mercredi 25 septembre 2024

Un regard

Je l'ai vue arriver de loin. Une toute petite bonne femme dont les jambes ont appris à marcher il y a peu. Les pieds levés un peu trop haut, reposés un peu de traviole. Elle mangeait consciencieusement un bout de fromage, une main dans la main de sa maman, qui fixait son téléphone en marchant.

Je souriais déjà en arrivant près d'elles. La petite a accroché mon regard, de ses grands yeux noirs aux grands cils noirs. On a continué à se regarder en se croisant. Et sa petite bouche s'est élargie en un grand sourire très doux. Le genre qu'on voit sur les petits lapins choupis dans les dessins animés, tu vois? On a continué toutes les deux à se regarder, chacune tordue vers l'arrière. La main qui tenait le fromage s'est levée pour me faire un coucou. La mienne aussi, en miroir. Et puis on s'est lâchées des yeux.

Mon sourire, lui, m'est resté vissé aux lèvres encore quelques minutes. Dans ma tête, du Brassens. "Et je l'ai vue, toute petite, partir gaiement vers mon oubli".

dimanche 16 juin 2024

À propos d'Angkel Jimmy

J'ai appris aujourd'hui le décès de Jimmy Brown Moerös Lumgep. Pour moi, il était Angkel Jimmy, "Oncle Jimmy".

Il avait un peu moins de 60 ans, je pense. J'ai habité chez lui, avec sa famille, à Show Graon, plusieurs fois quelques jours, en 2013, 2015, et à nouveau l'été dernier. Sur ce dernier terrain, il m'a récupérée deux fois parce que mes avions ont été annulés. Il m'a emmenée dans le bush pour voir sa femme et sa belle-fille, et c'était trop chouette.
C'était un filou, Angkel Jimmy. Un peu un loser magnifique, aussi. Beaucoup de bagout, assez grande gueule, pas toujours beaucoup de succès. Dur au travail, quand même, mais cramant un peu la vie par les deux bouts les soirs et les week-ends. Un buveur de kava comme j'en ai rarement vu. J'aimais bien boire un ou deux shells avec lui, mais évidemment, je ne pouvais jamais suivre la cadence..

Jimmy Brown (photo de Salyn Brown), juin 2024

Il écoutait beaucoup les gens, et il transmettait ce qu'il avait entendu. Il racontait des histoires, tout le temps. Il composait des chansons. Je regrette de ne pas l'avoir enregistré davantage en train de les chanter. J'ai réalisé en 2013 ou 2015 qu'il était l'auteur d'une chanson que j'avais apprise à Maewo en 2007, bien avant de le rencontrer. Oui, parce qu'Angkel Jimmy, c'était un gars de Mere Lava, mais élevé à Maewo. Je pouvais switcher entre les deux langues avec lui, et il était un très bon informateur, dans les deux cas.
Il avait eu deux enfants, je crois, avec une femme de Maewo, mais quand vers trente ans, il est "retourné" à Mere Lava (les communautés issues de Mere Lava gardent un lien fort avec cette petite île, et même si les gens n'y sont pas nés et n'y ont jamais vécu, ils la considèrent comme leur "home peles", bien souvent), il est tombé amoureux d'une jeune femme de 10 ans plus jeune que lui, Baith. Il a tout plaqué pour l'épouser. Ça a dû faire toute une histoire, j'imagine, parce que lui, je l'appelle "oncle", mais elle, je l'appelle "tawi" (cousine croisée), ce qui signifie qu'ils n'ont pas respecté les règles de la parenté. Du coup, c'est rigolo pour moi, parce que leurs enfants ne savent jamais si ils doivent m'appeler "tante" ou "cousine".
Baith, je l'aime beaucoup, aussi. Elle fait partie d'une famille de Mere Lava avec qui j'ai des liens affectifs forts. Sa sœur est la première à m'avoir hébergée là-bas, son petit frère est un de mes informateurs et amis.

Baith et Jimmy ont eu 6 enfants, tous très chouettes. Iels étaient petit·e·s quand je les ai rencontré·e·s, j'ai enregistré plusieurs d'entre elleux à Mere Lava et à Santo, en 2013 et 2015. C'était beau, de les retrouver l'été dernier, de voir comment iels étaient devenus ados et adultes, de rencontrer les enfants des deux plus grandes. De découvrir quelles chouettes personnes iels sont tou·te·s devenus. De rencontrer la petite dernière, que je n'avais vue qu'en photo.

C'est une famille importante pour moi. Je pense fort à eux, ce soir, avec tristesse, et un peu d'inquiétude.

Qong wia, Mou. Wiwia rangai miniko be nonga tuaniana. Nau ni ting tamtamlunga lai giniko.


Edit: J'ai essayé de chanter une des chansons écrites par Angkel Jimmy. J'en ai une version chantée par sa belle-mère, mais je n'ai pas l'autorisation de la diffuser, et ça m'embête. Je ne suis pas très très satisfaite de ma prononciation, ni de la qualité du son, mais: on entend quand même que la mélodie est jolie..

mardi 4 juin 2024

Listes des connasses que je suis et ne suis pas

Liste (non exhaustive) des connasses que je suis souvent dans ma tête (et parfois à l'extérieur):

  • la connasse passive-agressive;
  • la connasse qui te l'avait bien dit;
  • la connasse qui sait tout mieux que tout le monde;;
  • la connasse qui sait mieux que toi ce qu'il y a dans ta tête, et qui va te l'expliquer (celle-là est redoutable, parce que la moitié du temps, elle a l'air sympa);
  • la connasse qui ronchonne à bas-bruit en permanence au lieu de dire ce qui lui pèse vraiment;
  • la connasse qui explose d'un coup et ressort des vieux dossiers (meilleure pote de la précédente);
  • la connasse qui s'en lave les mains, débrouille-toi, merdàlafin;
  • la connasse mesquine qui compte les points in petto.

Liste (non exhaustive) des connasses que je ne suis pas (je crois):

  • la connasse jugeante;
  • la connasse qui considère les gens comme un moyen d'arriver à ses fins;
  • la connasse qui préfère passer du temps à ourdir des trucs tordus plutôt que de régler les problèmes en en parlant;
  • la connasse qui refusera de considérer les bons arguments/les bonnes idées de quelqu'un parce qu'elle a eu un conflit précédent avec.

(ces deux listes sont susceptibles d'être alimentées à l'avenir)

1988-1989: Transition

J'ai cinq ans, et nous déménageons. Mon père a besoin de s'éloigner de Lyon, pour prendre un peu de distance avec l'Université, qui le bouffe littéralement. Je fais les cartons avec ma maman assise sur le carrelage de la cuisine, elle m'apprend à emballer les assiettes.

Le jour du déménagement (je crois), le mari de ma sœur meurt. Elle a 25 ans, et un bébé de trois mois.

De cet évènement tragique, je ne sais pas ce que je perçois à l'époque. Je sais, parce que ça a beaucoup été raconté, que mon petit frère l'a mal vécu. Je ne me souviens pas, moi, de ce que ça m'a fait, et il n'y en a pas trace dans l'histoire familiale.


Nous emménageons dans une maison de location dans le Beaujolais, pour un an seulement. De cette maison, je garde pas mal de souvenirs. La salle de bains où ma mère me coiffe. La salle de jeu. Notre chambre commune à mon frère et moi (la seule, dans tous les endroits où nous avons vécu ensemble). L'escalier, en bas duquel, très en colère sans doute, je déclare à ma mère "Quand j'aurai 11 ans, je changerai de maman".

Je me souviens des deux écoles (la maternelle déménage en cours d'année), de certains camarades de classe, de ma très chouette instit. Dans le spectacle de fin de l'année, on joue une saynète sur l'air de Malbrough s'en va-t-en guerre. Je joue l'épouse, et le gamin qui joue Malbrough est une espèce d'andouille qui me poursuit littéralement de ses assiduités dans la cour de récré. De ça, en revanche, je me souviens très bien: l'antipathie éprouvée pour ce garçon.

C'est con, la mémoire.


J'apprends à lire, aussi, avec mon papa. Les premiers livres que je me rappelle avoir lu avec lui ont pour héros "Oscar petit ours". Ils sont toujours chez mes parents, et je garde une grande tendresse pour eux. Je crois que mes premiers souvenir de lecture avec une lampe torche sous la couette date de cette année là, aussi..

dimanche 2 juin 2024

De mon frère (1)

Il y a dix-huit ans, j'ai écrit une note à propos de mon frère, sur mon premier blog. Je la republie ici, parce que j'aimerais arriver à écrire sur notre relation actuelle.


De mon frère


**Mode déclaration d'amour-meringue ON**

Souvent, en rigolant, je dis que c'est l'homme de ma vie. Sauf que je rigole qu'à moitié. Même que parfois, ça m'inquiète un peu de dire des trucs comme ça. Genre, Freud, au secours. (Déjà qu'à cinq ans -lui en avait deux-, j'ai essayé de faire son éducation, le pauvre. Enfin chacun gère son œdipe comme il peut, hein. Il ne m'en a pas trop tenu rigueur, je crois, et il a du mérite :oS) En même temps, je crois pas que ça veuille dire qu'il n'y a de la place pour personne d'autre. Ou que je me cherche un autre lui, comme mec. Juste, il est là depuis 20 ans, et ça, ça suffit à marquer la place. Du moins je l'espère. J'ai pas envie que cette relation-là se distende jusqu'à ne devenir que cette chose où on s'appelle trois fois par an, aux anniversaires et à Noël, paske "la famille, ça compte".

Sans même parler de "supporter", je peux envisager d'avoir à vivre sans mes parents (et je suis très proche des mes parents). Mon frère, je peux pas. C'est pas compliqué, rien que de l'écrire, j'en ai les larmes aux yeux, et je suis partie à chialer pendant 10 bonnes minutes.

Non qu'on soit tout le temps pendus aux basques l'un de l'autre, pas du tout. On peut très bien ne pas se parler pendant assez longtemps, et ne pas se voir pendant des mois. Et ensuite passer des heures à ricaner comme des crétins au téléphone sur une période assez restreinte. On se ressemble pas tellement, on n'a pas les mêmes défauts, pas les mêmes manies. Des fois, il m'énerve, et régulièrement, il m'envoie chier quand je joue trop les sœurs juives (mais je me soigne, hein, Coco, j'te jure :) ), ou les mouches du coche.

Mon frère, c'est un planqué. Quelqu'un d’extrêmement fin et intuitif, observateur, diplomate, marrant, caché derrière beaucoup de discrétion, un peu de timidité, et une grosse barbe. (Nan, ceci n'est pas une annonce immobilière, et je ne cherche pas à louer mon frère. Si vous en voulez un pareil, démerdez-vous, je le garde).
Mon frère, il m'éclate la tronche aux échecs, et il me dit quand même "tu t'es bien défendue".
Mon frère, c'est sans conteste mes meilleurs et mes pires fous-rires. Et pour égaler ça, faudra se lever tôt.
Mon frère, c'est l'assurance, que j'ai toujours eue, que les mecs bien ça existait, et pas que dans les livres.
Mon frère c'est la preuve qu'on peut se bouffer le nez, se hurler dessus et se claquer les portes au nez sans avoir à taper là où ça fait mal.
Mon frère, c'est l'évidence que, si jamais je dois être mère, je ne m'arrêterai pas à un seul enfant, parce que priver volontairement mon gamin de la possibilité de cette relation-là, je pourrais pas.


**Mode déclaration d'amour-meringue OFF**

samedi 1 juin 2024

Brèves d'anniversaire

Le Moineau est venu me faire un câlin d'anniversaire au saut du lit, ce matin. J'étais encore dans le mien, de lit, du coup. Pendant que je la serrais dans mes bras, j'ai entendu les petits pas pressés d'hippopotame nain de mon fils dans le couloir, et sa voix qui claironnait de loin "BON ANNIVERSAIRE MAMAN!". Il a fait irruption dans la chambre, et il a demandé à sa sœur "On les jette où, les confettis?".

J'ai crié: "Quoi? Non! Pas les confettis!!"

(et négocié qu'ils les lancent dans la salle à manger plutôt que dans mon plumard).

(en protégeant mon thé et ma tartine).


***

À la fin du petit déjeuner, j'ai demandé à l'Étourneau s'il voulait un gros bisou de la part d'une très vieille dame de 41 ans. Il a bloqué pendant une seconde, et puis s'est exclamé en rigolant "Ah oui, c'est vrai comme c'est ton anniversaire, tu as quarante et un ans maintenant!". Et puis il a froncé très fort les sourcils et il a dit: "Mais t'es pas une très vieille dame??!!"

Bon. Il a pris le bisou quand même.


***

Le Moineau voulait absolument qu'on fasse un jeu tous les quatre pour mon anniversaire. On a tenté une partie de Dixit, mais l'Étourneau est vraiment trop petit, et ça risquait de partir en cacahuète. Il y a eu un moment de flottement, elle était très déçue, on ne trouvait pas d'alternative. Et puis elle a dit, "on n'a qu'à dessiner tous les quatre". Et on l'a fait, et c'était chouette. Résultat des opérations: des koalas, des dresseuses de koala, un kamehameha, et un petit chat qui dort en rond. C'était doux, et j'ai admiré ma fille d'arriver à réorienter ce moment pas très bien parti, pour qu'on ait tous quand même passé un bon moment ensemble.

1987-1988 : Fragments

Quelques souvenirs d’école, très flous. L’escalier en pente qui descend vers l’école. Je joue que je m’appelle Sarah. Je mange à la cantine. Des petites tables dans une pièce lumineuse. Je ne « vois » pas la salle de classe, ni la cour de récré.

Notre maison est cambriolée. Je me revois expliquer à la maîtresse, à la cantine, que j’ai entendu les voleurs passer dans la rue, la veille.

Mon frère est très très rond. Je l’appelle « Bourdon dodu ».

vendredi 31 mai 2024

Liste des trucs trop chou des derniers jours

  • Une petite mèche en tire-bouchon très serré, sur la nuque du Moineau, en dessous de sa très longue tignasse qui n'est plus vraiment bouclée depuis longtemps;
  • Le Moineau et l'Étourneau apprenant à jouer aux échecs, et appelant les cavaliers des "poneys";
  • L'Étourneau lisant et commentant ses livres à haute voix, pour lui-même;
  • Un mammouth en peluche;
  • Une très petite fille marchant dans la rue derrière sa maman, avec un très petit chat noir dans les bras;
  • Les étudiant·e·s qui me remontent le moral parce que je suis plus stressée qu'elleux de leur faire commencer un exam en retard;
  • L'échographie que m'envoie par mail une très jeune femme, très heureuse d'être enceinte;
  • Le Moineau faisant une petite caresse douce sur la joue de son frère très anxieux ce soir;
  • Toi, toi, et toi.

samedi 27 avril 2024

On ne peut pas toujours se sentir nulle

Ces jours-ci, je me trouve pas mauvaise en parentalité, et j'ai l'impression que d'un coup les trucs que je dis sont entendus par mes enfants, alors que souvent, je me sens inaudible.


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Mercredi en fin de matinée, je monte voir les enfants après une visio. La grande est encore en pyjama en train de bouquiner dans son lit.

Le petit est dans son lit aussi, et il pionce.

Je l'avais briefé en l'habillant: "si tu vois que tu commences à t'énerver et que le truc que tu construis n'arrête pas de se casser, et que tu as envie de pleurer, ça veut dire que tu es fatigué. Tu peux faire un temps calme dans ton lit et rejouer après". J'y croyais pas trop mais apparemment : il a entendu.

Et hier, rebelote, au moment de le mettre au bain, je le cherche partout dans la maison, et finit par le trouver dans notre lit, bien sous la couette, avec son doudou. Résultat, la fin d'aprèm a été super tranquille, lui dormant, sa sœur jouant calmement. J'ai pu bosser, et il n'y a eu aucune crise, et le repas a été sympa (bien que tardif...) Alors que le vendredi, d'habitude, c'est assez rude, parce qu'il est claqué, et nous aussi, et que ça part vite en cacahouète.

J'ai l'impression que d'un coup, il est capable d'identifier qu'il est fatigué, et qu'il a compris ce qu'il fallait faire pour y remédier.


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Ma fille n'est pas très forte en coloriage. Elle dépasse encore pas mal à 7 ans, et surtout, elle colorie un peu dans tous les sens et laisse beaucoup de blanc.

Du coup, hier, je lui ai demandé si elle voulait que je lui montre comment améliorer un aplat sur un de ses coloriages.. Elle a dit oui, et je lui ai montré. Et en coloriant tranquillement, je lui ai raconté qu'il y a quelques années, j'avais téléchargé un coloriage pour adulte (qui disait "Va marcher sur des legos en feu", avec plein de jolies petites fleurs autour) parce que j'étais très en colère contre une collègue, et que je pouvais pas lui dire, donc j'avais trouvé ce moyen pour me calmer (ET exprimer ma colère aussi hum).

Le soir au repas, elle a dit (un peu out of the blue) "Maman m'a fait comprendre que le coloriage c'était pas juste pour faire des choses jolies, mais aussi pour se détendre".

Tout ça est assez gratifiant, je dois dire..

lundi 12 février 2024

12 février - Aujourd'hui l'imprévu

Journée rude physiquement, parce que le week-end n'a duré qu'un jour, que je me suis réveillée dans la nuit, que le trajet est plus long que d'habitude cette semaine, que je suis restée plus longtemps au boulot parce que les enfants sont partis et qu'il n'y a pas d'impératifs de ce côté, que je me suis tapé les heures de pointe dans le métro, que j'ai mes règles et qu'elles me tabassent pas mal.

Dans la tête ça va. J'ai eu des conversations intéressantes avec mes collègues, j'ai avancé sur un truc qui me stressait un peu, et mon cours s'est bien passé ce matin, même s'il s'est terminé sur une petite colère.

Et les rayons de soleils imprévus, les petites touches jaunes des jonquilles sur le chemin, les petites voix excitées de mes enfants au téléphone, tout ça était joli à regarder et écouter.

vendredi 9 février 2024

9 février - Aujourd'hui véhicule

Ce soir j'ai essayé d'expliquer au Moineau pourquoi la maîtresse avait écrit sur son bulletin scolaire qu'elle était "un élément moteur dans la classe". J'ai évidemment utilisé une métaphore à base de voiture.
Elle m'a demandé de lui expliquer autrement, sans voiture. Du coup j'ai cherché autre chose qui avance avec un moteur, elle m'a dit, "MAIS NON, pas avec un véhicule!!"

(Et ben c'est pas si simple, figurez vous ...)

lundi 5 février 2024

5 février - Aujourd'hui vêtement

Les enfants ont reçu un certain nombre de nouveaux vêtements hier (des cadeaux de Noël des grands-parents, acheminés depuis Cannes par un de leurs oncles, qui a mis un moment à nous les apporter). Parmi eux: des nouveaux manteaux bien chauds, que les deux ptits piafs avaient très hâte de mettre ce matin. Ils sont donc partis à l'école tout fiérots, et le papa de T., une copine du Moineau avec qui on fait souvent le chemin de l'école, a remarqué le manteau de ladite Moineau, et lui a fait un compliment.
Et mon fils, d'aller à la pêche illico "Et mon manteau, à moi, il est joli?" (Le papa de T. a dit, "très, et surtout, tu as un magnifique bonnet").

C'est un truc pas simple à enrayer, le fait que les filles sont souvent complimentées sur leurs tenues (avec la pression sous-jacente qui peut aller avec) . Et c'est pas simple non plus pour les (petits) garçons de l'être beaucoup moins (bon, mon fils n'a pas de mal à aller réclamer les compliments alors ça va :) ).

4 février (en retard) - Aujourd'hui ça me regarde

Hier, je n'ai pas fait cette note, et je n'ai pas eu le temps de faire un rattrapage aujourd'hui.
Je pourrais faire une pirouette en mode "Et les raisons ne regardent que moi", mais... J'avais juste pas beaucoup d'inspiration hier, et pas du tout de temps aujourd'hui :)

samedi 3 février 2024

3 février - Aujourd'hui question idiote

Je suis prof. "Il n'y a pas de question idiote" est une phrase que je ne prononce pas tant que ça, mais qui fait partie de ma posture d'enseignante. Je ne suis pas là pour juger les questions de mes étudiant·e·s. Je suis là pour y répondre, si je peux, et pour essayer de les orienter dans une meilleure direction, quand je ne peux pas.

Je m'efforce, globalement, d'avoir la même posture dans la vie, avec les gens que je côtoie. Ça sert à rien, de mépriser les gens pour leurs questions, si?
Non.
La plupart du temps, d'ailleurs, ça ne me coûte absolument pas. Ça ne me demande pas d'efforts.

Mais purée, parfois, y a des exceptions.
Je ne me reconnais pas des millions de qualités, mais franchement, le fait d'arriver à répondre calmement à certaines des questions de certain·e·s de mes collègues... y a des fois, je mériterais une médaille.

vendredi 2 février 2024

2 février - Aujourd'hui toujours par deux

Les déguisements, les compotes à boire, les livres, les bonbons, les brosses à dents, les écharpes faites par Mina, les bols décorés, les gourdes, les casques de vélo, les baumes à lèvres décorés de héros de dessins animés achetés à prix d'or à la pharmacie, et j'en passe...

C'est toujours par deux.
Pas de jaloux.

Aujourd'hui, la complicité, les photos avec Toko la mascotte de l'école, les dessins, les disputes, la course nocturne dans la cour sombre de l'école entre les œuvres éclairées qu'on venait admirer, les andouilleries pendant que Papa essaye de se concentrer, c'était à deux, aussi.

Beaucoup de réminiscences de ma propre fratrie, en regardant ces deux-là cheminer ensemble.

Listes des choses pour lesquelles je suis reconnaissante envers mes beaux-parents

  • leur aide quand le Moineau était petite;
  • certaines fulgurances de mon beau-père, dont celle, fameuse, sur la fête foraine de l'angoisse;
  • leur fils aîné;
  • le fait que mon beau-père ait réussi à permettre à ses fils de s'autoriser à être et à faire ce qu'ils voulaient dans la vie, alors qu'il n'a pas vraiment eu cette possibilité lui-même;
  • la façon dont ils gèrent l'intendance quand ils sont chez moi, même si parfois je me sens un peu brutalisée au passage;
  • l'adoration sans faille de ma belle-mère pour mes enfants, qui, à ses yeux, sont en tous points merveilleux;
  • l'introduction de l'après-shampoing démêlant dans la vie de ma fille;
  • l'accueil qu'ils m'ont fait dans leur famille, même si je ne rentre pas tout à fait dans les cases qu'ils avaient imaginées, je crois.

jeudi 1 février 2024

1er février - Aujourd'hui coup

Coup de vieux: j'ai les cheveux de plus en plus gris, et l'air très fatigué.

Coup de pied au cul: Nawimba peut s'occuper des enfants ce matin. Allez, je pars plus tôt, j'aurai de la marge en arrivant au boulot, ce sera bien.

Coup de gueule: deux photocopieuses sur trois en panne le matin, des ordis installés en décembre, bidouillés par un gars du service informatique pendant toute la journée lundi, qu'on arrive pas à redémarrer: je voudrais pouvoir bosser avec du matos qui marche.

Coup de pression: l'ancienne présidente de mon établissement me voit dans l'équipe de direction d'ici 4-5 ans et me tresse des couronnes de fleurs. C'est à la fois très valorisant et terrorisant.

Coup de stress: je réalise qu'une collègue qui doit s'occuper d'un truc important pour mon département n'a pas été mise au courant (ni par moi, ni par le service concerné),et que ça commence à urger. Je la choppe dans un couloir, elle n'est pas ravie, mais on se quitte quand même en souriant, j'espère que ça va aller.

Coup de pouce: les intervalles entre les cours, une partie des mails sont passés à aider des collègues. Parfois, mais c'est plus rare, c'est les autres qui m'aident.

Coup de boost: mes étudiants sont merveilleux, les cours me donnent de l'énergie. Ca me rappelle que j'aime mon boulot, c'est chouette.

Coup de mou: la retombée après les cours, quand même, est rude.

Coup de blues: la séance psy est, comme toujours, très intéressante, mais ça brasse.

Coup de cœur: ma fille a appris à faire des petites danseuses en papier d'aluminium pour un projet à l'école, elle m'accueille avec une de ses créations dans les mains quand je rentre. C'est vraiment très joli.

mercredi 31 janvier 2024

31 janvier - Aujourd'hui moment lumineux

Journée un peu vasouillarde aujourd'hui, parce que le Moineau et moi sommes malades, et que la nuit a vraiment été mauvaise. J'ai réussi à bosser, quand même, plutôt mieux que d'autres mercredi.

Quelques chouettes moments, quand même.
Des rires au milieu des quintes de toux avec ma fille à 2h du mat, puis en fin d'aprèm, en parlant de son frère mignon-couillon.
Une belle lumière sur le jardin ce matin, par la fenêtre de la cuisine, et par celle du bureau où je bossais.
La satisfaction d'obtenir ce que je veux de la part de collègues pas toujours simples, d'arriver à se mettre d'accord sans heurts, de ne pas avoir besoin de passer en force.
Le plaisir à voir les jolis, économiques et ingénieux "bateaux à voiles" que mon fils à fabriqué avec un jeu de construction reçu à Noël.
Une sieste sans interruption, et un petit moment de quiétude au réveil. L'explication que je lui ai donnée sur ce qu'était le fierté, en voyant son sourire quand il a réussi à finir un puzzle un peu compliqué. Il m'a dit que c'était de la joie, je lui ai dit qu'il y avait différents types de joie.. C'était joli.

mardi 30 janvier 2024

30 janvier - Aujourd'hui oublié

Je me laisse pas mal déborder par les petites choses du boulot, ces jours-ci. J'oublie de trucs, je laisse passer des balles. Une réponse à un texto par ci, un mail par là, un tableau à renvoyer avant le tant. Rien de dramatique pour l'instant, mais je sens que même si elle m'a permis de me reposer, la période "un peu tranquille" de la fin décembre et du mois de janvier a eu un effet de relâchement. Je suis moins dans le contrôle que quand j'étais sur les rotules en fin de semestre. C'est à la fois bien et un peu emmerdant.

Je vais essayer de me réorganiser, sans me crisper. Un petit exercice de funambulisme, encore, ça...

lundi 29 janvier 2024

29 janvier - Aujourd'hui une princesse

Mes gamins ont évidemment choisi le soir où j'étais seule avec eux, pour se lancer dans une grande série de questions sur "comment on fait les bébés?". Et ce, évidemment, 5 minutes avant l'heure du coucher.
Le petit s'interrogeait juste sur : comment la graine du papa se retrouve dans le ventre de la maman?
Bon, ça, ça va, je gère, j'avais déjà eu cette conversation avec la grande.

Sauf que du coup, elle, elle en a profité pour choper la balle au bond, et pour poser des questions techniques très (TRÈS) précises. Et elle était à deux doigts de faire se déculotter son frère pour comprendre comment ça marche ce bouzin là.

J'ai fini par éluder les questions les plus gênantes/compliquées, et par faire obliquer la question sur le consentement. Pas envie que le gamin tente de mettre en application son tout nouveau savoir sur ses copines d'écoles. Globalement ça avait pas l'air de lui sembler très ragoûtant, cette affaire là, donc je suppose qu'on est tranquille pendant quelques années. On a conclu que son zizi servirait surtout à faire pipi pendant encore un petit moment. J'ai pas insisté sur les usages récréatifs, je pense qu'il les connaît déjà un peu, on en parlera s'il veut, mais là ça faisait déjà beaucoup pour une soirée.

C'est d'ailleurs lui qui m'a sauvée, in fine, en me demandant comment la petite Sirène faisait pipi. On a donc fini la conversation par quelques envolées sur les modalités excrétatoires de la pauvre Ariel, et on s'est demandé aussi si pour les bébés, elle faisait plutôt comme les mammifères ou comme les poissons.

Et ensuite tout le monde au dodo.

Pfiou.

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