Mot-clé - questions

Fil des billets Fil des commentaires

samedi 3 février 2024

3 février - Aujourd'hui question idiote

Je suis prof. "Il n'y a pas de question idiote" est une phrase que je ne prononce pas tant que ça, mais qui fait partie de ma posture d'enseignante. Je ne suis pas là pour juger les questions de mes étudiant·e·s. Je suis là pour y répondre, si je peux, et pour essayer de les orienter dans une meilleure direction, quand je ne peux pas.

Je m'efforce, globalement, d'avoir la même posture dans la vie, avec les gens que je côtoie. Ça sert à rien, de mépriser les gens pour leurs questions, si?
Non.
La plupart du temps, d'ailleurs, ça ne me coûte absolument pas. Ça ne me demande pas d'efforts.

Mais purée, parfois, y a des exceptions.
Je ne me reconnais pas des millions de qualités, mais franchement, le fait d'arriver à répondre calmement à certaines des questions de certain·e·s de mes collègues... y a des fois, je mériterais une médaille.

lundi 29 janvier 2024

29 janvier - Aujourd'hui une princesse

Mes gamins ont évidemment choisi le soir où j'étais seule avec eux, pour se lancer dans une grande série de questions sur "comment on fait les bébés?". Et ce, évidemment, 5 minutes avant l'heure du coucher.
Le petit s'interrogeait juste sur : comment la graine du papa se retrouve dans le ventre de la maman?
Bon, ça, ça va, je gère, j'avais déjà eu cette conversation avec la grande.

Sauf que du coup, elle, elle en a profité pour choper la balle au bond, et pour poser des questions techniques très (TRÈS) précises. Et elle était à deux doigts de faire se déculotter son frère pour comprendre comment ça marche ce bouzin là.

J'ai fini par éluder les questions les plus gênantes/compliquées, et par faire obliquer la question sur le consentement. Pas envie que le gamin tente de mettre en application son tout nouveau savoir sur ses copines d'écoles. Globalement ça avait pas l'air de lui sembler très ragoûtant, cette affaire là, donc je suppose qu'on est tranquille pendant quelques années. On a conclu que son zizi servirait surtout à faire pipi pendant encore un petit moment. J'ai pas insisté sur les usages récréatifs, je pense qu'il les connaît déjà un peu, on en parlera s'il veut, mais là ça faisait déjà beaucoup pour une soirée.

C'est d'ailleurs lui qui m'a sauvée, in fine, en me demandant comment la petite Sirène faisait pipi. On a donc fini la conversation par quelques envolées sur les modalités excrétatoires de la pauvre Ariel, et on s'est demandé aussi si pour les bébés, elle faisait plutôt comme les mammifères ou comme les poissons.

Et ensuite tout le monde au dodo.

Pfiou.

vendredi 19 janvier 2024

19 janvier - Aujourd'hui dilemme

Écrire en retard les billets manqués hier et avant-hier et les poster en douce en les antidatant? Ou assumer leur absence en postant des billets vides, voire rien du tout?

Dilemme.

(Solution, après une bien trop longue période de réflexion pour un sujet si trivial: en faire le billet d'aujourd'hui. Three birds, one stone :) )

mardi 16 janvier 2024

16 janvier - Aujourd'hui mal

J'ai un peu mal au dos, ce soir, et au pied, au genou. La faute aux deux sessions de trois et quatre heures sans bouger d'une chaise dans la journée d'une part, et aux problèmes de transports d'hier qui m'ont fait beaucoup galoper d'autre part. Mais c'est pas un si mauvais bilan, ces jours-ci. Mon estomac me laisse tranquille, et ni le pied ni le genou ne sont endoloris au point de m'empêcher de marcher. (Pas sûr que ça dure, on verra demain). Je vais y aller doucement les jours qui viennent, quand même.

J'ai réalisé ces derniers mois à quel point j'associais une absence de douleur à une absence de sensation. Ma psy (dont l'approche est très axée sur le corps et la somatisation) commence chaque séance par un genre de temps de relaxation, et me demande ensuite comment je me sens, dans mon corps. Et il m'arrive de plus en plus souvent de dire que je n'ai pas de sensations. Comme si toutes les perceptions inférieures à un certain seuil de douleur ne s'enregistraient même pas. Comme si mon corps avait besoin de hurler pour non seulement que je l'écoute, mais que je le *perçoive*. Je dis "douleur" mais en réalité les perceptions agréables très fortes s'enregistrent aussi. C'est juste qu'au quotidien, les douleurs fortes sont plus nombreuses, et durent plus longtemps que les plaisirs très intenses.
Ce constat, ces constats m'attristent, un peu. Du coup, j'essaye de me rééduquer, ces temps-ci, à percevoir les petites sensations. Les petits conforts.

Les écarts de température, aussi. Je réalise en écrivant que je dis, depuis 20 ans, que je n'ai pas beaucoup d'inertie de ce côté là, que je passe toujours de "trop chaud" à "trop froid" sans zone de confort, que je n'ai pas de montée ou de descente graduelle vers l'un ou l'autre. Mais peut-être qu'en fait je ne prête attention à la température ressentie que quand elle devient insupportable? Peut-être que c'est surtout un problème d'attention?

C'est un thème qui revient vraiment par plusieurs côtés, cette histoire de manque d'attention à mes perceptions et à mon corps. J'ai cru pendant plus d'une décennie avoir des pertes auditives assez importantes. Mais jai fait un audiogramme récemment et : non, pas vraiment, à part une fréquence particulière en dessous de 30 décibels, et il n'y a rien de catastrophique, c'est dans les clous par rapport à mon âge. Le gars m'a dit "c'est sans doute plutôt un problème d'attention, dû au stress, à la colère, à la fatigue, etc." Ça a piqué pas mal, ça aussi.

Donc, voilà: la douleur, les sensations, les perceptions, comme des messages que je trouve sans doute opportun ou confortable de ne pas écouter, et qui reviennent tambouriner à la porte quand le moral plonge. C'est une des pistes que j'explore en ce moment. Ça pique, mais ça me parle quand même pas mal, je trouve intéressant de tirer sur le fil pour voir quel bout de la pelote viendra.

samedi 6 janvier 2024

6 janvier - Aujourd’hui que deviendra cet enfant plus tard ?

Parfois, comme tous les parents, je me demande ce que seront, ce que feront mes enfants plus tard. J'essaye (parfois en vain, on va pas se mentir) d'éviter de trop jouer au jeu des prédictions. D'abord parce que c'est un coup à se planter, et j'aime pas avoir tort :) Et d'autre part parce que c'est aussi un coup à les influencer, et ce serait vraiment nul. Quand je me risque à faire des prédictions (pas devant eux), je vais, cependant, rarement au delà de l'adolescence. J'ai pensé hier, par exemple, qu'entre sa petite tête de bois, son sourire coquinou et sa fréquente flemme aiguë, il allait falloir garder un œil sur l'Étourneau au sortir de l'enfance, et qu'on risquait d'en baver un peu.

Parfois, aussi, je pense à leur avenir sous un angle plus angoissé. Je ne manque pas de raisons, ces temps-ci, de me demander dans quel monde grandiront mes enfants. Comment ils y grandiront, la place qu'on leur y laissera. Ce qu'ils pourront se permettre de devenir.

Peut-être qu'au fond, une bonne petite tête de bois bien solide, une volonté à toute épreuve, pour résister, surmonter tout ce qui va se trouver sur leur chemin, c'est le mieux à leur souhaiter, même si pour l'instant, ça m'agace parfois en tant que mère au bout de sa vie...

D'ici là, il faut travailler à les équiper pour pleins de futurs possibles (quelle responsabilité!) sans perdre de vue que ce n'est pas de moi que dépend l'intégralité de leur bien-être futur (quelle anxiété!).

Bon. Va te coucher, on verra bien demain où on sera.

jeudi 29 avril 2021

Virevoltante

En fin de repas, ce soir...

"- Vous savez parfois, j'ai des idées bizarres dans ma tête, mais je les dis pas.
- Ah bon? Quoi par exemple?
- Par exemple, je me demande comment les vendeurs de jouets ils fabriquent les jouets...
- Ah ben c'est une très bonne question, ça!
- Et aussi, si j'étais un fruit, est-ce qu'on me mangerait?? Moi je serais une orange. Non! Une clémentine. Si j'étais une clémentine, je me mangerais. Et alors les vendeurs de jouets, ils font comment?"

S'en sont suivies de longues explications sur les usines, les machines qui servent à faire les vélos, les machines qui servent à faire les machines qui font les vélos, les gens qui fabriquent des jouets en bois.

L'autre jour, je discutais avec elle des travaux qu'on voudrait peut-être faire pour créer une chambre à partir de ce qui devrait d'abord être une salle de jeu dans notre nouvelle maison. Il faudrait mettre une cloison qui réduirait la pièce, qui est actuellement presque deux fois plus grande que l'autre chambre. Ça ne nous plaît pas, qu'un de nos enfants ait deux fois plus d'espace que l'autre. Le Moineau est CONTRE. Elle ne veut pas de travaux, pas de cloison, rien. Je lui explique nos raisons, elle me dit "Mais elle est pas si grande que ça, la salle de jeu, hein!" Je dis "Beaucoup plus que l'autre pièce, quand même!" "Oui mais par rapport à toute la Terre, c'est tout petit quand même! C'est rien du tout! Alors tu vois!"

Ce qui est marrant avec les enfants de l'âge du Moineau, c'est que tu sais JAMAIS dans quelle direction la conversation va partir. C'est pas un Moineau, qu'on a, en fait. C'est un vol entier de petits piafs virevoltant au gré des idées, des sensations, des questions, des angoisses, des joies.

Faut être vif du neurone, pour suivre, et parfois, on se sent tous balourds, à côté. Mais des balourds un peu fiers, alors ça va.