!

- Mais y a pas de kiris ronds. Des Ptits Louis?

- Nooon, des kiris verts, là, ronds!

- Mais attends, il est comment l'emballage?

- Y a pas d'emballage!

- ?? mais c'est le fromage qui est vert?

- Nan mais y a pas de fromage!

- ? ? ? ?

- LES KIRIS RONDS! VERTS!

- Mais c'est quoi, si y a pas d'emballage, et qu'il y a pas de fromage, non plus?

- MAIS C'EST UN FRUIT!! (A ce stade là, elle était vraiment en mode "mais vous êtes complètement débiles ou quoi?").

Ah.

- Un kiwi?

- OUIIIIIIIIII!

On finit toujours par se comprendre. La question, c'est combien de temps (et d'énergie, et de patience) on met.

mercredi 2 décembre 2020

Un problème, une solution

J'ai craqué, l'autre jour. Ça faisait plusieurs fois que je disais au Moineau de ranger, que j'en avais marre d'éviter les jouets dans le chemin, que c'était dangereux, qu'on pouvait glisser et se faire mal (elle le sait, d'ailleurs, ça lui arrive bien plus souvent qu'à moi, vu qu'elle regarde pas du tout où elle met les pieds). Qu'on risquait de casser des jouets. Que l’Étourneau risquait de les mettre à la bouche, de déchirer des morceaux, ou d'en perdre. Que j'en pouvais plus de vivre dans le bordel. Que je voulais que l'espace commun soit dégagé avant le repas.

Et que ça n'avait aucune espèce d'effet.

Alors j'ai attrapé un sac poubelle, et j'ai commencé à enfourner tout ce qui traînait dedans. Crise mémorable de la gamine, évidemment. Du coup, au bout de quelques minutes de hurlement, quand tout a été ramassé, j'ai dit que je n'allais pas jeter le sac. Pas tout de suite en tout cas.

Mais que je voulais qu'on trouve une solution ensemble. Parce que les solutions concernant le bordel chez nous, je m'évertue depuis des années à en trouver, en pure perte. J'ai des idées, je les mets en place, j'organise tout très bien.... toute seule... et comme je suis la seule dans l'histoire, personne d'autre que moi n'en a rien à secouer.

Donc j'ai dit que je voulais que les idées viennent de quelqu'un d'autres, parce que je ne voyais pas comment les impliquer autrement. La môme a continuer à renifler et chouiner, sans trop moufter. Je suis sortie de la crise avec un sentiment de frustration un peu désespérée.

Le lendemain, sur le chemin de l'école, elle m'a dit "Tu sais, la maîtresse, elle nous met une musique! Pour ranger!"

Alors depuis quelques jours, on fait ça. Un peu avant l'heure du repas, on met de la musique qui bouge, et on range. Tous ensemble. Enfin tous ceux qui sont là. Le bébé fait même parfois sa part, même si ce n'est pas très efficace. Et on danse tous ensemble en même temps. En général il nous faut une chanson et demie pour tout ranger. Moins de 5 minutes. Alors que normalement, il faut un temps infini pour obtenir que trois cubes et deux fruits en plastiques rejoignent leurs caisses respectives.

Ça marche vraiment très bien. Pour l'instant. Je sais bien qu'il ne faut pas crier victoire trop vite. Mais tout répit est bon à prendre, je ne crache pas dans la soupe. Et je suis vraiment contente que la solution soit venue d'elle. Ca lui fait du bien, je pense, et ça la motive d'autant plus.

Prochaine étape: obtenir que Nawimba jette les couches sales au lieu de les laisser traîner là où elles ont quitté les fesses enfantines. On y croit.

mercredi 1 juillet 2020

Petit Prince

Nawimba lit Le petit Prince avec le Moineau.

Du coup elle est venue me raconter où ils en étaient:

"C'est le petit prince, il trouve que sa fleur elle est toute bête et elle l'aime pas tout ça, alors il descend de sa planète. Mais au moment donné où il s'en va, elle lui dit "Mais non, je t'aime, je t'aime, je t'aime!" Alors il reste là, mais elle lui dit "Va t'en!" alors il s'en va.

C'est un peu triste quand même."

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