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dimanche 24 octobre 2021

Les gens

Dans le corpus d'idées moches ou pas fun, et en tout cas fausses, que je me suis longtemps trimballées à propos de moi-même, il y avait notamment "j'aime pas les gens".

Je disais il y a quelques jours à l'un d'entre vous que, la plupart de mes relations amicales étant entretenues par le biais d'internet, je n'avais pas tant souffert que ça, socialement, des deux dernières années. Certaines de mes connaissances ont failli crever de solitude, je le sais. Et ce n'était pas mon cas.

Cela dit, je dois bien reconnaître ces derniers temps, à plein d'indices, et notamment à mon avidité à l'idée de rencontrer IRL des gens connus sur les réseaux sociaux, que ça m'a manqué.

Les gens.

mercredi 10 juin 2020

Dur

Il y a encore une dizaine de jours, je me disais que je vivais nettement mieux la situation "COVID" que d'autres, que j'avais de la chance. Le confinement avait été un peu compliqué côté boulot, et y avait eu une période dure avec le Moineau, mais bon an mal an, on s'était arrangés pour faire tourner la baraque, avec une organisation un peu militaire de l'emploi du temps, heure par heure. J'y trouvais mon compte, repliée dans mon intimité familiale, avec mon amoureux et mes enfants, mes fleurs et mes plants de tomates.

Depuis dix jours, on souffre. On est débordés. La maison part en cacahuète. Deux chiottes qui fuient, deux points d'eau qui se bouchent. Le bordel qui s'accumule et que je n'arrive plus à résorber. Le bébé qui se déplace de mieux en mieux et porte tout à la bouche, qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu. La montagne de linge. La copro dont on est syndics et qu'on arrive pas à suivre (il faudrait organiser une AG, on arrive pas à s'y mettre, ni même à faire l'appel de fonds annuel.). La maison crade. Rester à peu près propres tous les 4. Je parle même pas du jardin. Mon beau-frère agent immobilier s'est ramené avec une super baraque trop chère pour nous qu'il voudrait qu'on achète, alors qu'on avait prévu de ne changer de maison que dans un an. Ça nous a fait rêver, un peu, mais outre la question de l'argent, juste l'énergie qu'il faudrait pour bousculer nos plans, pour rendre la maison présentable et vendable, ça me paraît insurmontable.

Les nuits sont mauvaises, aussi, ça n'aide pas.

J'arrive à bosser, à peu près. Mais il n'y a aucun répit possible avant, je pense, la fin juin, ou la première semaine de juillet. Il faut finir un article, reprendre les emplois du temps, s'occuper des rattrapages, faire une synthèse de ce qui a posé problème aux uns et aux autres pour préparer la rentrer. Préparer des cours en mode hybrides aussi. Et puis des réunions. Un colloque auquel je voudrais assister (en visio), ça me ferait vraiment plaisir, mais ça prend du temps, je ne sais pas si je vais pouvoir.

Il y a deux jours, on a appris que la maîtresse du Moineau venait d'être mise en arrêt maladie, jusqu'à la fin de l'année. Le message était très court, assez impersonnel, ne lui ressemblait pas. Ça pue le burn-out, bien plus que le covid. Je suis inquiète pour elle, et désolée pour nous, parce que ça fait un soutien psychologique de moins. Il va falloir trouver seuls de quoi faire bosser la gamine. J'avais plein d'idées, il y a quelques semaines, quand j'étais encore capable de faire fonctionner mon cerveau. Là: ça me paraît horriblement compliqué, d'un coup.

Nawimba est patraque depuis quelques jours. Très fatigué, plus que moi encore. Il a fini par consulter, et bien sûr, avec une sinusite, des céphalées, un léger essoufflement, des vertiges, il a été mis en quarantaine, et doit aller faire un test PCR. Ce qui veut dire, si jamais il ne parvient pas à faire le test, ou que le test est positif, qu'on repart pour une deuxième période de confinement strict (on a déjà eu le même truc en mars, 14 jours sans sortir du tout). Que ça va être compliqué pour moi d'aller chercher le bouquin dont j'ai besoin à mon labo (à 1h15 en transports en commun de chez moi). Que si j'y vais, je vais devoir le laisser seul avec les enfants, alors qu'il a la tête qui tourne la moitié du temps. Qu'il est impossible de demander de l'aide à mes beaux-parents, qui ne demanderaient pourtant pas mieux que de venir s'occuper des enfants.

J'aurais besoin d'une pause. De dormir. D'avoir un peu moins mes enfants cramponnés aux basques. Que quelqu'un d'autre que nous s'occupe de la bouffe, du ménage, de la lessive, du jardin, de nos boulots. Que le concours de Nawimba soit derrière lui, et pas dans 4 semaines. Et tout ça est inatteignable pour le moment.

Je vais répéter ce que je disais tout à l'heure à quelqu'une qui passera peut-être par ici: En plus des grandes tragédies personnelles et économiques, y a beaucoup, beaucoup, de "petites violences" qui s'accumulent, là (pas que chez moi, hein. Dans mon entourage, y en a des conversations pleines).

C'est dur.

lundi 27 avril 2020

Peur(s)

  • J'ai peur que la colère ne déborde, et de taper sur ma fille.
  • J'ai peur de la renvoyer à l'école, et (un peu moins) peur de ne pas la renvoyer à l'école avant septembre.
  • J'ai peur de ne pas arriver à bosser suffisamment pour cette série de conférences que je suis censée faire en août. Et j'ai peur que ces conférences ne soient pas annulées.
  • J'ai peur d'être très angoissée par l'idée de sortir, même quand ce sera redevenu moins risqué
  • J'ai peur d'être reconfinée en été, qu'on soit coincés chez nous pendant les canicules, alors que la chambre des enfants est montée à 38 degrés l'an dernier.
  • J'ai peur de ne pas voir ma famille et mon neveu tout neuf (mon neuf-veu) avant des siècles.
  • J'ai peur que le Moineau ne puisse faire de fête d'anniversaire ni avec ses copains, ni avec ses grands-parents, alors qu'elle fantasme ces deux évènements depuis des mois.
  • J'ai peur d'être reconfinée à l'automne ou en hiver , dans la grisaille et la froidure, de ne pas pouvoir sortir de la maison trop sombre à cause du froid
  • J'ai peur pour mon père, agé, et pour ma sœur, qui sort d'une saleté de maladie qui l'a laissée épuisée.
  • J'ai peur pour mon département, très durement touché.
  • J'ai peur de tuer des gens si je sors.
  • J'ai peur de la crise économique qu'on va se taper dans les années qui viennent.
  • J'ai peur des répercussions politiques qui s'ensuivront.

Pas folichon, tout ça.

Edité le lendemain matin: les écoles ne rouvriront apparemment pas avant septembre dans ma ville, et ma série de conférences du mois d'août est reportée à l'an prochain. Déjà un peu moins d'incertitude, quelques heures après avoir posté cette note.