mardi 24 octobre 2023

Petit à petit, les petits piafs font leurs nids

Cette nuit, l'Étourneau dort pour la première fois dans sa nouvelle chambre (l'ancienne salle de jeu).

Depuis hier, on bouge des meubles, on trie des jouets. Hier, les enfants se sont partagés, sans conflits, les jeux de société. Aujourd'hui, ils ont attaqué le contenu de plusieurs caisses de jouets. Ça se passe beaucoup mieux que ce que j'anticipais (bon, enfin c'est le bordel, quand même).

Si on excepte ses premiers mois où l'Étourneau dormait dans notre chambre, et les très rares fois où on a dû exfiltrer l'un des deux, malade, de la chambre pour aller dormir ailleurs avec lui ou elle), mes enfants n'ont quasiment jamais dormi séparément. Bizarrement, c'est le Moineau qui avait le plus besoin de cette chambre commune, qui disait le plus avoir peur de dormir seule. Ces temps-ci, c'est elle qui a été à l'origine de la migration du petit vers l'autre pièce. Depuis des semaines, elle manifeste son impatience quand il la suit partout, revendique qu'elle veut jouer seule dans sa chambre, sans lui. Mais ce soir encore, au moment de se coucher, elle avait peur de dormir seule. Elle veut être seule le jour, mais pas la nuit (et en fait, même le jour, elle n'aime pas beaucoup être seule à l'étage, et préfère que son frère soit quand même juste à l'autre bout du couloir, pas trop loin.)

J'ai suggéré qu'ils fassent un pacte de courage avant d'aller au lit. À vrai dire, le petit avait l'air très content de rejoindre son lit dans sa nouvelle chambre. Quand je lui ai souhaité bonne nuit à travers la porte avant de descendre, il ne m'a même pas répondu. Et peut-être que je me fais des idées, mais il me semble qu'il a fait beaucoup d'efforts toute la journée pour être particulièrement autonome et grand sur plein de trucs.

Je m'attendais à être rappelée par l'une ou l'autre (surtout l'une), mais au bout de trois heures, rien. On verra si ça tient la nuit...

Mes petits oiseaux dans deux nids séparés. Encore une étape franchie.

samedi 21 janvier 2023

Lectrice

Le Moineau a commencé à apprendre à lire vers 3 ans. Un pied sur l'accélérateur et un pied sur le frein pendant des années, sans doute parce qu'il était trop évident qu'on la guettait. Lire, c'est IMPORTANT. Un peu trop, quoi.

Mais l'entrée en CP a débloqué ça. La lecture, ce n'est plus "faire plaisir à Papa-Maman, mais pas trop, mais un peu quand même.". Ce n'est plus juste : lire les lettre et les syllabes et les mots. D'un coup, vers la fin novembre, elle a basculé dedans. Ça a fait un grand PLOUF. Dans la mer des histoires, des informations à chercher toute seule, du lien qui se fait entre les choses. Sans nous. T'as déjà vu un moineau qui prend son bain avec délectation? Ben mon Moineau, qui s'ébat dans le grand bain des livres, pareil.

Dans tous les canapés et fauteuils de la maison, dans son lit enfouie sous la couette, allongée sur le tapis dans la salle de jeu, ou dans le petit coin lecture avec les pieds posés sur la bibliothèque. Un bouquin rapporté de l'école chaque jour. Plusieurs dévorés chaque jour passé à la maison. Elle commence même à préférer lire seule le soir plutôt que de nous écouter lui lire une histoire. Et elle fait maintenant seule la partie "lecture" de ses devoirs.

"Maman, apparemment, le soleil n'en est même pas à la moitié de sa vie!"

"Maman tu sais, j'ai lu mon livre dans mon lit, et je me suis endormie, et après je me suis réveillée, et j'ai fini de lire le livre."

"Maman, je peux avoir un livre sur les champignons?"

La joie de la voir découvrir chaque micro-plaisir associé à la lecture. Le bonheur de se dire que ça ne fait que commencer pour elle. Ça fait partie des choses qui éclairent cette période tristoune.

mardi 29 novembre 2022

Muzoo

Il y a longtemps, le Moineau a commencé à inventer une langue à elle, le muzoo. Elle m'a confirmé l'orthographe depuis, mais ça se prononce comme "museau". Elle inventait et réinventait le lexique au fur et à mesure. Nous donnait parfois des longues explications sur l'évolution phonétique ("Avant, tel mot se prononçait comme ci comme ça mais maintenant ça a changé, c'est devenu comme ça."). Bon, une fille de linguistes, standard, quoi.

Pour autant que je puisse en juger, le muzoo est une langue à tons, avec un système phonologique pas trop complexe, et des mots plutôt longs. Et beaucoup beaucoup de synonymes, vu qu'elle ne se souvient pas d'une fois sur l'autre des mots qu'elle invente...

Et puis au bout d'un moment, elle a commencé à créer un pays imaginaire autour de la langue muzoo. Le Muzoo. Elle donne régulièrement un ou ou deux détails sur la géographie, la vie au Muzoo. Elle semble vraiment le vivre au quotidien. Le Muzoo se balade autour d'elle quand elle bouge, sous nos yeux. Merveilleux (merveille-yeux?) Il y a un an à peu près, elle a commencé parler de l'Hexamone (c'est moi qui orthographie, elle ne m'a pas dit comment ça s'écrit). Un énorme rocher, qui surplombe un grand lac, avec une cascade. L'Hexamone est creux, on peut vivre dedans.

Au Muzoo, depuis quelques mois, il y a aussi des villes, qui ont des noms de fêtes. Noël, Halloween, Pessah. Elle a embarqué son frère dans son délire. Leur ville préférée c'est Halloween. Et samedi dernier, elle a décidé qu'à Halloween, ce jour-là était l'anniversaire de l'Etourneau (oui, y a des anniversaires différents, au Muzoo. Ptet dans chaque ville. Je suis pas sûre.). Elle lui a préparé un cadeau, et on a fait un gâteau. Et on a chanté "Joy'Halloween-versaire".

Il y a quelques jours, j'ai appris que les habitants du Muzoo était les muses. Et ce matin, elle m'a annoncé qu'elle ne vivait plus à l'Hexamaune, mais sur une île merveilleuse (mer-veilleuse?). Et que le Muzoo n'était pas juste à côté de la France, mais avait même un bout en commun avec.

Souvent, je reconnais des choses à moi, chez ma fille. Souvent des choses que j'aurais préféré ne pas lui refiler. Mais l'imagination débridée, c'est son père. Et c'est une source d'admiration sans fin pour moi.

Je la regarde du coin de l’œil, ma fille. Je ne peux pas m'empêcher de noter tout ça dans un coin de ma tête, d'arpenter derrière elle les espaces qu'elle crée, en essayant de ne pas être trop intrusive.

Ma merveille. (Mère-veille?)

mercredi 16 février 2022

Copains copines

Ça fait plusieurs fois que les jours où il est à la maison, l’Étourneau demande à aller chez sa nounou, et réclame ses trois camarades qui sont gardés là-bas avec lui. Ça me fait vraiment plaisir, parce que ça témoigne du fait qu'il se sent bien là-bas, et aussi d'un début de "socialisation amicale".

J'avais trouvé ça très joli à regarder, ces premiers copinages, quand le Moineau avait 2 ans et demi. Lui commence même un peu plus tôt, sans doute parce que c'est un deuxième enfant, et qu'il a déjà une super complicité avec sa sœur. Le fait qu'ils soient quatre chez la nounou, et qu'elle travaille beaucoup plus le côté relations entre les enfants que l'ancienne nounou doit jouer aussi.

En ce moment, il est à fond sur l'apprentissage des chansons, et on s'est rendu compte que ce n'était pas uniquement la nounou qui lui en apprenait, mais aussi... la petite M. (qui n'a pas encore deux ans, mais est très en avance pour le langage). Les apprentissages circulent non pas uniquement de l'adulte vers les enfant, mais aussi entre eux.

C'est tellement, tellement chouette.

vendredi 3 décembre 2021

Complicité

Depuis deux-trois semaines, la complicité entre le Moineau et l'Etourneau s'est énormément développée. Ils jouent plus ensemble, ils rigolent énormément, ils font les andouilles, et du coup... se liguent contre nous. Dans le bain, par exemple, ça fait plusieurs fois qu'ils se mettent à fronder ensemble pour ne pas se laver, la grande encourageant le petit à se rebeller (j'adore..).

Et donc ce soir... j'avais pris soin d'annoncer 5 minutes avant que je venais les laver. J'entre dans la salle de bain, et le Moineau se place en travers de la baignoire, abritant le ptit corps de son frère derrière elle, les bras bien écartés, en me déclarant à plusieurs reprises d'un air très vindicatif "C'est MON frère! C'est MON frère". Je confirme que c'est son frère, et au bout d'un moment elle ajoute: "Je le sauve! Je le sauve, mon frère!"

"Eh, euh, du coup... toi? c'est qui qui te sauve?"

Elle a baissé les bras à toute vitesse, s'est décalée vers l'autre bout de la baignoire, et s'est mise à crier "Tu laves Étourneau d'abord! Étourneau d'abord!"

Ouais, parce que la solidarité avec les plus faibles, ça va bien 5 minutes, hein...

mercredi 10 novembre 2021

Dessin

J'ai grandi avec une maman artiste. Quand j'étais petite, elle peignait, sculptait, modelait. Plus tard, elle a fait de la broderie, de la photo, des bijoux, a travaillé le cuir, et des dizaines d'autres trucs. Touche à tout. Avec la peinture, toujours, en toile de fond. Ça a eu quelque chose d'inhibant pour moi, mais en même temps, au passage, elle m'a appris plein de petits trucs. Et si je ne me suis pas toujours autorisée à me sentir douée, elle m'a donné quand même envie de tenter plein de trucs. Quand j'étais ado, elle organisait tous les deux-trois ans "la semaine de la création", une semaine pendant laquelle des gens de la famille et des amis étaient invités à venir tester plein de techniques tous ensemble. Elle mettait son matériel à disposition de tous, et des conseils aussi... Linogravure, argile, sculpture sur béton cellulaire, pastel, fusain, sanguines, crayon, acrylique, aquarelle. Une fois ma cousine est venue avec son tour de potier. Une autre mon frère a fait une initiation au logiciel Blender. Une année, ça a été orienté plutôt vers les arts de la scène (je l'ai ratée, j'étais au Vanuatu..).

Bref. Ma mère m'a permis de toucher à plein de choses, l'air de rien. Et en ayant l'impression de ne rien savoir faire,.. ben j'ai fait des trucs. J'ai peint un peu. Dessiné beaucoup. Eu une grosse période "pastels à l'huile", et une plus brève "pastels secs". Et puis, plus rien pendant longtemps. Il peut se passer des années sans que je prenne un pinceau ou un crayon, réellement.

Il y a quelques mois, j'ai bloqué sur une photo de mon fils, et gribouillé un portrait sur un bout de feuille de brouillon. Et la bouille du gosse est sortie vraiment bien, et j'ai eu un petit moment de satisfaction intense. Mais je n'ai pas repris.

Etourneau, avr. 2021

Et puis, depuis la rentrée, ma fille s'est mise à dessiner beaucoup. Parfois une quinzaine de dessins par jour. Et à se plaindre de ce qu'elle faisait. Alors je lui ai donné un ou deux conseils. Son oncle est passé un soir et a passé un moment avec elle aussi à lui montrer comment rectifier certains trucs. J'ai trouvé ça trop chouette de la voir d'un coup progresser.

La semaine dernière, j'ai fait un saut chez mes parents, et j'ai feuilleté mes vieux cartons à dessins. Y avait des trucs pas mal. J'ai pris quelques photos à l'arrache. Mais surtout, ça m'a donné envie de reprendre pour de vrai.

Alors à notre retour, le Moineau et moi, on s'est installées ensemble pour dessiner. On a décidé de dessiner les mêmes choses. Un petit moulin en faïence que j'ai dans mon bureau. Et une façade d'immeuble inventée. Les siens étaient tous dynamiques, avec plein de détails. Et aujourd'hui, elle a dessiné des super-héroïnes avec son père. J'ai regardé ses dessins, et d'un coup je me suis dit: "Mais là, en fait, on sort de cette période où on la regardait passer tranquillement les différentes étapes du développement enfantin, les types de bonshommes, tout ça. On arrive au moment où ma fille développe un truc à elle. Où elle se fait la main et l’œil. Où ses dessins me rendent heureuse, pas parce que c'est des dessins de grande, mais parce qu'elle prend sa façon à elle de dessiner."

Supergirl, par le Moineau, nov. 2021

Et en arrière-plan, cette émotion un peu floue, mais assez intense en fait, en pensant que je pourrais, peut-être, si elle a envie, lui transmettre des choses dans ce domaine. Ça a l'air de rien, ça, hein. Mais en fait, c'est énorme. Et ça me prend complètement par surprise. Et c'est trop bien.

vendredi 14 mai 2021

Hors de caractère

Hier, en arrivant dans la chambre du Moineau, je la vois quitter son lit avec une feuille toute gribouillée, et un stylo à billes. Je commence à lui dire "Je voudrais que tu n'ailles pas dans ton lit avec des stylos ou des feutres, si tu oublies de les reboucher, ça va faire des tâches sur les..MAIS MOINEAU T'AS GRIBOUILLÉ SUR LES MURS AU STYLO?" (faudrait des majuscules plus grandes).

Elle fait un petit sourire contrit.

"MAIS TU SAIS QUE C'EST UNE BÊTISE !?"

Elle acquiesce.

On était un peu fâchés (enfin surtout jusqu'à ce que j'arrive à faire partir les 4 ou 5 grands gribouillis noirs avec une éponge magique..), mais surtout éberlués. Cette gamine qui va sur ses 5 ans n'a jamais écrit sur les murs. Ça a dû lui arriver deux fois d'utiliser un crayon sur autre chose qu'un papier (dont une sur une ardoise magique, avant de comprendre qu'elle ne devait utiliser que le stylet approprié).

On parle de punition, mais surtout, on lui demande ce qui lui est passé par la tête. Y a trop de marques différentes pour que ce soit juste qu'elle a dépassé de sa feuille en s'appuyant sur le mur, elle l'a fait en connaissance de cause. Elle ne veux pas expliquer. On reste sur notre perplexité (et je vous parle pas de la mèreplexité).

On décide d'une petite punition ensemble: elle n'aura que son doudou dans son lit pour une sieste et pour une nuit, au lieu de la tripotée de peluches et poupées habituelle. Mais quand même, je veux comprendre, c'est tellement étrange de sa part... Alors je repose la question le soir, au moment de se coucher. Et là, elle m'explique.

Elle apprenait à ses amis imaginaires à écrire et comme ils n'avaient pas bien fait leur travail sur la feuille, elle a voulu leur remontrer comment on fait. En écrivant au tableau. Comme la maîtresse. Elle a oublié que c'était une bêtise d'écrire sur le mur. Ce qui est évidemment à mes yeux la seule raison valable d'écrire sur un mur, même repeint il y a moins de deux ans, même à deux mois de vendre la maison.



Je suis redescendue rassurée et un peu rigolarde: le monde était revenu à sa place, la bêtise était finalement parfaitement Moineau-compatible.

jeudi 29 avril 2021

Virevoltante

En fin de repas, ce soir...

"- Vous savez parfois, j'ai des idées bizarres dans ma tête, mais je les dis pas.
- Ah bon? Quoi par exemple?
- Par exemple, je me demande comment les vendeurs de jouets ils fabriquent les jouets...
- Ah ben c'est une très bonne question, ça!
- Et aussi, si j'étais un fruit, est-ce qu'on me mangerait?? Moi je serais une orange. Non! Une clémentine. Si j'étais une clémentine, je me mangerais. Et alors les vendeurs de jouets, ils font comment?"

S'en sont suivies de longues explications sur les usines, les machines qui servent à faire les vélos, les machines qui servent à faire les machines qui font les vélos, les gens qui fabriquent des jouets en bois.

L'autre jour, je discutais avec elle des travaux qu'on voudrait peut-être faire pour créer une chambre à partir de ce qui devrait d'abord être une salle de jeu dans notre nouvelle maison. Il faudrait mettre une cloison qui réduirait la pièce, qui est actuellement presque deux fois plus grande que l'autre chambre. Ça ne nous plaît pas, qu'un de nos enfants ait deux fois plus d'espace que l'autre. Le Moineau est CONTRE. Elle ne veut pas de travaux, pas de cloison, rien. Je lui explique nos raisons, elle me dit "Mais elle est pas si grande que ça, la salle de jeu, hein!" Je dis "Beaucoup plus que l'autre pièce, quand même!" "Oui mais par rapport à toute la Terre, c'est tout petit quand même! C'est rien du tout! Alors tu vois!"

Ce qui est marrant avec les enfants de l'âge du Moineau, c'est que tu sais JAMAIS dans quelle direction la conversation va partir. C'est pas un Moineau, qu'on a, en fait. C'est un vol entier de petits piafs virevoltant au gré des idées, des sensations, des questions, des angoisses, des joies.

Faut être vif du neurone, pour suivre, et parfois, on se sent tous balourds, à côté. Mais des balourds un peu fiers, alors ça va.

samedi 13 février 2021

Kiri vert

Depuis 10 jours, l'Etourneau ne veut quasiment plus boire son biberon. On parle donc ce matin de remplacer par du fromage, on se demande ce qu'on peut lui donner le matin. Du camembert? du Kiri?

Le moineau intervient et dit qu'elle voudrait bien qu'on achète des Kiris verts, comme chez Papy et Mamie. Pas la première fois qu'elle en parle, mais on n'avait pas trop fait gaffe jusque là. On lui demande si elle parle des kiris à la chèvre (pas souvenir d'avoir vu ça chez mes beaux-parents, mais on sait jamais..). Je lui montre une photo sur le net.

- Non! Les kiris ronds!

- Mais y a pas de kiris ronds. Des Ptits Louis?

- Nooon, des kiris verts, là, ronds!

- Mais attends, il est comment l'emballage?

- Y a pas d'emballage!

- ?? mais c'est le fromage qui est vert?

- Nan mais y a pas de fromage!

- ? ? ? ?

- LES KIRIS RONDS! VERTS!

- Mais c'est quoi, si y a pas d'emballage, et qu'il y a pas de fromage, non plus?

- MAIS C'EST UN FRUIT!! (A ce stade là, elle était vraiment en mode "mais vous êtes complètement débiles ou quoi?").

Ah.

- Un kiwi?

- OUIIIIIIIIII!

On finit toujours par se comprendre. La question, c'est combien de temps (et d'énergie, et de patience) on met.

vendredi 6 novembre 2020

Rêve(il)

La nuit avait mal commencé. Je me suis couchée pas bien, énervée, déprimée. En colère ensuite parce que la môme m'a fait relever en chouinant pour un truc pas du tout urgent. Insomnie de début de nuit, pas moyen d'arrêter de me tourner, pas moyen d'arrêter mon cerveau de ressasser.

Le sommeil a fini par venir, et la nuit est passée.

Ce matin, juste avant que le réveil sonne, un joli rêve. J'accouchais, de façon un peu inopinée, d'un troisième bébé. Il glissait sereinement de moi, sans me faire mal, je le récupérais, il était là. Tout rond et tout rose, ne ressemblant ni à Nawimba ni à moi, ni à aucun des deux bébés précédents. Mais je le reconnaissais quand même. Il avait l'air un peu étonné d'être là (et moi donc !). Je l'ai montré à Nawimba, et le rêve s'arrêtait quasiment là, je crois: nous, papouillant ce tout petit bébé dans l'ascenseur qui nous emmenait dans la chambre de la maternité. Que du bonheur et du paisible, dans ce rêve. C'était drôlement bien. Du coup, je suis restée 15 minutes de plus au lit, à le repasser dans ma tête pour en profiter encore un peu.

Et puis j'ai commencé la journée, j'ai réveillé les enfants, il y a eu 5 minutes de tranquillité.

Et ensuite ils se sont chargés manu militari de me rappeler pourquoi deux enfants seulement, c'est bien, en fait.

vendredi 16 octobre 2020

Etourneauversaire

L'Etourneau, alias Jean-Crado, alias Terminator, alias Attila, alias (en vrac) bibou, didou, lilou, pipou, L'Etourneau, donc, aura un an ce soir (à 21h26, soyons précis).

Il a toujours ses grands yeux et ses grands cils, toujours pas beaucoup de cheveux, toujours un sourire des plus canailles. Toujours tout mince et très tonique. Très grand et très petit, évidemment. Il aime bouffer, parler, sucer son pouce, jouer avec sa sœur, tirer les cheveux de sa sœur, escalader tout ce qu'il trouve, ouvrir les portes petites et grandes, vider les placards, les étagères, les boites, le bureau de sa mère. Parfois aussi il remet des trucs à leur place, mais c'est malheureusement beaucoup plus rare. Il aime aussi les roues, les lunettes, les guilis, les bisous-prouts, la musique en général, et les chansons en particulier (il commence à se dandiner en rythme, c'est excessivement choupi), les livres.

C'est un petit garçon sociable, très rigolu, en général de bonne humeur. Un peu plus rouspéteur que quand il était tout petit, quand même, mais comme il part de très loin, il a de la marge avant d'être taxé de "gamin relou".

Il ne marche pas encore, mais tient très bien debout et se déplace extrêmement rapidement.

Il dit quelques mots reconnaissables, et un certain nombre de trucs qui ont l'air d'être des mots (forme très répétitive), mais dont on identifie pas le sens. Dans ce qu'on comprend, "donne" est le plus saillant, ces derniers jours ("ça! donne!").

Ces dernières semaines, il a testé et kiffé: la raclette, les makis végétariens, la soupe, les fajitas, le fromage qui pue. On aura eu beaucoup de chance avec nos deux enfants, de ce point de vue là (par contre, entre lui et sa soeur, l'endroit où on mange est une zone sinistrée trois fois par jour.)

Cette première année aura été étrange, même s'il ne rend évidemment pas compte. Il fait partie de ses bébés qui n'auront vu les gens extérieurs à son cercle familial (+ nounou) que masqués. Contrairement à d'autres qui étaient un peu plus grands en mars, et qu'on sent encore inquiets quand débarque une personne masquée, l'Etourneau n'a aucun problème avec ça.

Les premiers mois d'un bébé, c'est toujours un peu étrange, du point de vue du temps, je pense. Il y a toujours une espèce de distorsion, entre le "ça fait tellement peu de temps qu'on est ensemble qu'on est obligé de se découvrir encore beaucoup", et le "il s'est passé tellement de choses depuis la naissance, ohlala on dirait que ça fait des siècles".

La crise sanitaire et le confinement ont encore accentué ce truc-là, pour moi. J'ai du mal à croire qu'il n'a qu'un an, et j'ai en même temps l'impression qu'il me manque un morceau d'année, qu'il ne peut pas avoir déjà un an. Et la tristesse toujours que mes proches ne le voient pas vraiment grandir, au quotidien.

J'alterne aussi entre la joie de le voir grandir et progresser (et le soulagement de pouvoir se débarrasser petit à petit des fringues de bébés et du matériel de puériculture encombrant) et un peu de nostalgie, à l'idée que voilà, la période de fusion avec un nourrisson, c'est bel et bien fini. Il est déjà bien parti sur le chemin de l'enfance, en route pour devenir un petit garçon. Je n'allaite quasiment plus, non plus (il fait en général 2 minutes de tétée le matin le temps que son père arrive avec le biberon, et n'hésite pas une seconde entre le sein et le biberon quand il a le choix :D). Ça aussi, c'est à peu près terminé, "pour toute la vie", comme dirait le Moineau. Ça marque la fin d'une période, un peu entrecoupée, mais finalement assez dense, qui dure depuis juillet 2015: le temps où mon corps a été mis à contribution très directement pour fabriquer et nourrir des bébés (ne nous leurrons pas, il va rester encore assez longtemps à disposition de mes enfants grandissants, il les portera, sera escaladé et un peu malmené pendant encore quelques années. Mais ce n'est pas tout à fait pareil).

Une année à 4, déjà. Ca me paraît surréaliste. Mais pas à lui, hein! Lui, il avance d'un pas décidé (bien qu'un peu vacillant, encore..), et il ne se laissera ralentir par rien. En route vers la suite, hop, hop, hop!

vendredi 25 septembre 2020

Petite roublarde

Cet après-midi, je récupère la gaminette à l'école. Au moment où on s'éloigne dans le couloir, la maîtresse me dit quelque chose comme "Ah oui, elle a fini en arc-en-ciel!". Comme j'avais à la main un dessin très coloré que venait de me donner ma progéniture, je pense que c'est de ça qu'elle parle, et réponds en rigolant "Oui oui, ça fait un an qu'elle est à fond sur les arcs-en-ciel!"

C'était pas ça du tout.

Le Moineau m'a expliqué sur le chemin. Elle avait été tellement sage toute la journée (semaine?) qu'elle a fini en haut du genre de tableau d'honneur qu'ils ont dans la classe, toute seule dans la case "Arc-en-ciel" qui va lui donner le droit de faire chais pas quoi la semaine prochaine (choisir l'activité qu'ils vont faire en sport ou un truc du genre, je crois). Consécration ultime. Bon, nous on est pas hyper enthousiastes sur l'idée de tableau de comportement surtout s'il sert à classer les élèves entre eux, mais passons. La gamine était contente. Très bien.

Plus tard, elle me raconte au détour d'un pliage de linge: "Tu sais, j'ai cassé le loup (en légo) de R. Et il l'a dit à la maîtresse, mais je lui ai dit que j'ai pas fait exprès." Sauf qu'en lui tirant les vers du nez, je finis par comprendre qu'elle a cassé le loup de R. parce que lui même essayait de lui casser sa propre construction en légo.

Hum. Donc une petite bêtise, et surtout un petit mensonge... mais la maîtresse l'a crue, ça ne lui a donc pas coûté son statut arc-en-ciel.

Encore plus tard, on raconte à Nawimba que sur l'un de ses dessins, le joli bonhomme, ce n'est pas elle qui l'a dessinée, mais sa copine E. "Mais j'ai dit à la maîtresse que c'était moi", dit-elle, assez contente d'elle.

Hum Donc, une petite bêtise, et (au moins) DEUX ptits mensonges dans la journée. La maîtresse est apparemment assez prompte à gueuler, punir, rouspéter, et mettre les enfants dans la case ROUGE du tableau de comportement ("Rouge c'est pas bien. M. et A., ils ont pleuré quand ils ont été en rouge!"). Mais là, elle n'a rien vu, rien entendu, rien dit. Pas remis en cause la version du Moineau. "Ah, s'ils étaient tous comme elle ...". Et pif-pouf, arc-en-ciel.

Rien de très grave, mais quand même, on voit assez bien comment ça se met en place, les privilèges.

jeudi 2 juillet 2020

Illumination parentale

J'ai compris. J'ai ENFIN compris.

Après 4 ans à vivre au milieu des jouets, je viens de piger pourquoi la majorité des jouets de premier âge produisent des bruits. Des grelots, du plastique crissant, que sais-je encore.

Toi, dans ta grande naïveté de jeune parent, tu penses que c'est pour le sacro-saint EVEIL de ton enfant, que ça va le stimuler, le rendre super intelligent d'avoir un truc qui lui fait dingdong dans les oreilles en continu. Éventuellement, au bout de quelques mois, tu percutes que ça t'offre aussi une aide inespérée dans les cas où tu as besoin que ton lardon se tienne tranquille, genre sur la table à langer. Parce qu'il faut le savoir, entre 6 et 8 mois, les bébés développent une capacité hors norme à se trouver à la fois dans 5 plans différents. Toi t'as besoin d'avoir les fesses et le dos approximativement à plat sur la table pour pouvoir fermer cette putain de couche rognntiiiiddddjuuu , et lui il défie les lois de la géométrie tranquillos 6 fois par jour. Alors tu lui colles un jouet pouic-pouic entre les pattes, et t'as vaguement une chance qu'il se tienne à plat dos 6 ou 7 secondes d'affilée le temps d'attacher la couche (et de ré-enfiler le pantalon, si tu as vraiment le cul bordé de nouilles.)

Mais en fait non. L'utilité ultime du jouet à grelot, c'est pas ça.

En vrai, le moment où ça te sauve la vie, c'est quand ton môme commence à ramper efficacement (comme l'Etourneau depuis quelques temps), et que tu dois le laisser quelques minutes (ou secondes) dans une pièce, seul. L'idée, c'est d'avoir plein de jouets qui font du boucan. Et de les parsemer stratégiquement tout autour de lui. Quand tu entends "bling bling" (ou pouet pouet, ou tut tut, t'as compris le principe), tu sais que l'armée ennemie s'est mise en marche, et qu'elle s'apprête à franchir les frontières de la zone autorisée. Au bout d'un moment, tu parviens même à identifier QUEL jouet est en train de couiner, et quel azimuth l'armée en question a choisi. Et du coup, tu peux passer pour un medium auprès de ton aînée en gueulant depuis la cuisine "Oh! C'est interdit de bouffer les roues de la poussette!" ou "Bibou, si tu lèches encore une fois la semelle d'une chaussure, je vais me fâcher!". Bon, il faudra quand même que tu te déplaces, parce que le bébé, lui, il s'en tape. Voire, s'il est comme le mien, ça a plutôt tendance à lui faire accélérer la cadence. Une fois qu'il se sait repéré, il se grouille encore plus pour arriver à faire sa connerie avant qu'on vienne l'arrêter. (Tout à l'heure, j'ai repéré à côté de la balle en tissu avec laquelle il jouait, un bout de carton par-fait pour être machouillé. J'ai dit "Ca c'est interdit, hein, tu le manges pas" en me levant. Le temps que j'arrive jusqu'à lui, il s'était jeté à plat ventre sur la balle et le carton, tout raidi, genre plaquage de rugby, pour m'empêcher de récupérer le truc et de le jeter.)

Voilà. Après on peut ptet envisager une solution à base de barbelés à grelot, pour les bébés les plus inarrêtables, je sais pas, faudrait réfléchir.

mercredi 1 juillet 2020

Petit Prince

Nawimba lit Le petit Prince avec le Moineau.

Du coup elle est venue me raconter où ils en étaient:

"C'est le petit prince, il trouve que sa fleur elle est toute bête et elle l'aime pas tout ça, alors il descend de sa planète. Mais au moment donné où il s'en va, elle lui dit "Mais non, je t'aime, je t'aime, je t'aime!" Alors il reste là, mais elle lui dit "Va t'en!" alors il s'en va.

C'est un peu triste quand même."

dimanche 14 juin 2020

Grandes questions

Elle m'a vu prendre un doliprane, et la question a fusé "Tu veux pas de troisième bébé?". Et puis vite, les mains sur le nez et la bouche, comme prise en faute d'avoir dit un truc plus gros qu'elle.

Ça m'a prise un peu à froid, je dois reconnaître. Elle a passé les trois derniers mois à la maison, vu personne depuis mi-mars à part trois fois ses grands parents ce mois-ci.. Qui lui a parlé de pilule contraceptive?? Ca doit faire un moment que ça mijote dans sa tête.

Pas réussi à savoir d'où ça venait exactement ("J'y ai pensé toute seule"), mais j'ai quand même répondu que 1. Je prenais juste du doliprane parce que j'avais mal au dos, et que 2. Non, effectivement, on ne prévoyait pas d'avoir un troisième bébé (ce qu'elle sait, on en a déjà parlé..).

Et du coup, le soir, évidemment... avec l'air de parler à son reflet dans le miroir, derrière moi:

"Mais comment on fabrique les bébés?"

Alors j'ai demandé: "Ben toi, à ton avis, t'en penses quoi?"

Elle m'a répondu "On prend pas le médicament!"

"Alors effectivement, c'est un bon début, mais ça suffit pas. Comment on fait pour fabriquer les bébés? Et d'abord, est-ce que tu crois qu'on les fabrique vraiment?"

Elle a eu un air un peu perplexe,et elle a fait "Euh, pas avec la boite à outils, quand même?"

Je me suis retenue de commencer ma réponse par "En général", et j'ai juste dit "non". Et puis j'ai expliqué qu'en fait, pour ce qui est de la fabrication, ça se fait un peu tout seul ("il faut beaucoup manger, quand même!" m'a-t-elle interrompue), mais qu'il faut faire des choses pour que la fabrication commence. Et puis j'ai expliqué l'ovule et le spermatozoïde, et parce qu'elle est merveilleuse, et pour se laisser le temps, et pour nous laisser le temps, elle a changé de sujet avant que ne se pose concrètement la question de COMMENT ces deux-là peuvent bien arriver à se rencontrer :D

Plutôt contente de l'épisode, de mon côté :)

samedi 6 juin 2020

Imitations

A quelques heures de distance, l'autre jour:

Le Moineau déclarant: "J'ai une fille elle s'appelle Niña. Avant, c'était "Nenaü", mais y a le "e" et le "u" qui se sont perdus, et y a un "i" qui s'est rajouté, et ça donne "Niña" ". Cette enfant n'a pas quatre ans, et elle fait de la pseudo-linguistique historique. Je me sentais un peu "coupable" parce que je lui avait expliqué l'avant-veille pourquoi "vingt" avait gardé un G et un T bizarre à la fin, et fait l'évolution historique du latin "viginti" au français "vingt". Deux minutes plus tard, Nawimba me confesse que de son côté, il lui a expliqué que "filius" avait donné "hijo" en espagnol. On est irrécupérables, et on va créer un monstre (un monstre mignon, quand même).

L'Etourneau se met maintenant facilement sur le ventre, et attrape de plus en plus tout ce qu'il trouve, notamment les jouets de sa sœur, évidemment. Depuis quelques jours, on lui donne d'ailleurs nous-mêmes des personnages Duplo quand on a pas ses jouets à lui sous la main. Et à un moment, je le vois donc, allongé sur le ventre, sur le tapis à côté du , quiMoineau, qui jouait tranquillement avec ses Duplo et ses playmobils. Il avait lui aussi un bonhomme Duplo dans chaque main, et au lieu de juste les mettre à la bouche, il les frotte l'un contre l'autre. Et puis il s'interrompt, tord la tête vers la gauche dans l'exact mouvement qu'a un collégien pour apercevoir ce que son camarade est en train d'écrire sur sa copie. Il observe sa sœur quelques secondes. Puis revient à ses bonshommes et les frotte de plus belle, en reproduisant ce qu'elle est en train de faire. Il est littéralement en train d'apprendre à jouer en la regardant. C'est évident, hein, que les cadets apprennent en regardant les aînés. Mais le voir comme ça pour la première fois (ou seconde, parce que j'avais déjà remarqué qu'il imite certaines de ses intonations parfois), c'est assez émouvant, je dois dire.

Ca pousse, ça pousse.

jeudi 28 mai 2020

Adjectifs

Il y a peu ma mère nous as envoyé un paquet avec un kit de survie: des masques pour nous, et des livres pour le Moineau. Il y en avait des neufs, parce que ma mère a un rituel où elle envoie un petit bouquin par mois à ses deux petites filles (ses petits fils ayant respectivement deux et 7 mois, ils n'y ont pas encore droit, c'est trop injuste!). Et des vieux, à mon frère et moi, qu'elle a récupérés dans la bibliothèque "enfant" chez elle. J'aime bien lire mes livres d'enfance à ma fille, même ceux que je trouve, avec le recul, complètement cucul-la-praline. Dans le lot, il y avait ça:

LarousseToutPetits.jpeg, mai 2020

J'en gardais un très bon souvenir, et j'étais contente de le retrouver. Mais au delà de ça, on en fait lire quelques pages au Moineau le soir, et d'autres parfois dans la journée, et c'est un vrai vrai plaisir:

  • Premier dictionnaire! Dans une famille comme la sienne, ça compte.
  • Ca nous a permis de lui expliquer le principe de l'alphabet (elle commence à le connaître, mais là, elle a vu l'utilité de ranger les lettres dans un certain ordre. Que c'est pas juste une comptine, quoi..).
  • Les mots sont en majuscules (elle ne connaît pas encore toutes les minuscules).
  • Les majuscules sont accentuées (dans un bouquin qui a plus de 30 ans! C'est trop ouf.)
  • Y a des mots pas courants du tout, qui permettent à la fois que le Moineau soit obligée de les lire, et puisse difficilement les deviner, et qui viennent grossir son vocabulaire (qui est déjà pas minable, je vous prie de me croire.).
  • c'est l'illustratrice de Mimi Cracra, que j'aime beaucoup, et le Moineau aussi
  • C'est pas mal inclusif, y a beaucoup de filles, et plein de couleurs de peaux différentes
  • Les petites citations littéraires en dessous sont souvent très sibyllines, et un peu rien-à-voir. On pourrait croire que c'est un défaut, mais en fait, je me souviens avoir pas mal rêvassé et réfléchi sur ces petites phrases, et que ça nourrissait aussi mon imaginaire (celui du Moineau étant dopé aux amphétamines, je pense qu'elle y trouvera aussi son compte quand elle arrivera à les lire).

Là c'est celui des adjectifs (on n'avait que celui là à la maison), mais à la vitesse où elle l'avale, je vais ptet essayer de trouver les autres d'occas (je viens de voir qu'il y a les verbes, les noms propres, les adverbes, au moins)

(Voilà, et sinon, je m'étends pas pour pas vous saouler encore plus avec mon orgueil de mère, mais de jour en jour ma fille de 3 ans et 10 mois apprend goulûment à lire, et je suis tellement fière d'elle, et c'est tellement joli de la voir s'emparer de la lecture, et j'ai tellement hâte qu'elle puisse se plonger seule dans des histoires, et, et, et.. )

jeudi 21 mai 2020

Rêves

Le Moineau a pris l'habitude de nous raconter ses rêves (en général peuplés par ses amis imaginaires et autres personnages de films et de livres) dès son lever. Je voudrais les enregistrer, y a vraiment des perles. Avant-hier, elle avait rêvé du Virus. Il était tout vert et tout petit "comme le cœur de Te Fiti" (dans Vaiana).

Le coeur de Te Fiti dans les mains de Vaiana, mai 2020

Le virus était une fille, et elle était copine avec le bureau du Moineau. Le virus n'avait (évidemment) pas de bouche pour parler, alors c'était le bureau qui lui avait révélé cette amitié. Le bureau n'a pas de bouche non plus, mais il a des poumons magiques qui faisaient comme des tatouages et qui racontent des trucs. Le virus avait également un papa, qui était mort, parce qu'il ne mangeait rien, se privait de tout pour tout donner à sa fille.

Ce matin, elle a de nouveau rêvé de personnages Disney. Ce coup-ci, c'était Anna (de la Reine des neiges) qui était devenue méchante, et faisait peur à Elsa. Elle était méchante parce qu'elle avait rencontré un canard. J'ai demandé des précisions: en fait, c'était plus spécifiquement à cause d'un os de canard magique (l'os, pas le canard). Et à la fin, elle remettait l'os dans la peau du canard, et elle redevenait gentille.. J'ai demandé ce qu'elle, le Moineau, faisait dans l'histoire, elle m'a dit "Ben non, moi je dormais, j'étais pas dans l'histoire". Logique.

Cette gamine est exactement comme son père: des histoires plein la tête, toujours renouvelées. Ils ont une capacité qui m'épate à remodeler les intrigues, à faire des liens entre les personnages, à rebrasser, remélanger les structures narratives. Pour les amis imaginaires, c'est pareil, ils sont exactement sur le même modèle. Là par exemple, il s'est éclaté à faire un tournoi des héroïnes et héros de l'antiquité greco-latine sur Twitter, et pendant plusieurs jours, on a vraiment vécu avec Hercule, et Cadmos, et Penthesilée (en plus de la tripotée de potes invisibles du Moineau)...

J'en suis à me demander si on devrait pas encore prévoir une ou deux pièces de plus que ce qu'on avait pensé, dans notre prochaine maison, pour loger tout ce beau monde.

samedi 16 mai 2020

Mensiversaire

L'Etourneau a 7 mois aujourd'hui. C'est toujours un bébé rigolu et de bonne composition, attentif et curieux. Il est très tonique, gigote beaucoup et donne de mémorables coups de pieds (aië) dans tout ce qu'il peut (si on le met devant un ballon, il shoote dedans de bon coeur, par exemple..). Il se retourne du dos vers le ventre, et du ventre vers le dos, et depuis quelques jours, il fait des abdominaux en soulevant la tête et les jambes pendant 4-5 secondes, avec l'air concentré d'un sportif de haut niveau (encouragé par sa sœur qui lui crie "Aaallez, les HHHabdominaux!")

Il a une bouille toute ronde, des grands yeux bleus-gris et des cils très longs ("un beau ramasse-miette", comme a dit ma frangine..). Et pas beaucoup de cheveux sur le caillou, mon petit crane chauve.

Il n'a qu'une dent, et mais s'en sert bien volontiers (re-aïe). Il est diversifié depuis trois mois et marque déjà bien ses préférences. Il aime le poireau, le pruneau, et la pomme qui sent le cramé (ai-je laissé brûler une casserole il y a dix jours en faisant de la compote? peut-être...), mais pas beaucoup le cœur d'artichaut et les champignons de Paris.

Il papote beaucoup, a toute une variété de bruits de bouches et de modulations de la voix. Il dit "Papa" à destination de son père (mais je me demande s'il essaye pas avec moi aussi, parfois, il a ptet pas encore bien compris que ça ne concernait qu'une personne..), et un truc qui pourrait être le surnom de sa sœur. Il a un super sens de l'humour, beaucoup moins basé sur la répétition que la plupart des bébés que j'ai connus. Il aime la surprise, et rigole des trucs nouveaux, mais faut pas essayer de lui faire la même grimace plus de 5 minutes. Ça nous oblige à être inventifs (oui, "oblige", parce que faire rire un bébé, c'est le plus grand plaisir du monde entier.).

Il fait des calins avec la main, et depuis longtemps, des bisous. Enfin.. il me choppe la tête par les oreilles et se précipite la bouche grande ouverte et la langue sortie pour se frotter sur ma joue, ou sur ce qui se trouve sur son chemin, disons (et la sensation est différente de quand il veut téter, où il lui arrive de faire la même chose et de téter ma joue, ce qui est très désagréable). Il aime jouer avec mes cheveux, sa petite main sur ma nuque, et il aime tirer les poils de barbe de son père. Il lui vole aussi ses lunettes, et proteste énergiquement si on a le culot de les lui reprendre. Il mange les pantoufles qu'il arrive à choper.

Il dort depuis quelques semaines dans sa chambre, avec sa sœur. La transition a été compliquée, et le confinement nous a permis de le faire sans être trop explosés par les mauvaises nuits. Il se réveille toujours au moins une fois dans la nuit, parfois plus. Je repense souvent à une formule d'une copine, qui disait de son fils qu'il était "la lumière de nos jours, et une sirène dans nos nuits".

Je suis un peu inquiète de comment se passera le retour à la normale dans quelques mois, vu qu'il ne va sans doute pas retourner chez la nounou avant septembre. Mais ces quelques mois entre nous sont l'occasion de profiter de sa toute petite enfance à fond, et je ne m'en lasse pas. Ses premiers mots seront pour nous, ses premiers déplacements aussi, peut-être même ses premiers pas s'il les fait un peu tôt (le Moineau s'est planquée de nous pendant un mois et demi. On avait des gens qui nous disaient "je l'ai vue marcher", mais elle voulait pas le faire devant nous... Petit chameau.). C'est, sauf changement de plan improbable, notre dernier bébé, et on emmagasine les souvenirs. J'aime les bébés et les enfants à tous les âges, mais ces premiers mois, ça fera, c'est sûr, de la nostalgie...

mardi 5 mai 2020

Ribambelle d'amis

Le Moineau a des amis imaginaires depuis un peu plus d'un an. La première est apparue pendant mon deuxième mois de grossesse, environ 3 semaines après qu'elle a compris (seule) qu'un deuxième bébé était en route. Et a presque magiquement réglé les crises que cette nouvelle avait fait naître. On se faisait juste un peu engueuler parce qu'on s'asseyait sur sa copine invisible. Cette première copine n'avait pas de nom, elle s'appelait "ma copine imaginaire". Un mois après, elle a été rejointe par un "copain imaginaire". Encore un mois après, il y a eu "David" (c'est le prénom d'un petit garçon qui avait été gardé avec elle quelques mois chez la nounou quand elle était toute bébé). Encore un mois après, Pikachu les a rejoints (je ne sais pas si Pikachu est un pokémon, ou un humain...).

Pendant un bon moment, elle est restée avec ces quatre là. David mourait régulièrement, et ressuscitait. La copine et le copain imaginaire avaient chacun un papa décédé (je me rappelle la première fois que le papa de la copine imaginaire est mort: le Moineau en sanglotait presque dans la rue. Top ambiance). La copine vivait avec nous, les autres rentraient chez eux le soir.

A l'entrée à l'école, les amis imaginaires se sont fait plus discrets. Moins besoin, sans doute, et puis les copains d'école fournissaient déjà bien suffisamment d'histoires et de questionnements. Après la naissance de l’Étourneau, un nouveau est apparu dans la bande: Mohamed (du nom d'un petit garçon qui dormait à côté d'elle au dortoir, mais qui n'était pas dans sa classe). David, lui, à ce moment, était définitivement mort. Mohamed est très vite devenu inséparable de Pikachu. Y avait d'ailleurs un truc marrant, dans cette paire, qui était reflétée par une paire de poupées: sa première poupée, qui s'appelait originellement "Poupée" s'est mise à s'appeler "Jeanne" (comme un personnage de Tchoupi), et une autre qui n'avait pas de nom s'est mise à s'appeler "Léa" (comme une petite fille de l'école qui souffle un peu le chaud et le froid, et change d'avis de minute en minute sur le degré d'amitié qu'elle entretient avec le Moineau). Donc y avait "Mohamed et Pikachu", et "Jeanne et Léa". A chaque fois, un personnage de fiction, et une personne réelle.

Au début du confinement, on en était là.

Et là, d'un coup... Elle s'est mise à intégrer à sa liste d'amis imaginaires TOUS les personnages féminins (et deux masculins) des films et dessins animés qu'elle voyait. Au rythme d'un film par semaine environ... Actuellement, si je ne me trompe, il y a:

  • Pikachu,
  • Mohammed,
  • Elsa,
  • Anna,
  • Vaiana,
  • Belle,
  • Chiita,
  • Satsuki,
  • Mei,
  • Kiki,
  • Heidi,
  • Peter,
  • Karl,
  • Teresa,
  • Clara.

Et puis Moriane et Mor-anne. Et la copine imaginaire, qui depuis quelque temps porte comme prénom le surnom du Moineau, au cas où on aurait pas pigé l'identification. (Plus de trace du copain anonyme, par contre). Comme elle éprouve le besoin d’égrener la liste toutes les trois phrases, je commence à bien les connaître. Ils sont princesses, sorcières, héros, enfants, adultes, morts ou vivants, mortels ou gentils.

Ils sont un peu multi-usages. Parfois, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une petite armée, qui la protège, et que c'est pour ça qu'elle éprouve le besoin de les lister et de les compter. Ça les consolide, peut-être. Elle m'a demandé si elle pouvait les emmener dans son lit à la sieste, tout à l'heure.

Parfois, ce sont des frères et sœurs. Elle m'a expliqué tout à l'heure, que c'était super, d'avoir plein de frères et sœurs imaginaires, qui ne sont pas petits comme l’Étourneau. Alors je me dis que ça lui sert à ne pas être seule entre nous (elle nous informe de temps en temps que nous sommes les parents de tout ce beau monde, je suis un peu submergée).

Parfois, ce sont des substituts de copains de classe. Pendant que j'écris, par exemple, elle est en train de faire un cours de gym avec toute la bande. Elle les fait passer groupe par groupe, elle leur fait faire des exercices de yoga ("et je veux voir personne baisser les jambes pendant 15 minutes! Et après on se redresse tran-quil-lement"). Tout à l'heure, ils faisaient tous l'étoile de mer sur le tapis, j'ai dû leur faire de la place en poussant tout ce qui gênait. Parfois ils sont plus ancrés dans leurs fictions spécifiques, et elle rejoue avec eux les scènes les plus périlleuses des films.

Ça m'attriste, parfois, parce que je vois bien qu'ils sont une réponse à quelque chose de souffrant, qu'on ne parvient pas à soulager de notre côté. Qu'on ne peut sans doute pas soulager, en fait. Et en même temps, je trouve ça malin, comme solution. Elle est résiliente, ma fille, comme beaucoup de gamins. Ptet qu'on devrait tous en prendre de la graine.

(Je viens de lui dire à l'oreille "je t'aime". Elle m'a demandé de le dire à tous les autres. J'ai dit qu'elle pouvait leur dire de ma part. Elle a murmuré "je t'aime de la part de maman", avant de m'annoncer: ils sont tous collés à ma bouche, ils ont entendu!).

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