Contorsions parentales

Au début de la période du confinement, on s'est dit que c'était sans doute le bon moment pour "travailler" à passer l'Etourneau dans la même chambre que sa sœur la nuit (comprendre: si on fait des nuits de merde, on pourra dormir plus tard le matin et ne pas être trop crevés. Ah-Ah.) Mais comme il se réveillait encore plusieurs fois par nuit, et qu'il braillait fort fort fort, ça s'est pas très bien passé, et le Moineau était crevée et ronchon. On ne voulait pas qu'elle le prenne en grippe, alors on s'est dit qu'on allait faire des étapes intermédiaires.
Ce qu'on a trouvé, c'est un compromis. On le couche dans notre chambre, dans son berceau de co-dodo dont on a remis la paroi amovible, à la même heure qu'elle va au lit. Et quand nous, on va se coucher, on le déplace avec précaution dans le bureau de Nawimba, et il finit sa nuit là. Ça marche pas mal, il a fait pas mal de nuits complètes, et le reste du temps, il ne se réveille en général plus qu'une fois, quelque part entre 1h30 et 3h du matin, entre son coucher et 6 ou 7 h du matin.

Il faut donc nous imaginer venir, dans le noir, le chercher vers minuit, se saisir chacun d'un côté du berceau, et manœuvrer le truc pour ne pas cogner le radiateur, les boites entreposées dans le couloir "PARCE QUE JE SAIS PAS OU LES FOUTRE CES PUTAINS DE BOITES, SI T'AS UNE IDÉE JE T'EN PRIE!" (je crie pas, dans ces cas là, évidemment, rapport au gamin qui pionce comme un bienheureux dans son berceau qui tangue. C'est un doux chuchocris, que je produis), la porte, le second radiateur, le bordel du bureau de Nawimba, la rampe de l'escalier. En plus cette saloperie de berceau est asymétrique, les pieds dépassent plus d'un côté de l'autre. Toi, tu crois que t'as super bien centré le biniou en passant la porte, et VLAN, tu te manges le chambranle. Donc on se guide en chuchotant. "A gauche, à gauche, penche un peu, non pas trop, attention la porte! à droite, nan ma droite!". C'est folklo.
Depuis deux jours, on est devenus super forts, on ne heurte plus rien. Ça le gênait pas, qu'on cogne des trucs, le môme. Il n'en avait rien à secouer (c'est le cas de le dire). Mais moi, j'ai l'impression d'avoir gagné une nouvelle compétence, pendant ce confinement. Un truc qui ne me servira plus jamais après, sans doute (enfin j'espère), mais qu'on a fait pour la gloire, quoi. On a les ptites victoires qu'on peut.

Bref. Du coup, je songeais en rigolant à toutes ces petites stratégies-bricolages que mettent en place les jeunes parents pour préserver le sommeil de leur progéniture (et un peu de santé mentale).
Je repense par exemple avec un peu d'émotion à cette époque où on dormait chacun par tranche de deux heures dans le lit, pendant que l'autre se calait dans un transat de jardin au milieu du salon avec le Moineau en écharpe, le plus possible sous l'escalier parce que c'était le seul endroit où on échappait à peu près à la lumière du lampadaire placé stratégiquement JUSTE en face du fenestron (depuis, on a mis un rideau occultant devant ce truc). J'y repense avec émotion, mais pas de regrets, hein. C'était très inconfortable.
Y a aussi la fois où Nawimba a monté et descendu 14 fois l'escalier (donc l'équivalent de 14 étages, hein), pour endormir le Moineau. Ou la fois où il courait en la tenant bien serrée dans ces bras (elle avait 3 semaines) dans l'enfilade des pièces pour lui faire du vent sur la tête pendant la canicule.
Sans compter bien sûr les kilomètres parcourus en berçant les ptites choses parfaitement réveillées. Les thés froid réchauffés 4 fois, et toujours pas bus. Les épaules à moitié luxées pour attraper un truc parce que la bestiole pionce ENFIN sur toi et que tu ne veux surtout pas la réveiller (alternative: le ramassage d'objets avec les orteils. Encore une compétence de folie acquise dans la période post-partum).

Ce qui me manquera un peu, je crois, quand notre deuxième enfant sera trop grand pour être bercé, ce sera la vision de Nawimba faisant le "Oompah Loompah", librement inspirée de cette vidéo). C'est assez indescriptible, mais en gros, il prend le bébé contre lui, et se dandine de gauche ("oompah") à droite ("loompah"), réitère ("oompah loompah") puis plie les genoux pour faire une descente un peu brusque ("oooouuuhm"). Et on recommence. C'est délicieusement ridicule, et ça marche très bien. Et je serai triste de ne plus le voir. J'essayerai ptet de le filmer, un de ces quatre, pendant qu'il est encore temps :)

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