Dure semaine
jeudi 17 avril 2025, 22:12 Parentalité Lien permanent
Content warning: mentions de vomissement et d'un enfant qui manque de s'étouffer.
L'Étourneau commence à se remettre d'un épisode de gastro-entérite particulièrement violent, qui a commencé il y a une semaine. Je me suis beaucoup répandue en ligne et en privé sur le sujet, parce que les derniers jours ont été rudes pour moi aussi (même si évidemment pas de la même façon que pour lui..)
Le premier moment traumatisant pour moi a eu lieu tout au début de la crise, vendredi matin. Il avait déjà vomi une première fois, et j'avais pris la décision de le garder à la maison. Il fallait à la fois nettoyer le sol, réconforter l'enfant, gérer le départ à l'école seule (ou accompagnée par la maman d'une copine) de sa sœur. J'étais un peu au four et au moulin, quand un deuxième accès de vomissement a commencé. Je ne sais pas s'il a été particulièrement violent, ou si mon fils a pris une mauvaise position, cambré vers l'arrière. Mais je l'ai vu s'arc-bouter, et cesser de respirer. Il a commencé à s'étouffer, et à changer de couleur, sans parvenir à vomir vraiment. Près d'une semaine plus tard, j'ai encore l'image gravée dans la tête. Le corps tendu vers l'arrière, les yeux paniqués et exorbités. J'ai eu le temps de penser que mon gamin allait me claquer entre les doigts, et que je ne savais pas quoi faire. Je me souviens avoir crié le nom de mon compagnon, et avoir crié à mon fils de respirer, de se pencher vers l'avant et de vomir, en vain. Ça n'a duré que quelques secondes, mais à la part de moi figée de terreur à l'intérieur de celle qui s'agitait pour faire respirer son fils, ça a paru plus long. Beaucoup plus long. Mon fils a fini par réussir à articuler, syllabe par syllabe qu'il avait très mal au nez. Je l'ai obligé à se pencher vers l'avant, et il a réussi finalement à se soulager, et à reprendre son souffle.
La trouille de ma vie, je crois, littéralement.
Je n'ai pas eu le temps digérer ça, parce qu'il a fallu finir la routine du matin, envoyer ma fille (qui s'est préparée de façon très autonome, je dois dire) à l'école, tout nettoyer, changer le gamin, lui donner une sucette pour faire passer le goût de bile, et essayer de prévenir d'autres vomissements.
Je me souviens avoir eu les jambes coupées une fois tout cela fait, et je me suis déprimée, fort, d'un coup. J'ai parlé un peu avec les copines sur signal, et appelé mes parents.
Et puis au bout de quelques minutes, les vomissements ont repris. Et j'ai ravalé ma terreur.
Le détail des 7 derniers jours serait assez fastidieux à lire et je l'ai déjà beaucoup raconté en ligne. Mais en gros, on a galéré à chaque étape (avec au passage, un appel au 15, une consultation chez le généraliste, et un aller-retour aux urgences). Il y a eu la montagne des vomissements, très fréquents, très violents (calmés petit à petit à partir de samedi, mais qui ont duré quand même jusqu'à mercredi). Puis la montagne de l'hydratation, gorgée par gorgée. Et celle de la reprise de poids. Ces deux là, on n'a pas fini de les gravir. Je n'ai eu qu'une bonne nuit depuis vendredi dernier. J'ai retrouvé cet état d'hypervigilance dont je n'avais plus fait l'expérience depuis 4 ans. Ça commence à tirer (et en même temps, je tiens relativement bien, vu le contexte).
Dans les choses super dures, il y a eu le fait de devoir réguler la prise d'eau pendant presque 24h, alors que le môme crevait de soif, qu'il suppliait pour boire (mais qu'il vomissait si les prises excédaient deux gorgées toutes les cinq minutes). Et ensuite de le voir intégrer cette règle, au point qu'il a continué à "attendre un peu" même quand les vomissements avaient cessé, plusieurs jours plus tard.
Un autre truc très rude pour moi, c'est que ça a fait remonter des souvenirs assez traumatiques des premiers mois de vie de sa sœur, qui était née avec un retard de croissance, et est restée excessivement maigre jusqu'à la diversification. Le cercle vicieux fatigue-faiblesse-incapacité à manger-colère - fatigue, je le connais bien. Il se gère pas pareil avec un enfant de 5 ans et un bébé de quelques semaines, mais au fond, c'était les mêmes micro-calculs sur la marge qu'on peut se permettre. Le laisser manger ce qui lui fait envie (et risquer les vomissements) ou non? Le laisser dormir, ou le réveiller pour le faire boire? Et puis la surveillance du poids. La part raisonnable de moi *sait bien* qu'il va reprendre d'ici peu. La part instinctive déteste ça, et elle guette. Les vertèbres saillantes sous la main quand je lui caresse le dos. Les trous qui se sont creusés aux aisselles, sur ses joues, ses bras, ses genoux...
J'ai fini par lui forcer la main au retour des urgences mercredi soir pour qu'il mange et boive. J'ai triché avec ses refus de boire du soluté de réhydratation en en mettant dans son jus de pomme. Je me suis sentie horrible de lui faire un chantage à l'hospitalisation et à la mise sous perf. Il était très faible, très déprimé, mais encore capable de se buter et de rouspéter, de m'engueuler quand j'insistais. Toute sa volonté de petite tête de bois ramassée dans le contrôle de ce qu'il buvait et mangeait. Probablement assez traumatisé par les vomissements, aussi.
On a fini par réussir à réamorcer la pompe hier. Il a mangé, joué, pris un bain. Rigolé et fait des blagues. Repris un peu de poids. Encore très maigrichon, et encore déshydraté, mais le mieux est très sensible. J'ai soufflé. Pris un peu de temps pour moi. Mais aujourd'hui, on a de nouveau galéré à le faire manger à deux repas sur quatre, et le poids stagne encore. Et il a mal au ventre, beaucoup.
Je voudrais que ça se termine, pour qu'il soit enfin soulagé. Égoïstement aussi parce que j'ai besoin de temps pour moi, mais que je n'arrive pas vraiment à lâcher prise tant que je suis inquiète. J'ai *besoin* d'être là et de m'en occuper. Parce que ma fille aurait aussi besoin d'un peu d'attention. Parce que le boulot, la maison, le jardin... En attendant, je fais des petits trucs dans les interstices, et j'essaye de me reposer dès que je peux. Un jour après l'autre.
Un truc qu'il faut mentionner aussi, parce que ça m'a sacrément aidée à tenir le coup côté moral et patience, c'est le soutien des copains-copines sur Mastodon, et sur Signal (en plus de ma famille, bien sûr). Ça m'a permis d'extérioriser ma trouille, mes questions, ma fatigue. Certain.e.s m'ont donné des astuces pour l'hydratation de l'Etourneau. Pas mal de gens m'ont demandé des nouvelles plusieurs fois par jour. Ça m'a été super précieux, et j'ai vraiment une très grande gratitude pour elleux tou.te.s. Cœur sur vous si vous passez par ici.
Commentaires
Mazette, quelle semaine ! Bon courage et des bises à toute la tribu.
NB : Ça m'a rappelé la 1re crise d'épilepsie d'Alex, pas glop et sinon j'ai jamais vu un gamin se laisser mourir de faim ou de soif ;-)
Oui les crises d’epilepsie ça doit être terrifiant aussi, surtout les premières fois!
Admirable et éternel dévouement maternel.