mardi 23 janvier 2024

23 janvier - Aujourd'hui mélange

J'ai peint un peu ce soir. Pas très contente du résultat. Les ne ombres sont pas justes sur l'un, et il y a eu des coulures sur l'autre parce que la feuille à gondolé.

Mais c'était agréable de jouer à nouveau avec les couleurs. Des bleus froids, et un tout petit peu de rose très vif dans un cas, pour réveiller l'ensemble (qui ne rend évidemment rien sur les photos, parce que grmmmbll.)

dimanche 14 janvier 2024

14 janvier - Aujourd'hui transparences

Je renâcle à effacer le sapin de Noël que les enfants et moi avons dessiné sur une des baies vitrées du salon, le 24 au soir. On ne voulait pas acheter de sapin alors qu'on allait passer l'essentiel des vacances ailleurs, mais au dernier moment, Nawimba a parlé, pour faire une blague, d'utiliser les crayons Woody pour en créer un en deux dimensions sur une vitre. Aussitôt dit, aussitôt fait. On l'a dessiné, colorié, décoré avec des boules dessinées, et d'autres collées sur la vitre. C'était plutôt joli pour le réveillon, et pas mal du tout non plus de jour, avec le volet remonté. La lumière en transparence dans les couleurs du dessin.

Ça m'a fait plaisir, d'avoir trouvé une idée pour remplacer le vrai sapin coupé. Je crois qu'on le refera.

Quand on est rentrés, j'ai effacé juste les décorations de Noël, mais j'ai laissé le sapin sur la vitre. J'ai dit aux enfants que je le laisserais encore une semaine avant de l'effacer, mais la vérité, c'est que je l'aime bien, et que je n'ai pas très envie de le faire. Nawimba trouve qu'il bouffe de la luminosité, mais moi, je trouve qu'il égaye quand il fait gris, justement :)

Et j'aime assez l'idée qu'on le voie un tout petit peu de la rue ou de chez les voisins.

Peut-être que je l'effacerai dans quelques jours, et que je ferai d'autres décorations aux Woody, avec des couleurs plutôt claires, pour me réconforter :)

mardi 7 février 2023

Plaisir

Réamorcer le plaisir. Pour essayer de lutter contre la frustration, contre l'anxiété, contre la colère. S'obliger à faire des choses pour soi, des choix pour soi, et rien qu'à soi. En parallèle des stratégies pour reprendre contrôle sur le boulot dévorant, pour retrouver du doux avec les enfants, en parallèle de la thérapie, aussi, qui est pour moi, mais qui n'est pas que du plaisir.

Le plaisir, comme une grosse boîte posée au milieu de mes pensées, avec plein de tiroirs que j'ai un peu oubliés depuis longtemps, un peu grippés parfois, ou qui contiennent des trucs un peu risqués aussi, peut-être. J'ai tourné autour de la boîte pendant un moment. Un peu perplexe, un peu défiante, pas très courageuse.

Finalement, j'ai tiré sur différentes poignées. Pour voir ce qui acceptait de s'ouvrir.

Le dessin est la seule chose que j'ai réussi à faire pendant mon arrêt. Alors j'ai continué à dessiner, notamment sur la belle tablette graphique offerte par Nawimba. Et puis ma mère m'a acheté du matériel pendant les vacances de Noël. Elle me tirait du côté de la peinture, et je résistais, parce que, j'aime pas, j'ai besoin d'un contact plus tactile et direct avec le papier, un truc qui gratte et qui résiste sous les doigts, pas un truc qui glisse. Quelque chose que je peux maîtriser, corriger, contrôler. Au milieu du reste, elle m'a quand même offert deux pinceaux à réservoir et un bloc de papier "multi-techniques liquides". J'ai rouspété pour la forme, mais accepté. Et deux semaines plus tard, je suis tombée dans l'aquarelle. Je n'avais pas peint depuis... dix ans, peut-être? Et bon, oui, d'accord. Le plaisir dans les couleurs, et même, oui, dans l'obligation de lâcher un peu prise. L'impression de ne rien y comprendre au début, mais une espèce d'obsession, des fleurs qui s'impriment sous mes paupières le soir quand je les ferme. Alors j'essaye de peindre au moins un peu chaque week-end. Au moins chaque semaine.

La musique un peu, aussi, là aussi grâce à un cadeau de mes parents à Noël. Un beau kalimba. Le plaisir des notes cristallines. Le plaisir de retrouver des mélodies à l'oreille. De gratouiller tout doucement des séries de notes sans besoin d'aller forcément quelque part avec..

Un autre tiroir que j'ai rouvert il y a dix ou quinze jours est celui de la lecture. Depuis mes cinq ans, je n'avais jamais aussi peu lu qu'en 2022. J'ai arrêté en février, je crois, et à peu près plus rien lu jusqu'à ces derniers jours, sauf la première partie du roman qu'un ami était en train d'écrire, en fin d'année. Sans réussir à lire les parties suivantes. Bloquée, bloquée, bloquée. La fiction qui avait toujours été une des options pour m'évader de moi-même était devenu très angoissante. Une échappatoire de moins, à un moment où j'en aurais vraiment eu besoin.
Mais ça va mieux, alors: j'ai repris un livre, puis deux, puis trois. Et repris le roman de mon ami, aussi.

Un autre tiroir va s'ouvrir bientôt avec l'arrivée du printemps. L'avidité à regarder les fleurs, les oiseaux dans le jardin, les insectes dans l'herbe. Le soleil chaud dans le dos ou éblouissant dans les yeux. Ça a l'air con et mièvre, dit comme ça, mais ça me remet d'équerre chaque année. Les couleurs, la lumière. Les photos de ciel. Les doigts dans la terre.

Le tiroir suivant était fermé depuis 8 ans. Je planifie une mission de terrain. Si ma demande de financement est acceptée, je vais retrouver le Vanuatu cet été. Brièvement, mais... je retourne au Vanuatu. Les larmes aux yeux rien que d'y penser, alors même que ça ne me manquait pas consciemment. J'irai peut-être même à Maewo. "Pour aller retrouver ma source", comme disait Anne Sylvestre (oui, encore elle).

C'est pas si mal, en quelques semaines.

mercredi 10 novembre 2021

Dessin

J'ai grandi avec une maman artiste. Quand j'étais petite, elle peignait, sculptait, modelait. Plus tard, elle a fait de la broderie, de la photo, des bijoux, a travaillé le cuir, et des dizaines d'autres trucs. Touche à tout. Avec la peinture, toujours, en toile de fond. Ça a eu quelque chose d'inhibant pour moi, mais en même temps, au passage, elle m'a appris plein de petits trucs. Et si je ne me suis pas toujours autorisée à me sentir douée, elle m'a donné quand même envie de tenter plein de trucs. Quand j'étais ado, elle organisait tous les deux-trois ans "la semaine de la création", une semaine pendant laquelle des gens de la famille et des amis étaient invités à venir tester plein de techniques tous ensemble. Elle mettait son matériel à disposition de tous, et des conseils aussi... Linogravure, argile, sculpture sur béton cellulaire, pastel, fusain, sanguines, crayon, acrylique, aquarelle. Une fois ma cousine est venue avec son tour de potier. Une autre mon frère a fait une initiation au logiciel Blender. Une année, ça a été orienté plutôt vers les arts de la scène (je l'ai ratée, j'étais au Vanuatu..).

Bref. Ma mère m'a permis de toucher à plein de choses, l'air de rien. Et en ayant l'impression de ne rien savoir faire,.. ben j'ai fait des trucs. J'ai peint un peu. Dessiné beaucoup. Eu une grosse période "pastels à l'huile", et une plus brève "pastels secs". Et puis, plus rien pendant longtemps. Il peut se passer des années sans que je prenne un pinceau ou un crayon, réellement.

Il y a quelques mois, j'ai bloqué sur une photo de mon fils, et gribouillé un portrait sur un bout de feuille de brouillon. Et la bouille du gosse est sortie vraiment bien, et j'ai eu un petit moment de satisfaction intense. Mais je n'ai pas repris.

Etourneau, avr. 2021

Et puis, depuis la rentrée, ma fille s'est mise à dessiner beaucoup. Parfois une quinzaine de dessins par jour. Et à se plaindre de ce qu'elle faisait. Alors je lui ai donné un ou deux conseils. Son oncle est passé un soir et a passé un moment avec elle aussi à lui montrer comment rectifier certains trucs. J'ai trouvé ça trop chouette de la voir d'un coup progresser.

La semaine dernière, j'ai fait un saut chez mes parents, et j'ai feuilleté mes vieux cartons à dessins. Y avait des trucs pas mal. J'ai pris quelques photos à l'arrache. Mais surtout, ça m'a donné envie de reprendre pour de vrai.

Alors à notre retour, le Moineau et moi, on s'est installées ensemble pour dessiner. On a décidé de dessiner les mêmes choses. Un petit moulin en faïence que j'ai dans mon bureau. Et une façade d'immeuble inventée. Les siens étaient tous dynamiques, avec plein de détails. Et aujourd'hui, elle a dessiné des super-héroïnes avec son père. J'ai regardé ses dessins, et d'un coup je me suis dit: "Mais là, en fait, on sort de cette période où on la regardait passer tranquillement les différentes étapes du développement enfantin, les types de bonshommes, tout ça. On arrive au moment où ma fille développe un truc à elle. Où elle se fait la main et l’œil. Où ses dessins me rendent heureuse, pas parce que c'est des dessins de grande, mais parce qu'elle prend sa façon à elle de dessiner."

Supergirl, par le Moineau, nov. 2021

Et en arrière-plan, cette émotion un peu floue, mais assez intense en fait, en pensant que je pourrais, peut-être, si elle a envie, lui transmettre des choses dans ce domaine. Ça a l'air de rien, ça, hein. Mais en fait, c'est énorme. Et ça me prend complètement par surprise. Et c'est trop bien.